Myanmar 9

En fin de compte, nous aurons roulé quelque treize heures dans ces wag­ons des années 1930 tirés par une loco­mo­tive qui tangue. Fenêtres et portes ouvertes, dans des fau­teuils mas­sifs mal arrimés au planch­er (upper class), nous sau­tons comme des poupées sur ressort. Roues, moteur, sif­fle­ments et rythme des tra­vers­es, le vacarme est assour­dis­sant. Sur le côté des voies, des maisons famil­iales où jouent des enfants, leur par­ents occupés à séch­er leur récolte, dans la cour­sive des dizaines de paysannes et d’ado­les­cents mon­tés en s’ac­crochant au con­voi: ils vendent à la criée des nouilles au gin­gem­bre, du pain de crevette et des noix, de la mangue verte, des œufs de per­dreau, du cur­ry… l’énuméra­tion serait longue. Dans l’après-midi, Aplo achète deux riz et des épis de maïs. Tan­dis que nous man­geons, une bande de souris net­toie les déchets sous nos pieds. Par­ti de Naypyi­daw comme nous, un moine rieur. Après qua­tre cent kilo­mètres, au soleil décli­nant, il achète deux douzaines de pois­sons secs. A une heure du matin, au milieu des feux de poubelle que des vagabonds allu­ment pour se réchauf­fer, nous entrons dans Rangoun.