Myanmar 13

Dans l’archipel des Mer­gui avec seize Chi­nois, mem­bres de la même famille. L’aînée va sur les qua­tre-vingts ans, le puîné tient à peine debout. Entre les deux, surtout des jeunes filles nubiles. Tous les quarts d’heure elles se changent. Dès qu’il a quit­té la forêt de man­groves à laque­lle est adossé un Boud­dha (« C’est une fille, me répète Aplo ») couché de 250 mètres, le hors-bord vole plus qu’il ne nav­igue. Quand il ralen­tit, les Chi­nois­es se pren­nent en pho­togra­phie. Les pos­es rap­pel­lent les cat­a­logues de coif­fure et la télévi­sion. Elles sont char­mantes et fines. D’une extrême gen­til­lesse. L’incommunication est totale. Je les prends en pho­to. Elles nous invi­tent au milieu du groupe, jouis­sant déjà de l’impression qu’elles fer­ont auprès de leurs copines de Taipeh (je le sais par la déc­la­ra­tion de police, qui exige la prove­nance des vis­i­teurs) quand elles mon­treront les « touristes blancs ». Le bateau zigzague entre des forêts ron­des émergées de l’eau. Dans l’après-midi, nous atteignons une île en forme de dragée. Une côte est cou­verte de galets. Les formes sont éton­nantes de rigueur géométrique. En les faisant sauter dans la paume de la main, on imag­ine le tra­vail des siè­cles. Je ramasse des pièces ovales et ron­des. Galets gris, noirs, par­fois d’un roux translu­cide. Un sen­tier con­duit à l’autre ver­sant de l’île. Sable étince­lant, eau trans­par­ente. Beau­coup mieux que les cartes postales trafiquées par les marchands de bon­heur. Et plan­té comme une épine dor­sale tombée du ciel, au milieu de la plage, une rocher noir troué à sa base. On passe par-dessous, à tra­vers une porte naturelle, pur gag­n­er uen sec­onde éten­due de sable, tout aus­si lumineuse.