Mois : juillet 2020

Ailleurs

L’el­do­ra­do est ailleurs, il est ailleurs il est donc l’el­do­ra­do, ce qu’il cesse d’être une fois atteint puisque notre psy­cholo­gie, ou encore notre sim­ple présence forge le lieu, l’ap­pareille, ce que les scriptes, géni­aux com­pi­la­teurs des réc­its religieux du chris­tian­isme ont bien perçu en créant à l’i­den­tique de notre monde un monde sec­ondaire, lieu de développe­ment infi­ni du principe de l’eldorado.

Cirque

L’im­bé­cile en chef du can­ton de Vaud, Jon Fer­gu­son — comme l’indiquent ses noms et prénoms un Améri­cain fort d’un améri­can­isme qu’il ne pour­rait faire val­oir dans son pays — jubile: il est le pre­mier (c’est lui qui par­le) à ouvrir cette com­péti­tion entre écrivains qui livrent devant le peu­ple des notes sur le virus. En vingt-cinq ans, j’ai côtoyé deux fois cet éner­gumène joueur de bas­ket. La pre­mière fois, invité par ma femme, il par­lait de Niet­zsche — avec le tal­ent d’un idiot. La sec­onde, les hasards de la pro­gram­ma­tion au Livre sur les quais, le fes­ti­val lit­téraire de Morges, m’ont obligé avant d’in­ter­venir moi-même à écouter les salades qu’il débal­lait sur Dieu en s’ap­puyant, pré­tendait-il, sur sa lec­ture de la bible. Pau­vre homme, que ne le fait-on taire!

Suisse

N’en déplaise aux nation­al­istes (admis que nation il n’y eut jamais, et c’est tant mieux — je crois dans la démoc­ra­tie), nous devri­ons débap­tis­er la Suisse dès lors que que n’y vivent plus que très peu de Suiss­es et lui don­ner un nom con­forme à la réal­ité du pro­jet, un nom qui dirait l’e­sprit de con­fort, la recherche du lucre, la jouis­sance de con­som­ma­tion, le diver­tisse­ment et le com­merce, nom ayant valeur de nou­veau par­a­digme, déposé auprès d’un quel­conque syn­di­cat de défense des intérêts.

Effort

J’achète des choses que j’e­spère manger, qu’il faudrait manger, sachant que je ne les mangerai pas et pour me con­va­in­cre que je fais bien, je les regarde (des fruits).

Horreur

Quand l’imag­i­na­tion n’ar­rive pas à se fix­er, com­mence l’angoisse.

Horreur 2

Rien de plus effrayant qu’une bête dont les mou­ve­ments sont incompréhensibles.

Autel

Nous avons amé­nagé dans le fond du jardin un petite bib­lio­thèque de béton qui con­tient l’Ethique de Spin­oza et la Cri­tique de Kant afin que chaque matin les pre­miers rayons du soleil dar­d­ent ces oeu­vres en leur autel.

Monde meilleur

Lire et relire ce qui mérite d’être lu et relu, le reste on s’en tape.

Soir

Périple à la course à pied à tra­vers la val­lée d’Arnes sur un chemin semé de cail­loux que domi­nent de vertes pentes peu­plées d’oiseaux. Le pas­sage d’un vivant est si rare que les chiens logés der­rière les clô­tures pour la défense de je ne sais quel tracteur, cochon­ner­ie ou meule de foin, devi­en­nent dingues, se héris­sent, aboient comme des putois. Quoiqu’il y ait peu de soleil, la chaleur est pesante et je vais à petit rythme, plus occupé à retraduire men­tale­ment, pour en dégager la forme pos­si­ble, les pages que je viens d’écrire, à la main, sur un cahi­er vio­let de grande taille, six heures de suite, pour OM.

Chantiers de la démocratie

Les Etats libèrent les crim­inels avant de ren­forcer les polices.