L’Amérique septentrionale est pauvre en esprit. Terre de pratique. Un Dieu médiocre. Surdéfini. En musique, en prière. Bras au ciel, cerveau bridé. Une hypnose collective. Pour l’imagination, un peuple perdu. Qui jamais n’a su cultiver de vrai rapport au texte. Barbares évadés des basses classes de l’Occident au 18ème, au 19ème. Quand ce peuple aujourd’hui imagine, il le fait en couleurs, sur les écrans. Ce qui a lieu sous la puissance d’inertie de cet empire assis sur nos faces depuis 1945, hier, avant-hier comme ces jours, a d’abord été joué sur les toiles de Holywood. Les Etats-Unis s’enivrent de leurs propres images, puis passent à l’action, et c’est le même scénario.
Mois : mai 2020
2020–2
Ce qui est attaqué? L’humanité. En nous. Par de pseudo-mathématiciens. En réalité, des doublons de mathématiciens. Privés d’intuition poétique, donc de sens de la beauté, de sens de l’équilibre : des informaticiens. Vulgaires ingénieurs capitalisés pour qui le monde n’existe que derrière un écran. Ils cherchent naturellement à réduire le monde à l’écran. Afin d’advenir dans un corps qu’ils n’ont jamais réussi à habiter
Napalm 2
En retenue, hier encore, sur cette saloperie, l’Etat. Qui édicte, s’octroie et impose en nom propre. Peuple, à la trappe! Trente jours que j’attendais la quantité d’argent arbitrairement dévolue aux pékins de mon rang à qui on a interdit l’effort de travail. Ceci, car les interdits de faire société condamnent toute pose d’affiches. Seule chose que je sache faire. Ai fait. Fait. Moralité, on est jamais assez négatif: je me trompais encore sur le degré de cynisme des coalitions fonctionnarisées d’individus qui prélèvent sur mon gain depuis 13 ans : il vient de m’être signifier qu’à l’avenir, mon salaire serait de Fr. 0.-. Et ce, dès le mois passé. Or, par mesure du gouvernement de la santé et des libertés, mes clients sont interdits de production. Donc, je vaux aujourd’hui au pays moins qu’un négroïde débarqué d’un pneumatique par les bons offices de Bruxelles. A quand la guerre?
Mouvement 29
Déjà dit, ce soir j’étais remonté. Pour ne pas lutter contre les arbres, briser un objet ou me jeter du balcon de Sirius 23, je sors avec mes haltères. Séance de sport. Escalier dans les pissenlits, accès au terrain. Exercices pour idiots, sueur et fatigue. Soudain, il est tard. Je ne sais pas moi, mal contrôle de l’horloge, et surtout, pas encore avalé de bière. Bref, retour dans notre logement-échappatoire, Gala me reçoit en cuisine: “comment va-t-on faire!”. Ce n’est pas une question. Trois heures plus tôt, elle était habillée, voulait que je fasse chauffeur pour la descendre au village. Non-Non. Fini, maintenant elle a repassé son pyjama. J’empoigne ce qu’il faut, cette camelote de l’homme moderne, les clefs-contrôle, le fric plastifié, le cabas écologico-recyclable et je me mets au volant de mon truc roulant de 2500 kilos pour me rendre au creux de la montagne et acheter un pain, un beurre, du café. En bas, après achats, je recule la voiture, la voici qui s’arrête. Sur l’écran, un message. Jamais vu. Charabia yankee: “cruise-tank-netlink-autostop”. Dodge me parle. Je comprends pas. J’éteins. Le moteur. Je rallume. Le moteur. Dodge continue. Parle. Comprends pas. Ennuyé, car je suis au milieu de la route. “P… de bourgeois¨”- moi, c’est moi ce putain de bourgeois qui a besoin d’un 4 x 4 pour acheter un paquet d’endives. Les ouvriers portugais que je bloque, ils ont raison. Deux trois manipulations, eh les gars, je fais de mon mieux. Vous voyez… j’essaie! Avant de conclure à part moi : impossible. Calme, dégoûté, je sors de la voiture, je m’achemine vers une terrasse de bistrot. Pour boire un canette. Dernier coup d’œil: une dizaine de voitures en attente. Ma Dodge? Que Dodge apporte la solution depuis les Etats-Unis! Qu’on l’emmène! Seulement, au vu de la tête que font les buveurs en terrasse, je suis le seul à penser ainsi. En Suisse, pas comme ça. Donc je me recolloque le cerveau. A l’évidence, ces gens n’apprécient pas que je boive ici, une canette, parmi eux, avec là, mon tank. Prenant acte, je remonte en houature (comme dit Queneau). Et la houature repart.
Ami
“Ecoutez, vous tous qui tolérez cet ordre de choses avilissant et infâme. Ecoutez, mais écoutez donc! Et d’abord ouvrez les fenêtres. Ouvrez toutes les fenêtres. En voilà une qui se ferme! Attendez que je descende pour la faire voler en éclats. Milady Wrongh, par exemple, au lieu de fermer sottement cette fenêtre, au lieu de vous barricadez comme si j’étais fou, ouvrez-la donc. Montrez que vous n’avez pas peur de la vérité toute nue. Ce n’est pas une raison parce que je crie pour ne pas écouter ce que je crie. Je crie parce qu’il faut crier, parce qu’il faut signifier, sur un registre éclatant, ce que personne n’ose dire. Ecoutez donc, mademoiselle la sotte, écoutez donc petite puanteur, écoutez donc tas de capons, tas de couards, et vous aussi les gendarmes et les officiers du bord qui gardez le mort. Celui-là peut attendre que la dinanderie et les récipients d’argent de la merde de Son Excellence aient passé. Moi je n’attendrai pas. Bougre non que je n’attendrai pas. Tuez-moi mais ne vous ne m’empêcherez pas de hurler toute la force de mon ventre, cette chose nécessaire et sensée et vraie que j’emmerde Son Excellence et le train de son Excellence…“
Les autobiogaphies de Brunon Pomposo, Charles-Albert Cingria.
Napalm
Après-midi de silence, sous les nuages. Trois heures de conférence en ligne avec les responsables de l’entreprise. Qui me mettent en rage. L’Etat: cette saloperie. Prends, ne rend pas. Je ne dis pas: manque à donner. Jamais je n’ai demandé. Pas chômeur, pas aidé, pas assisté. Tombé au dessous du niveau de misère suisse ce jeudi (Fr. 2000.- mensuels), je contemple avec frustration les quantités par moi livrées sous obligation au système: soit mille impôts très fluides envoyés dans les vannes à chaque minute, ce depuis 12 ans. Ne suis pas libertarien. Juste ami du bon sens. Et il me semble, bordel, que suffit! Quoi qu’il en soit, je pars faire du sport, au pied du sanatorium, auprès des Chinoises amateurs de badmington, rejetons totalitaires de ce régime qui le soir même fera une O.P.A sur Hong-Kong, échaudé comme je suis, un chat jeté à l’étang. Si tout va bien, ou mal, ou va, en décembre 2020, j’aurai à peu près autant de moyens matériels qu’un négroïde du Somaliland. Je veux dire à l’échelle de notre pays de coqs en pâte. Avec des prix alimentaires fixés par le cartel nourricier Coop-Migros. Bien le socialisme. Très bien. La faiblesse est exigible. Donc pénale toute contestation. L’arnaque! Honte au schéma de marigot! Dans lequel se vautrent — oui, oui, je sais, René Girard, la Théorie du Bouc — nos énergumènes d’importations, négroïdes, mahométans, ourmanichels, va-nu-pieds anti-critiques à qui le gouvernement apprend l’alphabet et la douche avant de dresser leur allégeance rémunérée contre le peuple. Et nos autochtones inféodés, pas encore assez diminués, qui travaillent au projet de salaire universel. Encore un effort, disait le Marquis.
Urgence
N’acceptez pas! Ne vous acceptez pas! Pas dans cette situation fictionnelle. Il n’y a pas de “situation”. Ni réalité nouvelle de situation. Rien de ce que racontent les autorités d’Europe tel qu’elles le racontent. Même si le racontar était fondé — l’interprétation d’une attaque contagieuse — il n’est que le choix d’une manière parmi mille autres de raconter. Or, un raconteur ne modifie notre réalité que si on l’écoute. Surtout quand le risque est passé. Cessez d’écouter! Pour s’écouter. Que chacun écoute ce qu’il a à se dire! Affaire urgente, affaire de sauvegarde de la liberté: nous avons a demeurer ce que nous sommes. Pour devenir ce que nous voulons être. Sus à la gouverne!
I.A. 4
Il n’y pas de société télé-guidée. Tout projet d’interface générale entre l’individu et lui-même équivaut à un sacrifice de la liberté au profit de l’achat, sur abonnement, d’un crédit de relations. Ils — les Numériques — nous vendent ce qu’il ont confisqué avant de nous le revendre — dans l’urgence. Une société privée est une société d’intérêt. Idéologiquement orientée. Elle génère une masse de gestes de consommation qu’encaisse un producteur. L’orbite de la société humaine est aussitôt perdue au profit d’une rotation artificielle, donc infinie, autour d’un moteur, le capital.
Monde des Non‑A
Fin du premier épisode de la liberté construite par volonté commune (1945–1990). Les vampires sont montés sur le podium. Ils nous attaquent au moment du sommeil, c’est à dire tout le temps, puisque que nous sommes, unités dégénérées, incapables de nous réveiller et de sentir nos corps. Le pompage des énergies vitales, celles de l’esprit d’abord, a commencé. Parmi les victimes, certains pensent qu’ils vont pouvoir se cacher à l’intérieur de la société. Rien que: des projections industrielles, rien que: des désirs engrammés. La digestion aura raison des résistances maigres. S’évader, il faut s’évader. Travailler de l’extérieur. Par la force intellectuelle, par la force de l’âme, par le réarmement. Le sacrifice est un pouvoir: les vampires le craignent. Il nous haïssent, mais par dessus tout, ils aiment leur pouvoir sur le monde. Tel est leur point faible. Tel notre schéma de résistance.