En soirée, quand baisse la lumière, je monte à l’église voir les moutons que le berger ramène au village. Plus tard, nous sortons dans la rue avec du vin, nous parlons argent, politique et chasse. Le paysan rentre dîner, je reste avec l’abatteur et le guide de montagne. Trois semaines que je n’ai plus passé un pantalon, me balade pieds nus, dors mes dix heures. Les jours succèdent aux jours, s’il passe une ou deux voitures sur la route, c’est beaucoup. J’écris, je corrige Notr Pays, j’emporte des livres au jardin, sous le prunelier rouge, je cuisine des légumes et j’ai dans le salon cent litres de bière que j’achemine lentement vers le refroidisseur. Soudain cette nuit, plus d’oiseaux. Dans notre rue du Quartier des Champs le moindre changement fait l’objet de longs commentaires. Personne n’en a encore parlé. Colombes, hirondelles, passereaux ont l’habitude de chanter dès les premières lueurs. J’écoute. Silence de pierre. Quelque chose se prépare? Qu’ont-ils senti?
Mois : juillet 2020
Résistance
Pendant la dictature soviétique, Vladimir Boukovski, emprisonné, torturé, humilié avait résolu de s’en tenir à ce que son expérience du monde réel était avant arrestation, refusant toute nouvelle information apportée par ses bourreaux experts en dialectique. Ces jours, devant le détournement politique du discours sanitaire en Europe, nous en sommes là.
Avenirs
Année après année, jour après jour, les hommes affrontent les mêmes problèmes, racontent et se racontent. Ce faisant, ils organisent la vie sur terre des sans-voix; une aide nécessaire et insuffisante, car ce que les premiers obtiennent au prix d’une clairvoyance travaillée, la génération suivante l’obtient presque sans effort, l’obstacle devenu dans l’intervalle évident. D’où la question: quel génie habitait ceux qui après cent, mille, deux mille ans, continuent d’être entendus, ceux que la postérité interroge aujourd’hui encore avec respect?
Pression
Ces quotidiens papiers, en pleine déconfiture. Journalistes? Des trainards. Personne ne veut en être. Payés? Oui. Plutôt bien, les lobbies de finance pourvoient. Subventionnés? Oui. Par les Etats, comme toujours friands de porte-voix. Mais cela se sait. Donc les quotidiens papiers ne font plus recette. Pas même auprès du peuple. Non content, privé de possibilités par des chefs aux ordres, le petit personnel des quotidiens papiers sabre le seul modèle viable, la diffusion numérique. Désormais accessible aux seuls abonnés payants. Que la tricherie fonctionnelle une fois dénoncée n’intéresse plus, cela se conçoit. Lui restait cette utilité: aider au contournement des informations manipulées.