L’erreur philosophique consiste à imputer des approches existentielles occidentales, dégénérées, ce qui en l’occurrence veut aussi dire évoluées, à des populations qui n’ont jamais réussi à pénétrer le champ de la rationalité, nommément, puisque c’est aujourd’hui le problème, les natifs de l’Afrique. La limite de leur action est la mort, il n’y en a pas d’autre. Ainsi, tant que nous ne bornerons pas leur tentative d’augmenter leurs chances existentielles, par ailleurs légitimes, par la mort (et non la seule menace de mort), telle qu’elle borne en effet leur action dans leur pays d’origine, il n’y aura aucun arrêt aux tentatives de ces peuples exogènes de se propulser sur la scène mécanisée des grands centres de productions occidentaux, où tout ce qui ne met pas fin à l’action personnelle est déjà bénéfice.
Mois : juin 2018
Poubelle européenne
Une question à se poser dès maintenant, même pour les plus niais (ou les plus peureux) d’entre nous, ceux qui ont la religion de l’Etat, verbalisent et incarnent la propagande destructrice des gouvernants : où émigrerons-nous lorsque nos pays seront habités par les populations abruties, décervelées et sans-projet du tiers-monde?
Silence-espace
Vertu du silence. De l’espace aussi, mais du silence. Conjugués, c’est encore mieux, comme si chacun obtenait toute sa mesure. Les villes. Ah, les villes! Peut-être dans l’histoire, peut-être quand elles étaient villes des hommes, tapisseries vivantes, mobiles, parlantes, chantantes, mais dans notre siècle nouveau, réduites à des grandes machines ponctuées de lois de circulation et de lois de liberté? Et je ne fais pas une apologie de la nature. Il ne s’agit pas de chanter un retour, mais bien de pénétrer dans un espace où les limites du corps et de l’esprit sont ressenties autrement que comme des carapaces qu’il faut sans cesse colmater sous peine d’attaques, de viols, de défaite de l’intériorité.
Voyage 11
Affreux. Comme prévu. Non, pire. Cela n’était pas prévisible. Que personne ne me dise que l’Andalousie est plate. A la réflexion, personne ne me l’a jamais dit, mais l’image d’Epinal y est pour beaucoup: on voit des plages, des vagues, des terrasses et on en conclut que le pays est plat. Dès la première heure, au sortir de Rute, je monte. Petit col, mais raide. Puis un second, un troisième. La carte disait vrai. Surtout les chiffres. Avec l’ordinateur embarqué plus moyen de s’en conter. Si la carte indique un sommet à 960 mètres, l’écran affiche ces 960 mètres au moment précis où je passe devant le panneau: puerto de Léon, 960 metros. Celui-ci est le dernier, mais je crois bien ne jamais l’atteindre. Tout en montant, je ne cesse de redescendre, de planer, de redescendre et de monter encore: jamais le compte n’est bon. A 940 mètres, il est permis de rêver: “il n’en reste plus que 20!” Mais non, je perds des mètres: 938… 920… Ainsi de suite, plusieurs fois. Je pensais m’attabler chez José, au Marinero, dans mon quartier, à l’heure du menu. C’est raté. En fin de compte, je vois le panneau du col du Lion, je le touche, j’y suis, et la mer. Alors je descends sur 19 kilomètres, freinant à toutes forces, pour raboutir au centre de Malaga où je commande une bouteille de rouge et de la paella.
Voyage 10
Sentiment de voir le bout. Un peu comme dans le jeu “à qui verra le premier la mer”. C’est d’ailleurs elle qui est au bout, à Malaga, mais il reste deux étapes encore, la seconde étant, si j’en crois la carte, redoutable, en ce qu’elle compte cinq à six cols, de faible altitude certes, huit cent, mille, neuf cent mètres, mais qui tout de même, additionnés, n’est-ce pas? Sans compter les 135 kilomètres de route… Et dans cet état d’esprit, j’arrive à Rute, où une aimable réceptionniste suédoise me reçoit dans un hôtel sans clients, puis m’accompagne au bar après m’avoir ouvert la piscine, dans laquelle, précise-t-elle, personne n’a encore nagé cette année.
La revanche du cuisinier mexicain
Emission de cuisine à la télévision. Format court. La reporter que la chaîne dépêche s’entretient avec un Mexicain de Madrid spécialiste de la limande frite. En général, intimidé par le micro, le professionnel annone. Ici, c’est le contraire. Le Mexicain prend le pouvoir: il joue, surjoue, parle et frit, jongle avec les poêles, les farines et l’huile, ébouillante, allume, coupe et découpe si bien et si vite que la reporter prend peur, bafouille et se tasse.