Drôle de propension des surréalistes — propension contradictoire, tentation de remettre de l’ordre après avoir invoqué le désordre — à théoriser. Approche absente des dadas de la première heure, Kurt Schwitters, Hugo Ball ou Tristan Tzara (plus tard rattrapé par le surréalisme) que l’on doit j’imagine à la pression morbide qu’exerce la guerre programmée par les bourgeoisies d’Europe sur ces esprits libertaires. S’il existait encore à grande échelle des vide-greniers, marchés aux puces, “rastros”, déballages, “garage-sale”, brocantes, je constituerais une collection de dessins d’enfants, convaincu que cet imaginaire primitif, loué tant par les dada que par les surréalistes avant que d’être institutionnalisé par Dubuffet et l’art brut offre un fond précieux à la critique de l’histoire des formes, donc des formes des société.
Mois : juillet 2020
Triangle
Promenade dans les hautes forêts de pins. Du chemin de crête la vue plonge sur deux vallées d’un vert sombre. Bas de taille, charnus et proches, les arbres couvrent la moindre parcelle terre. Au fond du défilé, invisibles, les villages, sur la face sud des hameaux de vieille pierre abandonnés. Les deux couples vont avec leurs six enfants et une peintre madrilène. En trois heures, sur la cime, nous rejoignons un réservoir médiéval bâti par les moines qui offre une point de vue sur le tombeau des rois d’Aragon au monastère de San-Juan de la Peña et la chapelle du Graal.