Monts et vaux

L’enchevêtrement de la nature et des hommes, des routes et des collines, du ciel et des maisons qui oblige à se déplac­er dans les prox­im­ités de Flo­rence en pas­sant d’une niche à l’autre, cette absence de per­spec­tive, pro­duit pos­i­tive­ment une sorte d’in­sou­ciance. Dès lors qu’on ne voit pas venir, on ne s’oc­cupe plus de voir venir.

Folklore

A guichets fer­més, deux équipes en cos­tume d’époque dis­putaient cet après-midi dans Flo­rence un tournoi de rug­by médiéval.

Rencontre

Cet ami dit : “Dès la pre­mière ren­con­tre, elle a accep­té que je l’at­tache au radiateur”.

Chaleurs

Tor­peur de l’été. Tem­péra­ture dès le matin. Se lever à l’aube est la solu­tion, car pass­er cette heure-là, plus rien n’en­gage à se lever, n’é­tait-ce pour s’asperg­er d’eau, boire, manger et se recouch­er. Du reste, cette chaleur toscane est bien dif­férente de celle qui saisit l’An­dalousie de juin à sep­tem­bre. A moins que cela ne tienne à la réac­tion des autochtones. Ici, le rythme est lent, mais sans inter­rup­tion. Les gens vaque­nt en toute dis­cré­tion, comme s’il cher­chaient à se faire oubli­er, les nuits sont inhab­itées. Les Andalous s’agi­tent jusqu’aux pre­mières heures de l’après-midi, font les morts, puis le soleil éteint s’agi­tent doublement.

Jours

“Les jours se suiv­ent et se ressem­blent”. Phrase romanesque, idée fausse. Sauf à don­ner dans la méta­physique, nul ne niera que les jours se suiv­ent, mais ils ne se ressem­blent pas. Ou alors, c’est que l’ob­ser­va­teur a l’e­sprit obtus et ne juge que par l’ac­tiv­ité la plus extérieure. Or, celle-ci ne saurait épuis­er la var­iété des jours. Leib­nitz a rai­son: chaque chose est absol­u­ment indi­vidu­elle et a for­tiori chaque con­fig­u­ra­tion de choses, ce qu’il est con­venu d’ap­pel­er un événe­ment. Quand je me tiens à la plus stricte des rou­tines, je vois que je ne fais qu’es­say­er de m’y tenir. Le réel débor­de, le détail fausse, la nuance colore.

Chanter

Les Espag­nols chantent l’amour et la mort, l’e­spoir et dés­espoir. Le reg­istre est celui de la pas­sion. Les Ital­iens chantent, et sou­vent fre­donnent, pour accom­pa­g­n­er les menus gestes du quo­ti­di­en, adoucir les mœurs, liss­er le réel, ren­dre le tra­vail moins pénible.

Bébés

Dans la cour, des amis des voisins venus garder leurs jumeaux de quelques jours. J’es­sore le linge sor­ti de la machine. Au bout d’un moment, je m’é­tonne: le cou­ple n’a pas bougé. La pous­sette est au milieu du chemin, la porte de la mai­son fer­mée. Lui, elle, dans la cour, chan­ton­nent. Un enfant dans les bras cha­cun, ils gardent.

Marché

Marché à l’e­sprit famil­ial sur la place à l’obélisque. Des cou­ples descen­dus des collines tien­nent les stands maraîch­ers, un Chi­nois vend de la con­fec­tion, les gens de la ville s’oc­cu­pent de la vais­selle. Gala achète une robe et des raisins, je fais l’ac­qui­si­tion d’un sèche-salade. Je rem­plis nos bouteilles d’eau à la fontaine munic­i­pale, nous prenons du vin au tonneau.

Homosexuels

Et si les dis­cours insis­tants sur les dévi­a­tions sex­uelles étaient d’abord conçus pour que l’on déteste les mem­bres de ces groupes dont les pra­tiques nous demeu­raient jusqu’i­ci com­plète­ment indifférentes?

Courage

Immense courage des per­son­nes et de ceux qui ne sont que des indi­vidus, à ce titre plus admirables encore, devant le sort quo­ti­di­en, cortège d’ob­sta­cles arti­fi­ciels, que déploient les forces d’organisation,