Voyage 11

Affreux. Comme prévu. Non, pire. Cela n’é­tait pas prévis­i­ble. Que per­son­ne ne me dise que l’An­dalousie est plate. A la réflex­ion, per­son­ne ne me l’a jamais dit, mais l’im­age d’Epinal y est pour beau­coup: on voit des plages, des vagues, des ter­rass­es et on en con­clut que le pays est plat. Dès la pre­mière heure, au sor­tir de Rute, je monte. Petit col, mais raide. Puis un sec­ond, un troisième. La carte dis­ait vrai. Surtout les chiffres. Avec l’or­di­na­teur embar­qué plus moyen de s’en con­ter. Si la carte indique un som­met à 960 mètres, l’écran affiche ces 960 mètres au moment pré­cis où je passe devant le pan­neau: puer­to de Léon, 960 met­ros. Celui-ci est le dernier, mais je crois bien ne jamais l’at­tein­dre. Tout en mon­tant, je ne cesse de redescen­dre, de plan­er, de redescen­dre et de mon­ter encore: jamais le compte n’est bon. A 940 mètres, il est per­mis de rêver: “il n’en reste plus que 20!” Mais non, je perds des mètres: 938… 920… Ain­si de suite, plusieurs fois. Je pen­sais m’at­tabler chez José, au Marinero, dans mon quarti­er, à l’heure du menu. C’est raté. En fin de compte, je vois le pan­neau du col du Lion, je le touche, j’y suis, et la mer. Alors je descends sur 19 kilo­mètres, freinant à toutes forces, pour raboutir au cen­tre de Mala­ga où je com­mande une bouteille de rouge et de la paella.