Mois : mai 2020

2020–3

L’Amérique septen­tri­onale est pau­vre en esprit. Terre de pra­tique. Un Dieu médiocre. Sur­défi­ni. En musique, en prière. Bras au ciel, cerveau bridé. Une hyp­nose col­lec­tive. Pour l’imag­i­na­tion, un peu­ple per­du. Qui jamais n’a su cul­tiv­er de vrai rap­port au texte. Bar­bares évadés des bass­es class­es de l’Oc­ci­dent au 18ème, au 19ème. Quand ce peu­ple aujour­d’hui imag­ine, il le fait en couleurs, sur les écrans. Ce qui a lieu sous la puis­sance d’in­er­tie de cet empire assis sur nos faces depuis 1945, hier, avant-hier comme ces jours, a d’abord été joué sur les toiles de Holy­wood. Les Etats-Unis s’enivrent de leurs pro­pres images, puis passent à l’ac­tion, et c’est le même scénario.

2020–2

Ce qui est attaqué? L’hu­man­ité. En nous. Par de pseu­do-math­é­mati­ciens. En réal­ité, des dou­blons de math­é­mati­ciens. Privés d’in­tu­ition poé­tique, donc de sens de la beauté, de sens de l’équili­bre : des infor­mati­ciens. Vul­gaires ingénieurs cap­i­tal­isés pour qui le monde n’ex­iste que der­rière un écran. Ils cherchent naturelle­ment à réduire le monde à l’écran. Afin d’ad­venir dans un corps qu’ils n’ont jamais réus­si à habiter

2020

Copi­er une per­son­ne et la dif­fuser via le réseau, cela peut aus­si se faire en rab­otant juridique­ment les originalités.

Napalm 2

En retenue, hier encore, sur cette saloperie, l’E­tat. Qui édicte, s’oc­troie et impose en nom pro­pre. Peu­ple, à la trappe! Trente jours que j’at­tendais la quan­tité d’ar­gent arbi­traire­ment dévolue aux pékins de mon rang à qui on a inter­dit l’ef­fort de tra­vail. Ceci, car les  inter­dits de faire société con­damnent toute pose d’af­fich­es. Seule chose que je sache faire. Ai fait. Fait. Moral­ité, on est jamais assez négatif: je me trompais encore sur le degré de cynisme des coali­tions fonc­tion­nar­isées d’in­di­vidus qui prélèvent sur mon gain depuis 13 ans : il vient de m’être sig­ni­fi­er qu’à l’avenir, mon salaire serait de Fr. 0.-. Et ce, dès le mois passé. Or, par mesure du gou­verne­ment de la san­té et des lib­ertés, mes clients sont inter­dits de pro­duc­tion. Donc, je vaux aujour­d’hui au pays moins qu’un négroïde débar­qué d’un pneu­ma­tique par les bons offices de Brux­elles. A quand la guerre?

Mouvement 29

Déjà dit, ce soir j’é­tais remon­té. Pour ne pas lut­ter con­tre les arbres, bris­er un objet ou me jeter du bal­con de Sir­ius 23, je sors avec mes haltères. Séance de sport. Escalier dans les pis­senl­its, accès au ter­rain. Exer­ci­ces pour idiots, sueur et fatigue. Soudain, il est tard. Je ne sais pas moi, mal con­trôle de l’hor­loge, et surtout, pas encore avalé de bière. Bref, retour dans notre loge­ment-échap­pa­toire, Gala me reçoit en cui­sine: “com­ment va-t-on faire!”.  Ce n’est pas une ques­tion. Trois heures plus tôt, elle était habil­lée, voulait que je fasse chauf­feur pour la descen­dre au vil­lage. Non-Non. Fini, main­tenant elle a repassé son pyja­ma. J’empoigne ce qu’il faut, cette camelote de l’homme mod­erne, les clefs-con­trôle, le fric plas­ti­fié, le cabas éco­logi­co-recy­clable et je me mets au volant de mon truc roulant de 2500 kilos pour me ren­dre au creux de la mon­tagne et acheter un pain, un beurre, du café. En bas, après achats, je recule la voiture, la voici qui s’ar­rête. Sur l’écran, un mes­sage. Jamais vu. Chara­bia yan­kee: “cruise-tank-netlink-autostop”. Dodge me par­le. Je com­prends pas. J’éteins. Le moteur. Je ral­lume. Le moteur. Dodge con­tin­ue. Par­le. Com­prends pas. Ennuyé, car je suis au milieu de la route. “P… de bour­geois¨”- moi, c’est moi ce putain de bour­geois qui a besoin d’un 4 x 4 pour acheter un paquet d’en­dives. Les ouvri­ers por­tu­gais que je bloque, ils ont rai­son. Deux trois manip­u­la­tions, eh les gars, je fais de mon mieux. Vous voyez… j’es­saie! Avant de con­clure à part moi : impos­si­ble. Calme, dégoûté, je sors de la voiture, je m’a­chem­ine vers une ter­rasse de bistrot. Pour boire un canette. Dernier coup d’œil: une dizaine de voitures en attente. Ma Dodge? Que Dodge apporte la solu­tion depuis les Etats-Unis! Qu’on l’emmène! Seule­ment, au vu de la tête que font les buveurs en ter­rasse, je suis le seul à penser ain­si. En Suisse, pas comme ça. Donc je me rec­ol­loque le cerveau. A l’év­i­dence, ces gens n’ap­pré­cient pas que je boive ici, une canette, par­mi eux, avec là, mon tank. Prenant acte, je remonte en houa­ture (comme dit Que­neau). Et la houa­ture repart.

Ami

“Ecoutez, vous tous qui tolérez cet ordre de choses avilis­sant et infâme. Ecoutez, mais écoutez donc! Et d’abord ouvrez les fenêtres. Ouvrez toutes les fenêtres. En voilà une qui se ferme! Atten­dez que je descende pour la faire vol­er en éclats. Mila­dy Wrongh, par exem­ple, au lieu de fer­mer sot­te­ment cette fenêtre, au lieu de vous bar­ri­cadez comme si j’é­tais fou, ouvrez-la donc. Mon­trez que vous n’avez pas peur de la vérité toute nue. Ce n’est pas une rai­son parce que je crie pour ne pas écouter ce que je crie. Je crie parce qu’il faut crier, parce qu’il faut sig­ni­fi­er, sur un reg­istre écla­tant, ce que per­son­ne n’ose dire. Ecoutez donc, made­moi­selle la sotte, écoutez donc petite puan­teur, écoutez donc tas de capons, tas de couards, et vous aus­si les gen­darmes et les officiers du bord qui gardez le mort. Celui-là peut atten­dre que la dinan­derie et les récip­i­ents d’ar­gent de la merde de Son Excel­lence aient passé. Moi je n’at­tendrai pas. Bougre non que je n’at­tendrai pas. Tuez-moi mais ne vous ne m’empêcherez pas de hurler toute la force de mon ven­tre, cette chose néces­saire et sen­sée et vraie que j’emmerde Son Excel­lence et le train de son Excel­lence…“
Les auto­bio­ga­phies de Brunon Pom­poso, Charles-Albert Cingria.

Napalm

Après-midi de silence, sous les nuages. Trois heures de con­férence en ligne avec les respon­s­ables de l’en­tre­prise. Qui me met­tent en rage. L’E­tat: cette saloperie. Prends, ne rend pas. Je ne dis pas: manque à don­ner. Jamais je n’ai demandé. Pas chômeur, pas aidé, pas assisté. Tombé au dessous du niveau de mis­ère suisse ce jeu­di (Fr. 2000.- men­su­els), je con­tem­ple avec frus­tra­tion les quan­tités par moi livrées sous oblig­a­tion au sys­tème: soit mille impôts très flu­ides envoyés dans les vannes à chaque minute, ce depuis 12 ans. Ne suis pas lib­er­tarien. Juste ami du bon sens. Et il me sem­ble, bor­del, que suf­fit! Quoi qu’il en soit, je pars faire du sport, au pied du sana­to­ri­um, auprès des Chi­nois­es ama­teurs de bad­ming­ton, reje­tons total­i­taires de ce régime qui le soir même fera une O.P.A sur Hong-Kong, échaudé comme je suis, un chat jeté à l’é­tang. Si tout va bien, ou mal, ou va, en décem­bre 2020, j’au­rai à peu près autant de moyens matériels qu’un négroïde du Soma­liland. Je veux dire à l’échelle de notre pays de coqs en pâte. Avec des prix ali­men­taires fixés par le car­tel nourrici­er Coop-Migros. Bien le social­isme. Très bien. La faib­lesse est exi­gi­ble. Donc pénale toute con­tes­ta­tion. L’ar­naque! Honte au sché­ma de marig­ot! Dans lequel se vautrent — oui, oui, je sais, René Girard, la Théorie du Bouc — nos éner­gumènes d’im­por­ta­tions, négroïdes, mahomé­tans, our­manichels, va-nu-pieds anti-cri­tiques à qui le gou­verne­ment apprend l’al­pha­bet et la douche avant de dress­er leur allégeance rémunérée con­tre le peu­ple. Et nos autochtones inféodés, pas encore assez dimin­ués, qui tra­vail­lent au pro­jet de salaire uni­versel. Encore un effort, dis­ait le Marquis.

Urgence

N’ac­ceptez pas! Ne vous acceptez pas! Pas dans cette sit­u­a­tion fic­tion­nelle. Il n’y a pas de “sit­u­a­tion”. Ni réal­ité nou­velle de sit­u­a­tion. Rien de ce que racon­tent les autorités d’Eu­rope tel qu’elles le racon­tent. Même si le racon­tar était fondé — l’in­ter­pré­ta­tion d’une attaque con­tagieuse — il n’est que le choix d’une manière par­mi mille autres de racon­ter. Or, un racon­teur ne mod­i­fie notre réal­ité que si on l’é­coute. Surtout quand le risque est passé. Cessez d’é­couter! Pour s’é­couter. Que cha­cun écoute ce qu’il a à se dire! Affaire urgente, affaire de sauve­g­arde de la lib­erté: nous avons a demeur­er ce que nous sommes. Pour devenir ce que nous voulons être. Sus à la gouverne!

I.A. 4

Il n’y pas de société télé-guidée. Tout pro­jet d’in­ter­face générale entre l’in­di­vidu et lui-même équiv­aut à un sac­ri­fice de la lib­erté au prof­it de l’achat, sur abon­nement, d’un crédit de rela­tions. Ils — les Numériques — nous vendent ce qu’il ont con­fisqué avant de nous le reven­dre — dans l’ur­gence. Une société privée est une société d’in­térêt. Idéologique­ment ori­en­tée. Elle génère une masse de gestes de con­som­ma­tion qu’en­caisse un pro­duc­teur. L’or­bite de la société humaine est aus­sitôt per­due au prof­it d’une rota­tion arti­fi­cielle, donc infinie, autour d’un moteur, le capital.

Monde des Non‑A

Fin du pre­mier épisode de la lib­erté con­stru­ite par volon­té com­mune (1945–1990). Les vam­pires sont mon­tés sur le podi­um. Ils nous attaque­nt au moment du som­meil, c’est à dire tout le temps, puisque que nous sommes, unités dégénérées, inca­pables de nous réveiller et de sen­tir nos corps. Le pom­page des éner­gies vitales, celles de l’e­sprit d’abord, a com­mencé. Par­mi les vic­times, cer­tains pensent qu’ils vont pou­voir se cacher à l’in­térieur de la société. Rien que: des pro­jec­tions indus­trielles, rien que: des désirs engram­més. La diges­tion aura rai­son des résis­tances mai­gres. S’é­vad­er, il faut s’é­vad­er. Travailler de l’ex­térieur. Par la force intel­lectuelle, par la force de l’âme, par le réarme­ment. Le sac­ri­fice est un pou­voir: les vam­pires le craig­nent. Il nous haïssent, mais par dessus tout, ils aiment leur pou­voir sur le monde. Tel est leur point faible. Tel notre sché­ma de résistance.