A force d’imprimer de l’argent, ils rachèteront les gens de bonne volonté et même les récalcitrants.
Mois : juillet 2020
Colis
Reçu par envoi postal, sur mon pas de porte, les photocopies commandées en ligne du manuscrit par moi traduit à l’espagnol de “H+. Vers une civilisation 0.0”. Le paysan m’entend sortir de la maison, il appelle: “Alexandre, tu as un truc!”. La femme du maire a réceptionné le colis. Jeudi dernier, elle m’avisait que j’avais près du canal, au bas de son jardin, un autre paquet, celui-ci coûteux, un haut-parleur de studio JBL destiné à amplifier mes concerts d’orgue enregistrés sur vinyle et mon groupe favori Napalm Death. Plus stressés que des piles AAA, désormais les chauffeurs-livreurs chiliens des postes privées d’Aragon et de Navarre jettent les livraisons à la tête des habitants pour tenir les feuilles de route imposées par la multinationale.
Film-vie
Autrefois, l’avenir des sociétés s’écrivait selon l’ordre des actes et de la pensée, chacun donnant un peu de soi; aujourd’hui, des scénaristes fournissent leur copie qui est diffusée et reprise par l’individu égaré, sans foi ni valeurs, chaque jour moins capable d’énergie vivante, lequel choisit un rôle parmi ceux qui sont offerts.
OM 2
Terminé à l’instant OM, récit de l’année 1987 dans le quartier des Bastions en la bonne ville de Genève. Trente-cinq ans après avoir écrit mon premier livre (Mexico-1984), je réussis enfin un bon texte. Deux cent pages d’un cahier chinois au papier épais annoté au Bic en 22 heures — content, très content.
Nantes
France — cette poubelle sociale où les chefs d’orchestre du gouvernement font voler l’ordure au-dessus des têtes : quand dira-t-on enfin que les incendies quotidiens d’églises, sinon encouragés du moins instrumentalisés, sont le fait des énergumènes importés sur le territoire blanc par le pouvoir — notre monde plus libre que le leur — afin de saper la culture démocratique.
OM
Averti hier Gala que je serai incommuniqué pendant quatre jours, ayant décidé d’écrire OM d’une traite. Mais le dire est facile, le faire beaucoup moins, aussi me suis-je retrouvé, à l’heure du réveil, onze heures, après le café, le pain, la relève des articles de presse, à me balader le long de la rivière pieds nus, sollicitant une première phrase dès lors que j’écris ce genre de texte sans idée de ce qu’ils seront ayant tout juste choisi une période aux événements, ici 1986, mon installation rue de l’Université, alors étudiant, quartier de Plainpalais à Genève, déterminations qui ne sauraient produire ainsi énoncées un texte, encore moins une ambiance propre à inspirer un long travail d’écriture. Or, je ne pouvais marcher bien loin sur les berges et d’ailleurs j’avais renoncé à me déplacer avec ma hache (que je jette) comme je fais normalement car circulent ces jours, dans les parages d’Agrabuey, sur commande des commissaires du peuple socialo-communistes trônant à Madrid, des équipées de militaires et gardes ruraux qui flanquent des amendes aux récalcitrants, ces hommes et femmes qui dédaignent le port du masque, à nouveau, depuis jeudi dernier, obligatoire. Donc, j’écourtais ma promenade, mais heureusement, installé devant la table rustique, un vaste cahier chinois (A3) violet déposé devant moi, avec à disposition trois Bics noirs, j’écrivis quatre heures de suite, avant d’aller aux pâtes sauce tomate et sans rien perdre du rythme revenir à la table et reprendre. J’oubliais, il y eut aussi une sieste, impossible d’y renoncer tant le silence, gâché cette fin de semaine par une gosse demi-hystérique qui a hurlé quatre heures montre en main au pied de ma façade, était grand.
Socle
Créons un baromètre du progrès qu’enregistre l’offensive des multinationales en termes de laminage des esprits: télévisions, à leur charge; musique, à leur charge; cinéma, à leur charge; littérature, à leur charge; presses, à leur charge; téléphonie, à leur charge. Ce monde repose sur les multinationales, c’est à dire une poignée d’hommes et de femmes, amis de la machine et de la mort.