Mois : octobre 2021

Batterie de mesures

Indi­vidus con­traints de retrou­ver la liberté.

Grippe 2020–21

Pre­mière chose à faire, débar­rass­er le raison­nement du terme “virus”. Ensuite con­sid­ér­er nos villes, nos rues, nos écoles, nos lieux de plaisir et de tra­vail. Le sché­ma civil­i­sa­tion­nel est en butte à la destruc­tion. L’arme anci­enne dont la caste abuse ne suf­fit pas à pro­duire l’ef­fon­drement ! La dépor­ta­tion d’én­er­gumènes obscurs vers le cen­tre ne suf­fit pas! Pro­gramme nihiliste et vio­lent et délétère mais trop hasardeux pour les vam­pires! Les vam­pires s’im­pa­tient, ils récla­ment du sang! En coulisse, ils hurlent: à quand la suc­cion légitime de l’in­férieur et du moyen? Assez, ils se ruent. 2019, la frénésie l’emporte, le pro­gramme s’emballe. Les per­son­nages de la curée don­nent de la maniv­elle. Et résol­u­ment! Géni­aux, ils sont fiers de leurs pro­gramme volon­tariste, le vam­pirisme. Idiot, le peu­ple est fier de son car­ac­tère atavique, l’id­i­otie. Peu­ple qui révère. Qui fait con­fi­ance. Domes­tiqué par cinquante mau­vais­es années de démoc­ra­tie, le peu­ple résiste mal. Proteste à peine. Fait plus: ayant per­du en un tourne­main ses acquis, il se met à genoux devant la Sci­ence et demande pleur­nichard si la génu­flex­ion lui vau­dra de garder son corps. “Oui! Oh oui, faites con­fi­ance!”. Alors le peu­ple se remet à “croire “. Peu­ple : “il n’y a pas d’épidémie, mais une guerre “. La guerre des géni­aux con­tre les idiots! Et à la fin — déjà proche — l’in­té­gra­tion de nos per­son­nes, de nos pos­ses­sions, de nos désirs, de nos émo­tions, de tout ce qui vaut la peine d’être vécu, dans des dis­posi­tifs d’efficacité.

Grippe 2020

Kon­rad Lorenz, sur le “behav­ior­ism” et la ten­dance à réduire les études psy­chologiques à la cer­ti­tude de la “réflex­olo­gie” (in, Les huit pêché cap­i­taux de notre civil­i­sa­tion, La Con­ta­gion de l’en­doc­trine­ment, 1973): “Les hommes au pou­voir en Amérique, en Chine ou en Union sovié­tique, sont aujour­d’hui unanimes à penser que la capac­ité illim­itée de l’homme à être con­di­tion­né est extrême­ment désir­able. Leur croy­ance à la doc­trine pseu­do-démoc­ra­tique, est (comme l’af­firme Wylie) portée par le désir qu’elle soit vraie. Car ces manip­u­la­teurs ne sont pas du tout des surhommes, doués d’un intel­li­gence satanique, mais plutôt les vic­times trop humaines de leur pro­pre dogme inhu­main. Cette doc­trine fait appa­raître ce qui est spé­ci­fique­ment humain comme indésir­able et tous les phénomènes pro­pres à dégrad­er l’hu­man­ité, que nous venons de décrire, comme extrême­ment avan­tageux, car ils per­me­t­tent une meilleure manip­u­la­tion des mass­es. “Mau­dit soit l’in­di­vid­u­al­isme”, voilà le mot d’or­dre. [] La croy­ance erronée que l’on puisse absol­u­ment tout exiger et tout faire de l’homme, soumis à un bon con­di­tion­nement, est à la racine des nom­breux pêchés mor­tels que l’hu­man­ité civil­isée com­met, non seule­ment con­tre la nature, mais encore con­tre sa pro­pre nature et con­tre l’hu­man­ité. Lorsque l’idéolo­gie mon­di­ale et la poli­tique qui en découlent sont fondées sur le men­songe, il faut s’at­ten­dre aux pires con­séquences. La doc­trine pseu­do-démoc­ra­tique porte une large part de respon­s­abil­ités dans l’ef­fon­drement de la cul­ture et de la morale qui men­a­cent les Etats-Unis et qui risque d’en­traîn­er dans sa chute le monde occi­den­tal tout entier.”

Routines

Net­toy­age de la mai­son de fond en combles. Heureuse­ment, il n’y a ni combles ni fond. Aspi­ra­teur, javelle, éponges, chiffes, c’est déjà assez comme ça. J’en­chaîne sur le vélo, le tout ter­rain. Pour cela, il faut retir­er de dessous l’escalier la série des cos­tumes et vestes que je tiens là sus­pendues laque­lle fait rideau pour les deux paires de skis, le tapis de yoga, le chevalet de pein­tre et l’at­ti­rail de MMA. Il est sans roues. Je les monte. Sans pédales. Je les monte. Il existe sur inter­net une vidéo de cinquante min­utes qui explique com­ment dégraiss­er et graiss­er pro­fes­sion­nelle­ment un train de chaîne — j’ap­plique. Puis me vêt. Et monte le petit col de Edra pour gag­n­er la val­lée par­al­lèle où se trou­ve une demi-ruine entourée de blés sauvages que je pho­togra­phie abon­dam­ment pour la mon­tr­er à mon amie J. qui “de Palos de Moguer, fatiguée de porter ses mis­ères hau­taines ” surtout dans le con­texte de m… actuel post-poli­tique se demande quelle échap­pa­toire trou­ver, par exem­ple un lieu de retraite beau et finan­cière­ment mod­este. Sur la descente, je croise B. la Zuri­choise qui vit seule entre chiens et chevaux et la décou­vre agréable­ment bronzée, à demi-nue, les mèch­es de ses cheveux longs peints en rouge et en rose, elle m’embrasse, me donne des nou­velles et con­fie: “tous les jours, je fais ça (il est près de 16h00), je me promène à tra­vers le vide”.

Madrid aller-retour (1250 km) V- arrivée

D’habi­tude je roule jusqu’à l’en­trée de Madrid en une demi-heure. Ce matin, pas de voiture, il pleut et fort, il vente, il fait froid, je le vois mais les dis­tances, me dis-je, ne sont pas rel­a­tives, il y a trente-cinq kilo­mètres de Guadala­jara aux portes de la cap­i­tale. Eh bien, non! La con­fi­ance n’é­tait pas de mise. Mal m’en aura pris! Grelot­tant, mis­érable, boueux (je plonge en entier mon vélo dans une fontaine proche de la base mil­i­taire de Tor­re­jón de Ardoz devant des pas­sants inter­loqués), per­du tan­tôt sur des sen­tiers de gadoue, tan­tôt dans des zones de hangars par­cou­rues de déchets, je suis soudain dévié sur la bretelle d’au­toroute A2 et saisi de peur, for­cé de rebrouss­er les 5 kilo­mètres que je viens de descen­dre, frôlé par des semi-remorques, inondé au pas­sage par des véhicules qui filent à 100 km/h, croy­ant recon­naître des ban­lieues que je n’ai jamais vues, des ban­lieues qui ressem­blent des ban­lieues, pour attein­dre enfin la sta­tion de métro la plus excen­trée de Madrid, celle de Jara­ma, le cir­cuit de For­mule 1, après quoi je nav­igue encore deux heures cher­chant ce mau­dit qua­tre étoiles de Cham­berí, le Jardín Met­ro­pol­i­tano, où je dois retrou­ver Luv (elle a une cham­bre dans le quarti­er) con­statant alors, dans une cham­bre au décor  Las Vegas crème fou­et­tée, que j’ai par­cou­ru 102 km.

Musique

“Stay here” de Swans, album Filth, même fris­sons qu’$ sa sor­tie en 1983.

Robert

Me sou­viens d’avoir reçu un choc quand je con­statai que le grand écrivain Pinget, après tant d’an­nées à par­ler de la perte de mémoire à tra­vers des per­son­nages de vieil­lards cacochymes errant dans de maisons bour­geois­es à demi-ruinées, per­dait en effet la mémoire.

Beckett

Avec cet à‑propos des gens doués d’une authen­tique sim­plic­ité, le paysan à qui je demande ce qu’il fait, réponds: “je rap­porte les tuiles que Car­los plac­era demain sur un morceau de notre toit, mais au fond je m’occupe”.

Naypyidaw, Cité de l’espace

Pro­grès sans lim­ite: de mon dernier livre il y a quinze jours pub­lié, je n’ai pas enten­du dire quoi que ce soit. D’ailleurs, je ne l’ai pas encore tenu entre mes mains. Les exem­plaires d’au­teur sont quelque part en tran­sit entre la France et l’Es­pagne, matière brute enfer­mée dans un car­ton, bloc de silence.

Onanisme

Spec­ta­cle, certes. Mais Debord lui aus­si voit dégrad­er son idée. La vision panop­tique, magis­trale ou choré­graphique d’un spec­ta­cle à voca­tion d’u­ni­verselle tromperie a vécu. Le régime est chaque jour un peu plus spec­ta­cle de soi et cela, sans spectateur.