Quel spectacle de l’invisible ces vaches aériennes d’Agrabuey! L’écho des cloches traverse les nuages et vole au-dessus des toits mais quand l’on met la main en visière on ne trouve pour corps de preuves que des taches grises qui se meuvent sous le ciel avec la légèreté du pollen.
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La naissance est une déconcentration de l’énergie, à l’inverse la mort est une concentration. De ce point de vue, la fable de la transmigration des âmes est peut-être plus qu’une fable, une recréation hors du corps. Que ce soit dans un espace-temps qui admet les corps subtils (impondérables) ou sans espace ni temps.
H+
L’hyperindividualisme est une hallucination. Cela consiste à projeter un corps voulu à partir d’un cerveau-esprit qui se croit autonome à l’instar de ces commissaires en marxisme qui pensaient pourvoir projeter l’homme nouveau à partir des thèses du maître. Tout constructivisme social est une hallucination et conduit fatalement au déni — puis à la négation active — du réel.
H+
La troisième révolution industrielle, celle de l’informatique, aura permis d’achever le déport de la force de l’homme vers la machine en centralisant les commandes de contrôle des machines lourdes dans une machine légère, l’ordinateur. Désormais nous sommes entourés de prothèses mécaniques, certaines nanométriques (puces), d’autres gigantesques (usines). A l’occasion de la révolution prochaine, celle de l’autonomisation complète du parc des machines, il se pourrait que la lutte nécessaire, la lutte pour la survie de l’homme au milieu des machines, nous oblige à rapatrier la force dans les corps de chair et de sang.
Subtilité
La subtilité est l’art de dire que ceci est ainsi, et en même temps n’est pas ainsi. Non pour en faire accroire ou tricher, mais par esprit d’analyse et probité intellectuelle. Peut-être parce que cela demande de la lenteur et de la concentration, ou encore parce que cela agace ou provoque, l’art de la subtilité se perd. Il faut trancher, et pour trancher dire: ceci est “ceci”, cela “n’est pas cela”. Mais alors le débat devient le combat, mais alors la vérité devient l’arbitraire.
Violence
La violence du fou n’est pas la violence du révolté qui n’est pas la violence du violent. Le fou se déchaîne parce qu’il se pense enchaîné. Le révolté se bat parce qu’il est opprimé. Le violent, lui, prémédite ses actes et opère par calcul. Il est le facteur de violence quand le fou et le révolté en sont les effets.
Rythme
Journées courtes, longues nuits, pour une répartition des heures équitable: douze heures de sommeil, douze d’activité. Rien à voir toutefois avec une fabrique de santé, puisque nous allons en chambre vers 2h00 le matin et rallumons le feu quand les voisins dînent sous un ciel déjà sombre. Pour moi, je ne me souviens pas d’avoir autant dormi. Est-ce que cela favorise l’activité intellectuelle? Non. Sportive? Non. Mais le corps délie ses nerfs, il se calme. Problème — il en faut un: l’envie vous vient de se débarrasser à jamais des contraintes de l’heure légale quand c’est en fait une partie des bénéfices de la lumière naturelle qui est perdue.