Dans un chariot dont elle actionne les roues au moyens de manettes, une handicapée, femme vieille, joyeuse et vive, arpente les rues du centre de Vientiane à l’heure où je m’installe devant l’épicerie. Le premier jour, un chien noir paraît avant son arrivée. Le lendemain, il paraît après son arrivée. Le jour suivant, il marche à côté du chariot, part et revient. Quand la femme pousse sur les manettes pour s’en aller, il est couché au sol. De l’autre côté du carrefour, elle lui parle. Le chien ouvre l’oeil, dresse l’oreille, se tourne. Il hésite. Il semble demander conseil. Je ne bouge pas. Une autre phrase de la femme, longue, une sorte d’explication, et le chien se décide.