Travaillé à demi-nu dans la rivière avec barres à mine et râteaux. L’orage de septembre à drossé des arbres, la pierraille a bouché les conduits sous-pont. L’hiver, la neige coulée a rendu le passage à gué inutilisable. Deux fois vingt jours, Evola était bloqué. Il est dans l’eau, l’écume sur la nuque, à sertir. En amont, la gueule contre la parapet, je pousse. Fin d’après-midi nous avons un pin déchiqueté, de la petite branche, des pierres et des gravats. Quant à savoir si le débit plonge désormais en partie sous la masse de mortier, nous spéculons. Autour des nuages d’aspiration j’établis des barrages. En apesanteur, les poissons-doigts me fixent.
Progrès
Chaque porte de chaque pièce ouvre sur une autre pièce munie de portes qui ouvrent sur d’autres pièces. Le progrès est une solution. Ce n’est pas la bonne solution. Lorsqu’on a ouvert des dizaines de portes, l’on s’aperçoit que si les pièces ne sont pas toutes identiques elles sont toutes les mêmes. La solution est de renoncer à ouvrir les portes, de s’installer dans une pièce et bien qu’elle soit vide, d’explorer son contenu.
Futur simple
Après avoir corrigé pendant des heures mes paragraphes sur le raisonnement analogique chez les Cybernéticiens, je suis sorti me promener dans le dernier soleil. Près de la rivière Mili mettait ses moutons à l’enclos. Je suis remonté par la route. Les premières hirondelles planaient bas. Arrivé devant le cimetière de l’église, j’ai pensé : je serai là. Tourné vers la plaque de rue qui gravie la montagne, face aux tombes, j’ai lu. Si je me relève, je me souviendrai du nom, j’irai dans la bonne direction. Maintenant que je prends cette note, j’ai oublié le nom de la rue.