Difficulté à penser ce jour notre situation humaine. Du point de vue des principes historiques, intellectuels, moraux, doxologiques et historiques, c’est-à-dire nôtres, elle est vacillante et facteur notoire de dommages. Le monde semble juger nécessaire et appeler de ses vœux des principes neufs portés par le pouvoir. Or, hier encore, celui-ci était houspillé. Autant de principes potentiellement discutables et, au motif de l’urgence thérapeutique, non discutés; à quels principes répond cette urgence de poser, en phase de réaction, des principes nouveaux ? Face à l’inconnu qui commande à la situation, je crois qu’il ne peut y avoir d’action possible que sur la foi de principes autonomes — les vôtres, les miens, bref ceux des personnes qui prolongent au défi de la solitude leur réflexions. Faute de principes émoulus de ce travail mental, les humains forment le rang, s’ébranlent, obéissent, se soumettent. D’où cette partition affolante, religieuse, de la société en camps. Selon la méthode dialectique, communiste ou anglo-saxonne, pour un meilleur contrôle, deux — deux camps. Nul doute que les animateurs des mouvements de masse ne nous souhaitent irréconciliables. Dans quel cas, la guerre est bien le principe supérieur qui informera et viendra à bout de la situation.
Mois : octobre 2020
Profanation
Démolition méthodique de la société espagnole par le gouvernement socialo-communiste de la Moncloa. Au nom de la lutte sanitaire, la culture des gestes familiers, amicaux, festifs est liquidée avec menace de répression, tandis qu’est réactivé le fond indigeste secrété par les idéologies antagoniques qui a mené en son temps le pays à la guerre civile. L’Homme nouveau du programme constructiviste, spectre imaginé par Marx, prend corps dans une société qui plus qu’une autre, en raison de son allégresse, de sa simplicité, de son réalisme, aurait dû y échapper.
Brig
Promenade par les rues de Tafers en attendant le train qui amène Gala quand se produit sur l’unique giratoire un accident. A distance — nous cheminons sur le ruban de bitume souple qui traverse le quartier des locatifs — on ne voit qu’une moto couchée. Un homme se relève, époussette ses habits, considère son engin. Dix minutes plus tard, repassant par le même rond-point, un élève policier fait la circulation, deux voitures de patrouille bloquent les accès, un camion de pompier exhibe son matériel: plus loin, des cantonniers répandent du sable sur la chaussée. Luv compte le personnel. Douze hommes, deux femmes. Déboule l’ambulance. Une civière est dépliée. Le monsieur qui a chaviré avec son scooter s’allonge. Comme s’il assistait à un événement extérieur, il noue ses mains sur sa poitrine et observe le travail des secours. L’infirmier le ceinture, les ambulanciers le rangent dans le coffre de l’ambulance. “Si c’était un exercice”, suggère Luv. “Au centre de la ville?”. Non. Cela est réel.
Goms 3
Retrouvé le col de la Furka que j’ai franchi à vélo le 14 septembre. La neige voltige, il fait deux degrés. Sur la descente, je gare la voiture devant cette “grotte bleue” dont j’ai parlé dans Trois divagations sur le Mont Arto (ce que j’en disais, je l’ai oublié, mais je n’ai pas oublié ma déception). Nous grimpons jusqu’au kiosque, là où se trouve le tourniquet qui barre l’accès au glacier. Je passe par le côté, le terrain est libre. Luv me suit. L’employé nous rattrape: “pour regarder, il faut payer”.
Goms
Installés avec Luv dans la vallée de Conches. Pleine de bonne volonté, la propriétaire du chalet donne en suisse-allemand des conseils d’excursions, de forfaits, de cartes journalières. Je viens d’arriver, je comprends ce que je peux. Le lendemain, cherchant les prix et les horaires du passage de la Furka, j’essaie de faire la différence entre le train à vapeur, le train diesel, le train à voitures et le train. En gare d’Oberwald, des machines. Nous montons à bord du régional pour Andermatt. Il entre dans un tunnel. En ressort quinze kilomètres plus loin. Quand vient la contrôleur, je lui dis mon erreur: “oh, mais le train d’altitude, c’est fini!”. De retour au chalet, le propriétaire nous apporte des bons pour une valeur de Fr.100.- Offerts par la commune, ils valent remerciement, pour vous, qui êtes ici, quelques jours durant, dans la vallée de Conches.
Réunion
Dans la Glâne, pour l’anniversaire de Mamère, septante-huit ans; cadeau demandé, le travail à la ferme. Les enfants plantent des géraniums, coupent la vigne, ramassent les feuilles, le cognassier donne plus de cent kilos de fruits durs que Monfrère apporte à la presse, je récolte les pommes, les balance dans des caisses qui , selon la variété, seront croquées, serviront à faire du jus ou des gâteaux, et j’habille les plantes en pots pour l’hiver. Le paysan vient saluer alors que je range le bois. Il a attrapé le virus, de même que sa femme, sa mère qui a 103 ans et sa fille: pas d’hospitalisation, tout el monde va bien. Plus tard, au-dessus du lac, dans le chalet, près du poêle, soirée à écouter du rock et à discuter avec Aplo (il spécule, je donne mon avis) de projets d’affaires.
Tolérance 2
Effet recherché (outre l’évidente mise au service des basse tâches de production) de l’importation massive par nos gouvernements d’Occident, sous la dictée idéologique des instances supranationales, de criminels prélevés sur les stocks du tiers-monde. Tâche confiée: semer la chaos. Travail à long terme: violenter le peuple natif lorsque, poussé aux affres, il comprendra qu’il doit s’attaquer aux usurpateurs qui occupent le pouvoir.