Les femmes voulaient leur liberté. Elles l’obtiennent, elles l’ont. Liberté qui consiste principalement à travailler comme des hommes, s’ennuyer au travail comme des hommes, êtres administrées abstraitement comme les hommes et obéir à une hiérarchie professionnelle toute masculine qui le resterait quand bien même la majorité des positions seraient occupées par des femmes. Le salaire de ce travail libéré? D’abord, payer la hiérarchie d’Etat. Et dans la vie des corps, du symbole, des esprits, du moral, la famille n’est plus qu’une réunion ponctuelle, sur rendez-vous, après le travail. Vide que vampirisent avec l’appui et l’aide financiers des gouvernements des primitifs du tiers-monde, pour l’essentiel des Africains, qui fuient leur poubelle nationale — qui ne la fuirait ? — et pour lesquels tout vaut mieux que cela (cette poubelle qu’ils ont créée), c’est dire que tout vaut. Je note cela, car j’étais il y a quelques jours à Lat Kradang, quartier de la périphérie de Suvarnabhumi, l’aéroport de Bangkok, lieu de transit des touristes qui sillonnent l’Asie du Sud-est. Que voit-on? Des hommes blancs de tous les âges, solides, argentés, et heureux, heureux enfin car libérés. Ils respirent! Des hommes que l’on a méprisé et contraint. Ils prennent femme et amis ici et, sentiment qu’ils avaient oublié, ils respirent! Hommes blancs en fuite, qui se demandaient si un jour ils retrouveraient leur souffle. Hommes blancs que l’on remplace, que les gouvernements remplacent, aux frais des hommes blancs, dans leur société, dans la société que leurs ancêtres blancs ont bâti, par des énergumènes d’importation, sans langue, sans culture, sans esprit, avec religion, une religion de niveau totémique, absolument inféodés et prêts à jouer le rôle d’esclaves économiques et sexuels auprès des femmes libérées d’Occident.
Birmanie 2
“Luxury Hotel”
Activité 2
Dans un chariot dont elle actionne les roues au moyens de manettes, une handicapée, femme vieille, joyeuse et vive, arpente les rues du centre de Vientiane à l’heure où je m’installe devant l’épicerie. Le premier jour, un chien noir paraît avant son arrivée. Le lendemain, il paraît après son arrivée. Le jour suivant, il marche à côté du chariot, part et revient. Quand la femme pousse sur les manettes pour s’en aller, il est couché au sol. De l’autre côté du carrefour, elle lui parle. Le chien ouvre l’oeil, dresse l’oreille, se tourne. Il hésite. Il semble demander conseil. Je ne bouge pas. Une autre phrase de la femme, longue, une sorte d’explication, et le chien se décide.
Activité
A Vientiane, chaque après-midi, lorsque la température passe sous la barre des 40 degrés, je prends place sur un banc de étal devant une épicerie qui garde de la Laobeer au frais. Les chauffeurs, les gardiens de porte, et les maçons qui construisent l’immeuble voisin achètent des jus de mangue, de melon et d’ananas frappés avec de la glace. Dès le troisième jour de ce rituel de fin de journée — saluer la dame qui se tient dans son antre parmi les paquets de chips et les savons, ouvrir l’armoire, prendre une Laobeer, payer 10’000 Kip, s’asseoir sur le banc — la dame s’est aperçue qu’elle pouvait aussi bien transformer son épicerie en café, elle a donc sorti une table et des chaises sur le trottoir. Le reste du temps, le menton dans les mains, elle regarde des reportages sur les animaux polaires, ours de Sibérie, Rennes lapons, loups kazhaks.