Affreux. Comme prévu. Non, pire. Cela n’était pas prévisible. Que personne ne me dise que l’Andalousie est plate. A la réflexion, personne ne me l’a jamais dit, mais l’image d’Epinal y est pour beaucoup: on voit des plages, des vagues, des terrasses et on en conclut que le pays est plat. Dès la première heure, au sortir de Rute, je monte. Petit col, mais raide. Puis un second, un troisième. La carte disait vrai. Surtout les chiffres. Avec l’ordinateur embarqué plus moyen de s’en conter. Si la carte indique un sommet à 960 mètres, l’écran affiche ces 960 mètres au moment précis où je passe devant le panneau: puerto de Léon, 960 metros. Celui-ci est le dernier, mais je crois bien ne jamais l’atteindre. Tout en montant, je ne cesse de redescendre, de planer, de redescendre et de monter encore: jamais le compte n’est bon. A 940 mètres, il est permis de rêver: “il n’en reste plus que 20!” Mais non, je perds des mètres: 938… 920… Ainsi de suite, plusieurs fois. Je pensais m’attabler chez José, au Marinero, dans mon quartier, à l’heure du menu. C’est raté. En fin de compte, je vois le panneau du col du Lion, je le touche, j’y suis, et la mer. Alors je descends sur 19 kilomètres, freinant à toutes forces, pour raboutir au centre de Malaga où je commande une bouteille de rouge et de la paella.