Montés dans un camion de proximité à quatre heures, puis de la gare routière, dans un bus blanc. Dès que le moteur est démarré, l’assistant du chauffeur prend place sur le marchepied. Penché sur la route, il crie : « Naypido, Naypido, Naypidooo ! ». Lorsque qu’un poids-lourd arrive en sens contraire, il indique l’écart nécessaire à son chauffeur en montrant un doigt pour chaque dizaine de centimètres. Lorsqu’un piéton campé sur le bord de la route hèle notre bus, il le signale au chauffeur qui plante sur les freins. Le client monte. S’il est chargé, l’assistant porte et range. Le bus fait aussi poste. Des paysans apportent des sacs de graine, des bidons d’huile, des caisses. L’assistant met où il peut, on repart. A huit heures, à la hauteur d’un hameau, tous les sièges sont occupés, le couloir se remplit : ce sont écoliers, cartables au dos, qui vont à l’école. Ils descendent deux kilomètres plus loin. Et l’assistant, caché derrière la porte à vantail dont il se sert comme d’un bouclier fixe la route et soudain se penche, le bras tendu, un doigt indiquant la direction :
-Naypidooo ! Naypido, Naypido, !