Mois : janvier 2016

Bipartisme


Tout état dom­iné par un sys­tème bipar­tite aboutit à la con­fis­ca­tion du pouvoir.

Dialectique négative



A quoi bon voy­ager ? Je ne sais pas. Peut-être faut-il jus­ti­fi­er cette réponse par une rai­son a con­trario. Ce n’est pas ce qu’on trou­ve mais ce que l’on quitte. Ce n’est pas l’ailleurs, mais le refus de l’ici et du main­tenant. Une approche néga­tive comme est néga­tive la dialec­tique d’Adorno lorsque l’histoire, au sor­tir des guer­res, passés les derniers soubre­sauts, ren­con­tre le néant. Comme toute philoso­phie serait en fin de compte néga­tiv­ité, rejet du monde factuel. Le chercheur scrute le vide. Il entrevoit les yeux clos ce qui n’est nulle­ment vis­i­ble et, prob­a­ble­ment, n’existe pas. Il le pense pour que cela advi­enne. Voy­ager, c’est alors apercevoir ce que l’on quitte. Et quoique l’on quitte, dès lors qu’on le quitte, ne serait-ce qu’en fer­mant les yeux, on voy­age. 

Homme



Fon­da­men­tal­iste. Tous comptes faits, le terme me con­vient. Je crois dans l’homme. Son avenir est inscrit dans ses pos­si­bil­ités. Il n’est que de les met­tre en lumière. Mais il y a la société. Com­ment croire dans les hommes ? Dans la société qu’ils organ­isent et con­sen­tent à subir ? En son sein, l’homme est mis à mal. Il se défait, s’étiole, n’est plus que l’ombre de lui-même. Tel est le para­doxe : agir pour la vie, pour l’homme, c’est agir à la fois con­tre la mort et con­tre les hommes. 

Noël



De Noël, j’aime la sym­bol­ique et la fête, l’esprit de famille, l’intimité voulue, entretenue. Je n’écris pas cela pour man­i­fester une sorte de nos­tal­gie entouré que je suis de stu­pas, de mag­a­sins chi­nois et du sapin de guir­lan­des d’un hôtel. Ici, comme ailleurs, la veil­lée témoigne d’une inten­tion de bon­heur qui est au cœur des préoc­cu­pa­tions des hommes. Ain­si, je m’étonne des pro­pos dés­abusés, quand ce n’est hos­tiles, que profèrent con­tre l’esprit de Noël bien des gens de mon entourage, et plus volon­tiers les jeunes que les aînés. Pour ma part, j’ai tou­jours atten­du avec impa­tience le moment des pré­parat­ifs, la déco­ra­tion du sapin, puis le repas, les cadeaux. Enfant bien sûr, mais aujourd’hui encore.

Parking



Vien­tiane — Le soir venu, les moines du tem­ple de Chan­tanaburi louent leurs cours qui se trans­for­ment alors en park­ing. Le pré­posé installe son hamac à l’entrée, banche la musique tech­no et tout en guidant les voitures, joue aux cartes avec ses amis.

Nouvel an



Albi­no, le Sicilien à barbe rousse qui arrive de Bali à vélo m’af­firme qu’après la tra­ver­sée du Mékong à Nong Khai, il tra­versera l’I-san, entr­era en Bir­manie par Mae Sot et remon­tera par la voie ter­restre jusqu’à Man­dalay. L’an dernier, pour avoir cru naïve­ment que l’on cir­cu­lait sans encom­bres dans les cam­pagnes reculées du pays, je me suis retrou­vé à Khi­ang Tung, seul touriste en ville, empêché de pour­suiv­re par la route et poussé dans un avion. Ce 31 décem­bre, pour en avoir le cœur net, je loue un vélo, emprunte les quais de Vien­tiane, longe la Lao-Thai street et frappe à la porte de l’Am­bas­sade de Myan­mar. Où une gen­tille dame me répond : “il est tout à fait pos­si­ble d’en­tr­er dans le pays par le poste-fron­tière de Mae Sot et de se ren­dre à Mawlamyine.”
- Je souhaite me ren­dre à Man­dalay.
La dame déplie une carte. Elle pointe sur la ville de Mawlamyine. Pre­mier con­stat, nous sommes encore loin de Man­dalay.
Je répète ma ques­tion.
- Pour Man­dalay, me répond la dame, cela dépend de la route.
- Je ne com­prends pas.
- Elle est peut-être fer­mée. Per­son­ne ne peut savoir. Pour le savoir, il faut se ren­dre sur place.
- Met­tons qu’elle soit ouverte.
- Dans ce cas, vous pour­rez pren­dre cette route.
Glis­sant son doigt du bas vers le haut de la carte, elle indique la route que je pour­rai emprunter à bord du bus autorisé.
Fort de cette nou­velle, je rejoins Gala, nous fêtons le nou­v­el an et nous met­tons au lit à 22 heures.