Atterri à huit heures à Myeik, sur la mer d’Andaman. De l’aéroport, nous traversons la ville à pied. C’est l’heure de la rentée des classes. Aux abords des écoles — bâtiments ouverts avec ses classes en galerie — mille potaches en uniformes peignés à l’eau. Un vendeur de crêpes attire tous les regards. Silencieux, les enfants attendent leur tour. Ce sont les seuls à ne pas se laisser distraire. Les autres nous fixent, à la fois effrayés et curieux. Lorsque nous apercevons un atelier mécanique ou une station d’essence (quelques bouteilles de 2 temps posées sur un carton), nous demandons à louer une moto, mais ici, on ne parle pas l’anglais. « Hello » est le seul mot connu. J’essaie de traduire sur mon téléphone. Le résultat n’est pas meilleur. Nous atteignons le port. Envasé, jonché d’ordures, puant, il est digne de l’Inde profonde. En retrait, un joli marché couvert aux stands de vieux teck. Dans les boutiques, assises au milieu des casseroles, longyi, mandarines, marteaux et sacs de toile, les vendeuses, en tailleur, impassibles. J’achète un sac de billes pour deux francs. Ce que je vais en faire ? Jouer au pot, dis-je à Aplo (De fait, j’ai joué aux « canicas », mot espagnol pour « billes », presque chaque jour, quatre ans d’affilée, à Madrid, autour de 1977).