Mois : mars 2014

Vision

Elle aimait penser qu’elle irait loin et le men­ton levé tou­jours regar­dait devant elle s’é­ton­nant que les obsta­cles ne ces­sas­sent de se multiplier.

Coriandre

De même qu’il est dif­fi­cile de boire un café de qual­ité en Mex­ique (sauf peut-être dans la plus grande région pro­duc­trice, l’E­tat  de Xala­pa, où les prix sont dis­suasifs pour le com­mun), je viens de con­stater que la corian­dre, herbe aro­ma­tique d’emploi quo­ti­di­en en Thaï­lande, a large­ment dis­parue des recettes. Nous nous hasar­dons à penser avec Gala, que le fait est imputable au prix payé à l’ex­por­ta­tion aux cul­ti­va­teurs locaux. Pour ce qui est du café au Mex­ique, il a un nom: Nescafé.

Culture

Pour motifs pro­fes­sion­nels, et quand j’use de cette expres­sion j ‘entends tou­jours le con­sen­te­ment à des actes pro­duc­teurs d’ar­gent (et j’in­siste, rein d’autre), j’ai pris part cette semaine à des débats sur la cul­ture: il est choquant de voir, au-delà des car­ac­tères et com­pé­tences indé­ni­ables des par­tic­i­pants, que nul ne sait dis­tinguer et j’imag­ine, n’a plus con­science, de la dif­férence fon­da­men­tal qu’il y a entre cul­ture et indus­trie culturelle.

France

Le chaos admin­is­tratif des Français ne cesse de m’é­ton­ner, de même que dans le traite­ment des affaires graves leur désor­dre et leur friv­o­lité. Com­ment ce château de cartes béné­fi­cie-t-il encore d’une vis­i­bil­ité à l’hori­zon? Quand le compte à rebours attein­dra-t-il sont point de réduc­tion? Cet effon­drement pro­gram­mé d’une société au milieu de l’Eu­rope est un sujet d’in­quié­tude majeure.

Occasion

Quand survint la panne d’élec­tric­ité qui plongea l’est du Journ­stein dans le noir, les habi­tants révisèrent aus­sitôt leur morale — on sait ce qu’il advint par la suite de ce peuple.

Etat

Au bout de dix ans d’un chaos admin­is­tratif sans nom dans la ges­tion de mon dossier fis­cal ayant entraîné des frais arbi­traire­ment mis à ma charge, j’ai saisi l’an dernier un fidu­ci­aire, l’ai payé, me suis acquit­té d’un droit de dépôt et j’ai enfin déposé un argu­men­taire com­plet prou­vant que la gabe­gie de l’E­tat de Genève assor­tie de l’in­com­pé­tence de fonc­tion­naires aux noms exo­tiques qui ont autant de rigueur que leurs sociétés d’o­rig­ine méri­taient répa­ra­tion pour tort moral (blocage des mes comptes, dénon­ci­a­tion pénale auprès de mes parte­naires de tra­vail, etc.) et financier. Or, par le cour­ri­er ce matin, je reçois une let­tre non-recom­mandée m’indi­quant que suite à mon recours auprès du Tri­bunal admin­is­tratif l’in­ci­dent et clos et que je n’ai qu’à sign­er le doc­u­ment ici joint puis à pay­er l’ensem­ble des frais qui me seront bien­tôt sig­nifiés. Ain­si est-il prou­vée que la mal­hon­nêteté de l’E­tat, loin d’être une con­tin­gence, est une méth­ode de gestion.

Libres chats de Fribourg

Sous le park­ing de l’hôpi­tal des Bour­geois, en plein cen­tre de Fri­bourg, cet aplat d’herbe que bor­de un tail­lis. Pen­dant deux ans, alors que nous viv­ions rue du Criblet, je l’avais sous  les yeux et, comme il est naturel dans un apparte­ment qui offre autant d’e­space qu’une boîte à chaus­sures de chercher l’échap­pée, je le regar­dais sou­vent et longtemps. Or, il avait cette par­tic­u­lar­ité d’être vis­ité par des chats, au moins deux, l’un au poil roux et à son heure, chaque jour, venait une vielle dame une platée à la main, qu’elle dépo­sait devant le tail­lis. De retour de la Basse-ville tout-à-l’heure, je tra­verse ce lieu avec les enfants quand un pan­neau nou­velle­ment instal­lée attire notre atten­tion: “ce parc abrite des chats retournés à l’é­tat sauvage. Les nour­rir pour­rait avoir des con­séquences gaves pour leur san­té. Toute dénon­ci­a­tion peut aboutir à une amende.”

Miel

J’aime ce paysan  de la Broye qui sur la marché de Fri­bourg, alors que je lui demande com­ment est son miel, me répond sur un ton désar­mant de sincérité:
- Mais enfin, il est excel­lent!
Et en effet, com­ment ne le serait-il pas? Ce sont ses abeilles, la ruche est instal­lée dans son pré et il ne fab­rique que quelques pots.
Mais ce que je voulais dire est: votre miel est-il doux ou corsé?

Bonheur des enfants

A l’heure de s’en­dormir, bon­heur d’en­ten­dre les enfants jouer si bien et avec une telle joie dans leur cham­bre ramenée au noir.

Voler

Gliss­er et vol­er sont les deux activ­ités que je pra­tique en rêve. La glisse est imputable aux années de skate, pour ce qui est du vol, cela relève peut-être du vœu, de l’e­spoir. Et d’ailleurs, plutôt que vol­er ou encore plan­er, je nage en l’air, ramenant les bras con­tre les côtes dans un mou­ve­ment cadencé de brasse, ce qui indi­querait que l’e­spoir ain­si réal­isé dans le rêve emporte avec lui une cri­tique exprimée ici sous la forme d’un lib­erté rel­a­tive qui sans cesse doit être soutenue par un effort physique.