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En fin de compte, nous aurons roulé quelque treize heures dans ces wagons des années 1930 tirés par une locomotive qui tangue. Fenêtres et portes ouvertes, dans des fauteuils massifs mal arrimés au plancher (upper class), nous sautons comme des poupées sur ressort. Roues, moteur, sifflements et rythme des traverses, le vacarme est assourdissant. Sur le côté des voies, des maisons familiales où jouent des enfants, leur parents occupés à sécher leur récolte, dans la coursive des dizaines de paysannes et d’adolescents montés en s’accrochant au convoi: ils vendent à la criée des nouilles au gingembre, du pain de crevette et des noix, de la mangue verte, des œufs de perdreau, du curry… l’énumération serait longue. Dans l’après-midi, Aplo achète deux riz et des épis de maïs. Tandis que nous mangeons, une bande de souris nettoie les déchets sous nos pieds. Parti de Naypyidaw comme nous, un moine rieur. Après quatre cent kilomètres, au soleil déclinant, il achète deux douzaines de poissons secs. A une heure du matin, au milieu des feux de poubelle que des vagabonds allument pour se réchauffer, nous entrons dans Rangoun.
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Myanmar 6
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Surgi des champs, alors que j’entre dans un temple au bouddha assis, un jeune touriste à barbe et monocle désigne la porte que je viens de franchir, “la porte du bien, il faut d’avancer et reculer… deux fois”, puis comme j’assène un coup sur la cloche des prières, “maintenant, tu t’agenouilles, tu dis ta prière, tu te relèves et tu recommences… trois fois”. Je le regarde incrédule. Et poursuis en direction de la niche.
-Le bouddha assis. En verre et en or. Bonne journée!
Il recule, disparaît. Une moto démarre derrière le bananier.
Myanmar 3
Retour en camionnette à Mandalay. Routes à piste unique par dessus les collines pour quitter Katha et rejoindre la plaine. Ensuite, défilé de villages paysans, de temples bouddhiques et de postes de police. Après huit heures de route, le chauffeur nous dépose au Tiger One où j’emprunte l’argent du réceptionniste pour payer le passage. Nous sortons boire entre la 77ème et la 31ème quand un incendie se déclare dans le centre commercial. Mille badauds questionnent les pompiers montés sur dix camions. A deux heures du matin, le sinistre est sous contrôle, la police boucle le secteur. Au réveil — douze heures d’un sommeil comateux — nous faisons la lessive dans la baignoire de l’hôtel. J’attends maintenant un guide du gouvernement que j’ai loué pour une heure de conversation: il a reçu tantôt mes questions sur Naypyidaw, la capitale militaire.
Myanmar 2
Levé à quatre heures pour se rendre sur les berges de l’Irrawady. Rues noires, chiens errants, cuisinières endormies dans des chaises longues, des chauffeurs, un porc. Les moines mendiants ne sont pas encore sorti pour la quête quotidienne. Nous roulons à travers un terrain de foot, puis un temple, débouchons devant une casemate. Le toit est en feuilles de bananier, il n’y a ni porte ni fenêtres. Une vache à bosse s’enfuit. Autour d’un feu, deux adolescents en longyi. Shwe empoigne nos bagages (il est le seul conducteur de tuk-tuk à avoir accepté de faire cette course au milieu de la nuit), emprunte un sentier. Le limon glisse sous nos pieds. Amarré dans l’eau tranquille un gros bateau. Je fais remarquer à Aplo que nous serons moins à l’étroit que la veille. Il me dit que je confonds, il s’agit de l’embarcadère. Mai alors où est notre bateau? Shwe récupère une planche et aborde l’embarcation d’un pêchcur. Il appelle. A l’étage, un homme se réveille. Les Birmans parlent.Shwe fait des gestes. “Oui”, “non”, “pas”. Retour à l’hôtel Katha. Le veilleur de nuit, un gosse, appelle la capitainerie à Mandalay.
-Aujourd’hui, le bateau est annulé. Demain aussi. Peut-être mercredi.
Il rouvre la chambre, nous nous mettons au lit.