Au premier étage du Vientiane luxury hotel, qui n’est pas luxueux et n’est pas bien lavé, derrière une vitre pleine de soleil, je pédale. En bas, dans la rue, deux familles vont et viennent. Elles entrent et sortent de leurs maisons qui sont mitoyennes et donnent sur la rue. Il n’y a pas de trottoir, les familles vivent chez elles, mais aussi dans la rue. Une ou deux familles ? Je ne saurais dire. Parfois un individu change de maison, mais peut-être rend-il une visite en voisin ? Comme je pédale pendant des heures, j’assiste à leur quotidien. La grand-mère vide son assiette dans une poubelle accrochée au mur, le père trie des feuilles de thé. La fille rentre du badminton, elle ressort changée. Le père démarre la moto et l’accompagne à l’école (elle porte l’uniforme et un cartable). Le père gare tous les véhicules de la famille, deux motos, un vélo, le tricycle, puis déplace la voiture, plutôt la rapproche de quelques centimètres du bord du trottoir. Le père met de l’ordre. La voisine arrive à moto, roule sur la terrasse, disparaît à l’intérieur de la maison avec la moto. La grand-mère étend le linge. La petite-fille (coupe de bonze) s’enfuit. La mère la rattrape, un 4 x 4 passe. A nouveau, elle s’enfuit. On la rattrape. La grand-mère et la mère la ramènent sur la terrasse. C’est un jeu. Les deux femmes me voient et me montrent à la gamine. Je fais signe, les femmes font signe, la gosse ne comprend pas. A cet âge, à quelle distance voit-on ? Le lendemain, à nouveau à mon poste. Ce n’étaient pas des feuilles de thé, mais une épice. La famille prépare à manger, sort différents plats sur la terrasse, attend le client. Début d’après-midi, elle mange ce qu’elle n’a pas vendu.