Mois : janvier 2020

Myanmar 5

Deux livres que l’on trou­ve en Bir­manie, des goss­es les vendent sur les quais de l’Irrawadi et devant les tem­ples: La forêt de rubis de Kessel et Une his­toire bir­mane de Georges Orwell, copies pirates des orig­in­aux. Pour ce dernier, la cou­ver­ture jaune est frap­pée du signe des édi­tions Ivrea. Directeur d’édition : Gérard Lebovici.

Myanmar 4

Sur­gi des champs, alors que j’en­tre dans un tem­ple au boud­dha assis, un jeune touriste à barbe et mon­o­cle désigne la porte que je viens de franchir, “la porte du bien, il faut d’a­vancer et reculer… deux fois”, puis comme j’assène un coup sur la cloche des prières, “main­tenant, tu t’age­nouilles, tu dis ta prière, tu te relèves et tu recom­mences… trois fois”. Je le regarde incré­d­ule. Et pour­su­is en direc­tion de la niche.
-Le boud­dha assis. En verre et en or. Bonne journée!
Il recule, dis­paraît. Une moto démarre der­rière le bananier.

Myanmar 3

Retour en camion­nette à Man­dalay. Routes à piste unique par dessus les collines pour quit­ter Katha et rejoin­dre la plaine. Ensuite, défilé de vil­lages paysans, de tem­ples boud­dhiques et de postes de police. Après huit heures de route, le chauf­feur nous dépose au Tiger One où j’emprunte l’ar­gent du récep­tion­niste pour pay­er le pas­sage. Nous sor­tons boire entre la 77ème et la 31ème quand un incendie se déclare dans le cen­tre com­mer­cial. Mille badauds ques­tion­nent les pom­piers mon­tés sur dix camions. A deux heures du matin, le sin­istre est sous con­trôle, la police boucle le secteur. Au réveil — douze heures d’un som­meil coma­teux — nous faisons la lessive dans la baig­noire de l’hô­tel. J’at­tends main­tenant un guide du gou­verne­ment que j’ai loué pour une heure de con­ver­sa­tion: il a reçu tan­tôt mes ques­tions sur Naypyi­daw, la cap­i­tale militaire.

Myanmar 2

Levé à qua­tre heures pour se ren­dre sur les berges de l’Ir­rawady. Rues noires, chiens errants, cuisinières endormies dans des chais­es longues, des chauf­feurs, un porc. Les moines men­di­ants ne sont pas encore sor­ti pour la quête quo­ti­di­enne. Nous roulons à tra­vers un ter­rain de foot, puis un tem­ple, débou­chons devant une case­mate. Le toit est en feuilles de bananier, il n’y a ni porte ni fenêtres. Une vache à bosse s’en­fuit. Autour d’un feu, deux ado­les­cents en longyi. Shwe empoigne nos bagages (il est le seul con­duc­teur de tuk-tuk à avoir accep­té de faire cette course au milieu de la nuit), emprunte un sen­tier. Le limon glisse sous nos pieds. Amar­ré dans l’eau tran­quille un gros bateau. Je fais remar­quer à Aplo que nous serons moins à l’étroit que la veille. Il me dit que je con­fonds, il s’ag­it de l’embarcadère. Mai alors où est notre bateau? Shwe récupère une planche et abor­de l’embarcation d’un pêchcur. Il appelle. A l’é­tage, un homme se réveille. Les Bir­mans parlent.Shwe fait des gestes. “Oui”, “non”, “pas”. Retour à l’hô­tel Katha. Le veilleur de nuit, un gosse, appelle la cap­i­tainer­ie à Man­dalay.
-Aujour­d’hui, le bateau est annulé. Demain aus­si. Peut-être mer­cre­di.
Il rou­vre la cham­bre, nous nous met­tons au lit.

Myanmar

A Bamaw, dans le nord-est de la Bir­manie, en direc­tion de la Chine. La tour de con­trôle de l’aéroport est en bois. Aus­sitôt posé l’avion à hélices, les pas­sagers (des Kachins qui ren­trent chez eux) saut­ent sur le tar­mac et se dis­persent dans la forêt. Le mil­i­taire qui s’occupe du tapis roulant nous emmène dans sa voiture. Le Grand hôtel est der­rière le marché. Un bâti­ment couleur vieux sucre. Il est dix  heures du matin, nous tirons les rideaux de la cham­bre et dor­mons : la veille, nous avons fêter à Man­dalay. Au réveil, nous voyons que les lits sont par­cou­rus de four­mis. Une par­tie de la ville est encore de style tra­di­tion­nel. Maisons sans fenêtres ouvertes sur le fleuve Irrawady. Au rez, la voiture, le frig­ori­fique, le téléviseur et la grand-mère ; au pre­mier, des mate­las au sol. Les bou­tiques vendent l’utilitaire : casseroles, rotin, vais­selle de plas­tique, robes et sébiles de moines. Aplo s’intéresse aux mon­tres, moi aux machettes. Tout à l’heure, nous irons acheter des cou­ver­tures et des bon­nets. Le pro­prié­taire de l’hôtel nous dit qu’il fait froid la nuit sur le bateau. Nous avons – selon le niveau des eaux – deux ou trois jours de nav­i­ga­tion en aval. Suiv­ant l’idée du vendeur de tick­ets, nous avons renon­cé à pren­dre la classe VIP (qui donne droit à se couch­er sur le pont ) : dans une chaise on peut dormir, alors que se tenir assis sur le  sol est plus dif­fi­cile… », nous a‑t-il dit. 

Charle-Albert 3

Cin­gria, tou­jours dans la promis­cuité, note en 1933 à pro­pos de l’am­biance à la NRF: “Gide a énor­mé­ment d’ar­gent. Je les vexe par mon anticommunisme.”

Ecriture

Ces écrivains qui fréquentent les ate­liers ou créent à qua­tre, huit, seize mains. Il advien­dra la même chose qu’à Hol­ly­wood. A force de con­cur­rence et d’in­dus­trie, la machine ne pro­duit plus qu’un seul et même film. L’artiste a un Sésame, pré­cieux, lui-même.

Devise

Argent néces­saire donc sans intérêt (mieux en latin).

Ecriture 2

Il faut pour écrire s’aimer beau­coup et on ne peut s’aimer beau­coup sans être aimé un peu.

Effet double

Mau­vaise nou­velle: les stocks matériels de l’Oc­ci­dent com­men­cent de maigrir et la ten­dance va s’ac­célér­er. Bonne nou­velle: obsédés par une ambi­tion aus­si vio­lente qu’ab­surde les élites ne vont pas tarder à s’entredévorer.