En soirée, quand baisse la lumière, je monte à l’église voir les moutons que le berger ramène au village. Plus tard, nous sortons dans la rue avec du vin, nous parlons argent, politique et chasse. Le paysan rentre dîner, je reste avec l’abatteur et le guide de montagne. Trois semaines que je n’ai plus passé un pantalon, me balade pieds nus, dors mes dix heures. Les jours succèdent aux jours, s’il passe une ou deux voitures sur la route, c’est beaucoup. J’écris, je corrige Notr Pays, j’emporte des livres au jardin, sous le prunelier rouge, je cuisine des légumes et j’ai dans le salon cent litres de bière que j’achemine lentement vers le refroidisseur. Soudain cette nuit, plus d’oiseaux. Dans notre rue du Quartier des Champs le moindre changement fait l’objet de longs commentaires. Personne n’en a encore parlé. Colombes, hirondelles, passereaux ont l’habitude de chanter dès les premières lueurs. J’écoute. Silence de pierre. Quelque chose se prépare? Qu’ont-ils senti?