Civilisation

Une par­tie de l’én­ergie de notre race est con­som­mée dans le diver­tisse­ment. C’est un fac­teur de paix. Mais c’est aus­si, devant d’autres races qui ne con­nais­sent le diver­tisse­ment que comme débauche d’én­ergie, un fac­teur de disparition.

Balai

Dès huit heures sur la route de col avec l’av­o­cat occupé à bal­ay­er le gravier. Mon­té sur une machine à rouleau d’une tonne, un chas­seur ami de J. nous précède pour avaler le gros de la cail­lasse. La brosse de paille soulève une pous­sière qui masque le ciel. Le nuage est vis­i­ble à l’oeil nu. Avant qu’il ne nous atteigne, nous grim­pons sur le talus. Quand il retombe, nous allons au labeur. Ain­si de suite pen­dant trois heures, le long de la pente qui mène au vil­lage de Gal­maña. Il faut pré­par­er la route. Same­di les cyclistes en com­péti­tion doivent pou­voir rouler à bonne vitesse sans finir dans le ravin. L’av­o­cat, fin con­nais­seur du vélo, indique les tra­jec­toires prob­a­bles. Nous bal­ayons là. Puis nous pres­sons le pas, les bal­ais de fer sur l’é­paule, car la machine qui a pris de l’a­vance. Trois virages plus bas, le con­duc­teur d’en­gin est occupé à relever un Alle­mand et sa femme qui ont chuté à moto. Casqués, bot­tés, bardés, ils sont aus­si âgés. Lui porte une mous­tache blanche du siè­cle dernier. L’av­o­cat s’en­quiert en Alle­mand: “Alles gut?”. Encore choqué, le cou­ple répond sans apercevoir ce qu’il y a d’é­trange à être apos­trophé en Alle­mand dans un col des Pyrénées où passe moins d’une voiture par heure. Quand ils repar­tent, l’av­o­cat observe: “sans nous impos­si­ble de relever la moto, elle pèse plus de deux cent kilos!”.

Eau

Bain dans l’Ara qui coule en bord de ter­rain une eau chaque jour moins froide. Quelques pier­res plates vis­i­bles dans la trans­parence ser­vent de march­es. Vaste à cet endroit le lit bute sur les galets et fait tres­sauter le courant. Lorsque le corps est immergé, il suf­fit de reculer un peu pour que les eaux blanch­es jail­lisse à hau­teur de tête. Des traces de l’in­cendie de brous­saille qu’Evola a allumé il y a deux ans sont encore repérables sur les cail­loux de la berge. Pour attein­dre ce lieu que nous appelons les “bains”, nous emprun­tons de la porte ouverte dans la clô­ture un sen­tier d’une main de large. 

Dialogue et nuit

L’im­mense sol­lic­i­tude d’un monde plein de beauté qui com­mande la con­tem­pla­tion, le retrait et enfin l’heureuse mort.

Européennes

Demain les Européens votent pour légitimer la dic­tature de la Commission.

Secret

Le lieu le plus secret au monde: où je me tiens lorsque je ferme les yeux et que dis­paraît tout autre vivant.

Expédient

Vous savez que vous ne savez rien et ne voulez pas le savoir; dès lors toute idée vous est bonne.

Pardon

Certes le par­don est une force. Mais il con­serve sa faib­lesse à la faib­lesse qu’il pardonne.

Lecteurs

Que c’est un effort d’écrire dans le vide car bien que l’on se per­suade du con­traire on ne rebon­dit véri­ta­ble­ment que sur un obsta­cle qui n’est pas d’imagination.

Limites

Par­ler de l’ex­tra­or­di­naire c’est d’abord par­ler de manière extra­or­di­naire (Thérèse d’Ávi­la, René Guénon, Car­los Castaneda).