Au journal du soir (source: le gouvernement de France): “Un enseignant français qui avait montré les caricatures de Mahomet à ses élèves a été décapité vendredi près de Paris []” .
Mois : octobre 2020
Illégitimes
Les personnes simples finiront par tricher pour l’argent. Agir contre le travail, renoncer au bons sens. Elles se mettront en danger. Ainsi, la maffia gouvernementale aura créé une arme dernière, la résistance nécessaire donc médiocre qui permet de justifier à bon escient la défense par la violence des intérêts de groupe.
Escale
Dans l’arrière-boutique, à Lausanne, regardant défiler à travers la vitre les habitants de Grancy. Sans intention de sortir, sortant le minimum. Même le pain, que je garde une fois sec afin de n’avoir pas à me rendre à la boulangerie. Réfléchissant à ce que je vais faire. Retourner à Agrabuey? Mais l’Aragon est à nouveau menacée de l’Etat d’urgence, quant à l’obligation de porter les masques dans la rue, elle n’a pas été levée. En même temps, je fais le compte des billets d ‘avion et des nuitées d’hôtel achetés et perdus. Pula-Berlin, Genève-Naples, Berlin-Naples, Naples-Genève… Anecdote: en route pour la Slovénie, je tente de me faire rembourser la chambre réservée à Prenzlauerberg. Réponse de l’établissement: “impossible, la chambre est annulée sans remboursement”. Par retour de message, afin d’éviter que la chambre soit relouée, je fais savoir que dans ce cas je viendrai tout de même et serai devant la porte de l’hôtel à 20h00, puis j’oublie l’affaire. Dix minutes après l’heure dite, mon téléphone sonne. Je suis à bord du bus Pula-Milan, il est pris dans cet accident dont l’ai parlé, à quelques kilomètres de l’entrée de la ville. Le réceptionniste, aimable: “monsieur Friederich, si vous voulez, je peux vous laisser la clef dans la boîte à lettres… Vous êtes encore loin?”. ‑Non, non, j’arrive!
Lampugnano
Exemplaires chauffeurs de bus Croates. Les arrêts en gare sont maîtrisés, les passages de frontière rapides, l’horaire est tenu. Au moins jusqu’à la tombée de la nuit, moment de la plus grande fatigue. Nous entamons en effet notre onzième heure de route, lorsqu’un accident se produit. Les gyrophares tournent, la police pose des chicanes, les ambulances évacuent. Le trafic est congestionné. A bord du bus, les passagers se démanchent le cou. Chacun veut jeter une œil à la scène, voir, comprendre. Nous avançons au pas quand survient un restoroute. Alors, les automobilistes rusent, prennent la parallèle, remonte la file, coupent la voie qu’emprunte notre Croate. Les passagers font bloc avec la chauffeur, se poussent contre les vitres, consultent leur montre, serrent les dents au passage des tricheurs. Boire une bière me ferait du bien, mais surtout j’espère dîner. Or il est plus de vingt-et-une heures. Enfin, nous reprenons de la vitesse. Débarqué à Milan-Lampugnano, dans le quartier de la Foire, j’hésite entre partir à pied (j’ai tracé un plan sur un morceau de papier) ou prendre le métro. Malgré un démarrage difficile — je ne trouve pas la ligne — je n’aurai pas à regretter mon choix: il me faudra vingt minutes et deux changements de station pour aboutir. Et puis l’ambiance de cette soirée de samedi est étonnante. Je gagne les voies, il n’y a personne. Routes de néons, machines bourdonnantes, publicités qui tournent dans les caissons. Deux volées d’escalier m’amènent sur le quai où je retrouve l’un des passagers du bus. Soudain, la rame. Pleine de Mexicains. La première impression peut tromper, mais non, je confirme: on croirait une fin d’après-midi sur la ligne de Chapultepec, quand les familles retournent en banlieue. En face de moi un père, sa femme, leurs deux filles. Personnages de Botero habillés pour une première communion. Leurs têtes rondes ressemblent à ces pommes glacées au sucre que vendent les kiosque de Mexico les jours de fêtes. A Lotto, changement de ligne. Cette fois, la rame est remplie d’adolescents qui gagnent les discothèques. Un véritable essaim. A Portella, je suis seul à descendre. Ou plutôt, monter, car pour émerger, il faut enchaîner rampes d’escaliers et couloirs et franchir plusieurs niveaux. En surface, une nuit profonde. Les édifices de bureaux, habituellement éclairés, sont éteints. Je m’efforce de lire les plaque de rues quand je remarque, une enseigne géante sur le toit d’un bâtiment: “mini-palace” — c’est mon hôtel. Devant la réceptionniste, je ne prononce que deux mots: “bebere”, “mangiare”. Et un troisième quand elle indique la direction à prendre pour trouver la trattoria, “merci”. Avenues sombres flanquées d’immeubles bourgeois, les rares magasins ont tiré leurs rideaux de fer. Au milieu du trottoir, clignote une trottinette connectée. Le garçon qui m’introduit dans la salle à manger me fait passer devant un étal de poissons. Sur le lit de glace, une pieuvre, un brochet, des coques, des langoustines. Près du comptoir, trois ou autre serveurs. Je compte les tables: il y en a trente-deux. “Où sont les gens”, fais-je. “Ils ont peur”, me dit le garçon Et jetant une regard dans la rue déserte: “vous serez seul ce soir”.
Description
Après le plaisir quotidien ressenti à côtoyer les Croates, retour dans la poubelle occidentale. Bus du meilleur confort. Une merveille de technologie. La distance à parcourir est importante, le prix modique. Je m’en félicite, mais souhaiterais féliciter la compagnie (par voie de sondage, occasion m’en sera donnée à l’arrivée). Le chauffeur, un excellent Serbe, trace. Il parcourt onze heures d’affilée ce que les périphéries de nos pays postmodernes en ruines, systèmes de ponts et d’échangeurs, de hangars et de tunnels, de nourriture distribuée sur autoroute (Autogrill), de meubles vendus en kit (Ikea), de sommeil industriel tarifé (Merkur) cachent au naïf et dit de l’orientation de l’intérêt — la mise au rebut du savoir-vivre. Pardon, encore de la littérature: l’autodestruction de la vie. Aux alentours des gares de Brescia, Padoue, Milan, des Noirs et des Pakistanais, des Marocains et des Roms, population interlope, crasseuse, parasitaire, groupe de zombies divaguant dans le labyrinthe. Les imbéciles (les lâches?) me disent: ” tu exagères!”.
Tribulations 3
Vélo, sacoches, carton, portés en trois fois, de la chambre au bureau de poste. Les filles des guichets s’amusent. Moi, un peu moins. Car me voici devant le matériel, prêt à mettre en carton, quand je m’aperçois que je n’ai pas l’outil pour démonter les pédales. « Déposez tout là ! », disent les aimables postières et vélo à la main, je retourne chez le marchand de cycle (installé au fond d’une cour intérieure, à deux pas de ma chambre !) pour qu’il dévisse. Quand mon carton est enfin présentable, les filles se mettent à trois pour le hisser sur le pèse-lettres. Vélo et matériel, je traînais 32 kilos.
Tribulations 2
La patronne de la succursale de poste ne dit pas non, mais elle me prévient : elle renverra mon vélo en Espagne, mais il doit être parfaitement emballé. Deux heures à tourner dans Pula pour trouver un marchand de cycle. J’ai une adresse. Je m’y rends : l’arcade est vide. L’office du tourisme donne une autre adresse. Introuvable. Je me renseigne auprès de la boulangère du quartier et du guide chargé du Colisée, questionne une couturière, un garçon de café : tous croient savoir que c’est bien dans une de ces rues… Bientôt, j’atteins le bout de la ville et sa gare routière. De là, un Flixbus par pour Milan. Je prends un billet pour le lendemain. Alors, je me souviens que je n’ai pas encore trouvé de marchand de cycle, que sans carton la poste ne prendra pas mon vélo et que le bus ne charge pas les vélos.