A un chauffeur-livreur qui se tenait au carrefour de l’avenue Thingaha, nous avons loué sa moto chinoise : à l’avant, quatre vitesses progressives, à l’arrière quatre vitesses dégressives. Les casques en plastique sont munis de pare-brise dans le style agents du feu. Avec cet équipage, nous roulons en direction des fontaines géantes aux tulipes de plâtre qui décorent les croisements du centre de Naypyidaw, puis installons la caméra au scotch sur l’avant du carénage de la moto avant d’entrer dans la zone militaire, autour du parlement. Bientôt seuls, ou à peu-près (une voiture à l’horizon, un piéton sous les palmiers cubains), je conduis au milieu des vingt pistes sur plusieurs kilomètres. Sur le côté, porte monumentale, gradins de parade, postes de guet. Puis l’enceinte noir et or du parlement, clos de l’extérieur, plus vaste que Lausanne, et désert. Nous ressortons par l’autre bout. Le militaire de faction s’incline. Nous contournons deux stades. Les portails sont fermés par de gros cadenas. Derrière une colline en pente douce, une « zone » d’habitation populaire : cinquante locatifs à l’identique.