Ecole 3

Mais peut-être ai-je per­du le compte. Il s’ag­it de la let­tre de demande de con­gé pour Aplo adressée à la veille des vacances solaires d’oc­to­bre au directeur de l’é­cole qu’il fréquente à Fri­bourg. Elle me fut retournée sous pré­texte qu’il existe une for­mu­laire à rem­plir pour toute demande de con­gé. Aplo me remet donc une feuille imprimée et me répète le mes­sage du directeur:
- Il faut la rem­plir, mais, de toute manière, le con­gé sera refusé.
Et il m’ex­plique que les con­gés doivent êtres jus­ti­fiés.
- Mais c’est ce que j’ai fait! N’ais-je pas expliqué dans ma let­tre que nous par­tions en vacances?
- Il faut dire où et avec qui?
- Et quoi encore?
J’ex­plique ain­si à Aplo que si je dois dire ma des­ti­na­tion et don­ner les noms des per­son­nes qui m’ac­com­pa­g­neront j’ex­ige que le directeur me dise la couleur de ses culottes.
Un enfant ne pou­vant porter un tel mes­sage à son directeur d’é­cole, il lui remet donc le lende­main, le for­mu­laire avec, dans la par­tie com­mu­ni­ca­tions, le mot “vacances”.
Par retour de cour­ri­er, le directeur me sig­ni­fie que le jour de con­gé est refusé. Là-dessus, nous par­tons en vacances.
A la reprise sco­laire, un autre for­mu­laire m’est adressé, par la poste cette fois. Il s’ag­it d’une con­vo­ca­tion. Le directeur veut me voir tel jour à telle heure dans son bureau.
Je passe le for­mu­laire à la poubelle et rédi­ge un mot pour le directeur.  Je lui explique que s’il se moque de moi, je vais faire de même, et je le traite de “bon sol­dat”. En con­clu­sion, je le prie de ne plus jamais me par­ler de cette affaire.
Le directeur m’adresse alors un for­mu­laire me rap­pelant que, con­for­mé­ment à la loi, il se trou­ve dans l’oblig­a­tion de me dénon­cer au Préfet.
Deux semaines plus tard, je reçois de la Pré­fec­ture de la Sarine, une Ordon­nance pénale assor­tie d’une amende de Fr. 253.-
Je prends mon sty­lo et j’écris:

Veuillez not­er ceci.
Quels que soient les moyens aux­quels vous aurez recours, jamais je ne paierai cette facture.
De plus, toute per­son­ne qui se présen­terait à mon domi­cile afin d’en obtenir l’acquittement se ver­ra oppos­er, au-delà d’un salut cour­tois, le silence.
Enfin, s’agissant de Mon­sieur le directeur, ce capo­ral qui occupe le poste de directeur d’école, il ferait bien de méditer les maximes qu’il enseigne à ses élèves ; au hasard, celle-ci : qui obéit à une règle absurde la légitime.
Puis j’ex­pédie la let­tre en cour­ri­er recom­mandé et de retour dans l’ap­parte­ment du Guintzet, je place une pho­to­copie du cour­ri­er et de le preuve d’en­voi au-dessus de la pen­derie à man­teaux où je n’au­rai plus qu’à la pren­dre pour la don­ner à lire à toute per­son­ne qui, au nom de la loi, polici­er, huissier, munic­i­pal, secré­taire, directeur, sous-directeur, demi-adulte, capo­ral, ecto­plasme, fac­to­tum, minus… viendrait réclamer que jus­tice soit faite.