Grande adolescente plate, allemande, descendue un moment du bus qui nous conduit à travers le Belize; elle me dit qu’elle voyagera au Pakistan et en Afghanistan. Je fais l’étonné. A force de changer de bus, de chauffeur et de place, je me retrouve à côté de son ami, étudiant en finances; il vient d’échouer à un concours pour intégrer la City, cherche désormais un poste à Madrid. Il n’en revient pas que je monte une société commerciale sans expérience académique, plus encore imagine la vendre sans une technique rôdée (peut-être a‑t-il raison). A l’approche de Flores, il me donne son numéro et me prie de lui faire savoir si je réussis. Lui et son amie partent dormir en dortoir. Je fais le calcul: le couple paierait moins cher en hôtel. Dans la nuit, je les croise dans les rues basses : “pas terrible le dortoir”. Le lendemain, depuis mon balcon sur le lac, j’aperçois l’Allemand (sans l’amie). Il fait du kayak avec des copains. Un semaine plus tard, je suis assis dans un jardin d’Antigua, au Guatemala, à 500 kilomètres de Flores : l’Allemande passe seule, un épais casque d’écoute sur les oreilles, marchant droit, ne regardant personne, comme pour s’acquitter de sa tâche de touriste.