Mois : janvier 2015

Choix

Ils préfèrent aller à l’a­bat­toir que de pro­test­er et de sen­tir peser sur eux les regards du reste du troupeau.

Mythe romantique

Mythe roman­tique: s’en­fon­cer dans la forêt et décou­vrir, par delà l’hos­til­ité, un havre où, se lais­sant aller à ce que nous sommes, la vie authen­tique ressurgira.

Peindre

Le désir de pein­dre ne m’a jamais quit­té. Pour autant, je ne suis plus dans l’at­tente de cette révéla­tion que per­met le tra­vail de pein­ture. Révéla­tion n’ayant ici pas de sens religieux: il désigne cet objet de con­nais­sance, de con­tem­pla­tion, de médi­ta­tion, inac­ces­si­ble sinon par la pein­ture. L’im­age peinte révèle cet objet médi­ate­ment; il ne s’ag­it ni de l’im­age, ni de ce qu’elle représente, mais bien de ce à quoi elle ren­voie psy­chologique­ment et con­ceptuelle­ment pour celui qui peint, et ce, tan­dis qu’il peint.
Pour l’écri­t­ure, les mots étant immé­di­ate­ment doués de sens, la ques­tion ne se pose pas de la même manière. L’acte d’écrire organ­ise néces­saire­ment un rap­port entre la per­son­ne et le monde.
Le pes­simisme le plus aigu est peut-être celui-ci: sen­tir que l’acte de créa­tion artis­tique ne nous dira plus rien sur nous-même que nous ne puis­sions décou­vrir en gar­dant le silence.

Description de voyage

Peut-on racon­ter un voy­age en ne rap­por­tant que les gestes et paroles les plus banals, c’est à dire les plus uni­versels? En exclu­ant toute mar­que évi­dente d’ex­o­tisme. Cessera-t-il d’ap­pa­raître comme un voy­age? Et si cette façon de faire soulig­nait l’é­trangeté pro­pre à la sit­u­a­tion du fait même qu’elle n’est plus assign­a­ble au “voy­age”?

Roman D.C.

Voilà qui se con­firme: ce Roman D.C va pass­er au tiroir, ou même à la poubelle. Gala n’ac­croche pas, ma mère ne m’en a rien dit. Au fond, c’est mieux ain­si: il ne faut jamais s’éloign­er de ce qu’on sait faire.

Grippe 2

Des heures de som­meil en plein après-midi. Je crois m’en tir­er, puis la fatigue me rat­trape, je peine sur mon livre, me traîne jusqu’au lit où je m’en­dors bien­tôt. Nous ver­rons si une heure et demie de boxe con­stitue une bonne thérapie.

Tromperie

Analyse pas­sion­nante de l’ Ingan­no chez Machi­av­el par Pas­cal Bou­vi­er dans sa Petite his­toire de la philoso­phie poli­tique. Il écrit: “On savait que les sujet aimaient être trompés, mais avec le change­ment d’échelle (allu­sion aux moyens tech­nologiques) tout con­tenu dis­paraît au prof­it de la sim­ple forme et la puis­sance de recréa­tion du monde sem­ble infinie.”

Tony

Tout-à-l’heure, au cour­ri­er élec­tron­ique, let­tre de Tony. Il explique que ces dernières semaines ont été les plus dures de sa vie, mais qu’il faut savoir faire face et qu’il espère pou­voir con­tin­uer de me compter par­mi ses fidèles clients. Qui est Tony? Le PDG de la com­pag­nie low-cost Air Asia dont un appareil a fait naufrage en mer de Java le 30 décem­bre tuant 161 passagers.

Ecole 3

Mais peut-être ai-je per­du le compte. Il s’ag­it de la let­tre de demande de con­gé pour Aplo adressée à la veille des vacances solaires d’oc­to­bre au directeur de l’é­cole qu’il fréquente à Fri­bourg. Elle me fut retournée sous pré­texte qu’il existe une for­mu­laire à rem­plir pour toute demande de con­gé. Aplo me remet donc une feuille imprimée et me répète le mes­sage du directeur:
- Il faut la rem­plir, mais, de toute manière, le con­gé sera refusé.
Et il m’ex­plique que les con­gés doivent êtres jus­ti­fiés.
- Mais c’est ce que j’ai fait! N’ais-je pas expliqué dans ma let­tre que nous par­tions en vacances?
- Il faut dire où et avec qui?
- Et quoi encore?
J’ex­plique ain­si à Aplo que si je dois dire ma des­ti­na­tion et don­ner les noms des per­son­nes qui m’ac­com­pa­g­neront j’ex­ige que le directeur me dise la couleur de ses culottes.
Un enfant ne pou­vant porter un tel mes­sage à son directeur d’é­cole, il lui remet donc le lende­main, le for­mu­laire avec, dans la par­tie com­mu­ni­ca­tions, le mot “vacances”.
Par retour de cour­ri­er, le directeur me sig­ni­fie que le jour de con­gé est refusé. Là-dessus, nous par­tons en vacances.
A la reprise sco­laire, un autre for­mu­laire m’est adressé, par la poste cette fois. Il s’ag­it d’une con­vo­ca­tion. Le directeur veut me voir tel jour à telle heure dans son bureau.
Je passe le for­mu­laire à la poubelle et rédi­ge un mot pour le directeur.  Je lui explique que s’il se moque de moi, je vais faire de même, et je le traite de “bon sol­dat”. En con­clu­sion, je le prie de ne plus jamais me par­ler de cette affaire.
Le directeur m’adresse alors un for­mu­laire me rap­pelant que, con­for­mé­ment à la loi, il se trou­ve dans l’oblig­a­tion de me dénon­cer au Préfet.
Deux semaines plus tard, je reçois de la Pré­fec­ture de la Sarine, une Ordon­nance pénale assor­tie d’une amende de Fr. 253.-
Je prends mon sty­lo et j’écris:

Veuillez not­er ceci.
Quels que soient les moyens aux­quels vous aurez recours, jamais je ne paierai cette facture.
De plus, toute per­son­ne qui se présen­terait à mon domi­cile afin d’en obtenir l’acquittement se ver­ra oppos­er, au-delà d’un salut cour­tois, le silence.
Enfin, s’agissant de Mon­sieur le directeur, ce capo­ral qui occupe le poste de directeur d’école, il ferait bien de méditer les maximes qu’il enseigne à ses élèves ; au hasard, celle-ci : qui obéit à une règle absurde la légitime.
Puis j’ex­pédie la let­tre en cour­ri­er recom­mandé et de retour dans l’ap­parte­ment du Guintzet, je place une pho­to­copie du cour­ri­er et de le preuve d’en­voi au-dessus de la pen­derie à man­teaux où je n’au­rai plus qu’à la pren­dre pour la don­ner à lire à toute per­son­ne qui, au nom de la loi, polici­er, huissier, munic­i­pal, secré­taire, directeur, sous-directeur, demi-adulte, capo­ral, ecto­plasme, fac­to­tum, minus… viendrait réclamer que jus­tice soit faite. 

Socialistes

Avec cet atten­tat per­pétré con­tre la rédac­tion de Char­lie Heb­do par des immi­grés arabes musul­mans, les social­istes s’aperçoivent que les dis­cours égal­i­taristes au moyen desquels ils leur­rent depuis trente ans le peu­ple afin de défendre leur prérog­a­tives bour­geois­es n’est pas une potion mag­ique: il est sans effi­cace sur la peur bien réelle qui vient de les saisir aux tripes.