Peindre

Le désir de pein­dre ne m’a jamais quit­té. Pour autant, je ne suis plus dans l’at­tente de cette révéla­tion que per­met le tra­vail de pein­ture. Révéla­tion n’ayant ici pas de sens religieux: il désigne cet objet de con­nais­sance, de con­tem­pla­tion, de médi­ta­tion, inac­ces­si­ble sinon par la pein­ture. L’im­age peinte révèle cet objet médi­ate­ment; il ne s’ag­it ni de l’im­age, ni de ce qu’elle représente, mais bien de ce à quoi elle ren­voie psy­chologique­ment et con­ceptuelle­ment pour celui qui peint, et ce, tan­dis qu’il peint.
Pour l’écri­t­ure, les mots étant immé­di­ate­ment doués de sens, la ques­tion ne se pose pas de la même manière. L’acte d’écrire organ­ise néces­saire­ment un rap­port entre la per­son­ne et le monde.
Le pes­simisme le plus aigu est peut-être celui-ci: sen­tir que l’acte de créa­tion artis­tique ne nous dira plus rien sur nous-même que nous ne puis­sions décou­vrir en gar­dant le silence.