A Vientiane, chaque après-midi, lorsque la température passe sous la barre des 40 degrés, je prends place sur un banc de étal devant une épicerie qui garde de la Laobeer au frais. Les chauffeurs, les gardiens de porte, et les maçons qui construisent l’immeuble voisin achètent des jus de mangue, de melon et d’ananas frappés avec de la glace. Dès le troisième jour de ce rituel de fin de journée — saluer la dame qui se tient dans son antre parmi les paquets de chips et les savons, ouvrir l’armoire, prendre une Laobeer, payer 10’000 Kip, s’asseoir sur le banc — la dame s’est aperçue qu’elle pouvait aussi bien transformer son épicerie en café, elle a donc sorti une table et des chaises sur le trottoir. Le reste du temps, le menton dans les mains, elle regarde des reportages sur les animaux polaires, ours de Sibérie, Rennes lapons, loups kazhaks.