Cette phrase dans un article de presse qui montre combien évoluent vite les approches sous les diktats de la religion transhumaniste: “[] il est absolument invraisemblable que des propos pareils soient tenus sur des citoyens dont on rappellera utilement qu’ils sont encore, à 100%, totalement humains, et qu’en terme légaux, ils sont encore, à 100%, des citoyens[]”.
Mois : janvier 2022
Agrabuey
Avec le froid, le pavé des rues prend une teinte gris-bleu. Les vacanciers sont partis. Ils reviendront pour le Jour des rois. A l’instant, j’ouvre la porte de la maison. Poussée par un vent minuscule une feuille morte descend les escaliers de l’église. Je peux entendre son frôlement. Le feu ronfle dans le poêle, le troupeau de moutons est à l’étable. Le paysan devrait bientôt passer.
Ceux-là
J’admire les Suisses qui n’ont pas plié l’échine. Les autres souffrent; la souffrance n’a rien d’admirable, on la plaint. Ceux qui se cabrent et réfléchissent et résistent, que je regarde faire de loin, que je vois s’encourager dans une situation sur le point de s’écrouler, ceux-là je les admire. Ce n’est pas que le pays soit plus difficile à vivre dans phase de développement du coup d’Etat mondial — qu’y a‑t-il de pire que la poubelle française? — mais je connais ma société, elle est sérieuse, roborative, confiante, au besoin rigoriste. Or, ces qualités ont été retournées contre les citoyens. Dans le for intime, nos Suisses sont piégés. Ils honorent les valeurs qui ont fait le pays tout en subissant de plein fouet les maltraitances du corps et de l’esprit qu’impose le pouvoir; ils satisfont à la droiture de caractère et à l’hypocrisie utile qui ont consolidé l’économie et voient l’identité sociale, le confort, le loisir vrai bradés; ils sont confrontés à des vexations administratives en même temps qu’ils sont sommés de tolérer des énergumènes d’importation aux visées interlopes. Suffit, la liste est longue. Se résigner vaut souffrance, la souffrance conduit à la catharsis ou à la mort, pour les moins sensibles à l’aboulie. Les autres doivent tenir. Ils tiennent. Ils fixent l’horizon. Ils voient que rien ne s’arrange. Ils se requinquent. Tiennent encore. Fixent à nouveau l’horizon. C’est cela, l’esprit de résistance. En attendant de bondir, maintenir vive les forces mentales et physiques et ne rien trahir de sa vision du monde.
A Pampelune dans un restaurant de la zone industrielle entouré d’ouvriers en salopette. Installé en hauteur, le téléviseur diffuse le Journal pour la salle à manger. Personne ne s’y intéresse. Au bout de vingt minutes d’images, un silence dans la salle, les têtes se relèvent à l’unisson, la serveuse s’immobilise et se tourne vers l’écran. Séquence volée par une caméra de vidéo-surveillance d’un automobiliste qui stationnant sa Porsche en marche arrière dans un parking souterrain l’écrase contre un pilier.
Dormir
Je prends un goût avouable à dormir, plus exactement à me coucher, ou plutôt à prendre possession de ma chambre, à me mettre au lit, à me préparer au sommeil parce que cette chambre est telle je l’ai voulue et faite construire, on peut dire exceptionnelle, but que j’avais depuis l’adolescence, posséder une chambre chaude et odorante, fraîche, blanche, de bois et de plumes, impeccable et silencieuse.
Auteur
Article que l’on vous prie d’écrire (alors que vous étiez tranquillement occupé à peindre ou à boire), que l’on vous remercie d’avoir écrit, qui est publié mais que l’on ne vous transmet pas, que vous réclamez mais qui ne vient pas. Le travail consistait à commander l’article, l’obtenir, le publier, le travail ne consistait pas à le montrer à l’auteur.
Moralistes
Perspicacité des moralistes de La Bruyère à Montherlant qui dévoilent les caractères pour les dénuder, ayant pointer sur les défauts s’en prennent aux qualités, puis s’étonnent de ne plus rien trouver à démolir. Manie qui est aussi bien le fruit venimeux de l’idéalisme. Dans le fond, les moralistes cherchent l’Homme.