Zinoviev 2

Ain­si com­mence le chapitre de la Bal­lade des Ratés: “Dans ce traité, qui pré­tend à une imper­fec­tion exhaus­tive et à une rigoureuse absence de sys­tème, j’ai l’in­ten­tion d’ex­pos­er tout ce qui m’est incon­nu de source sûre…”.

Cosmétique

L’Ukraine l’an dernier, deux fois la Croat­ie cet automne: je con­state à quel point notre race suisse des villes est efféminée. Met­tez une per­ruque sur la tête d’un homme en Istrie, vous obtenez un homme à per­ruque; faite de même à Genève ou Lau­sanne, du moins dans les quartiers de classe moyenne, où il reste des Suiss­es, vous avez une femme. La cos­mé­tique indus­trielle a fait son œuvre.

Trace

Elle aimait à se promen­er nue sous les palmiers tirant fort sur la laisse afin que le chien qu’effrayaient les ombres géantes la suive. Le matin, on voy­ait qu’elle était venue à la longue trace lais­sée sur le sable de la promenade.

Zinoviev

La cacoph­o­nie qu’entretiennent depuis des semaines les médias et leurs com­man­di­taires poli­tiques rap­pel­lent ce texte de1976 (ver­sion française) sur la déca­dence des Sovi­ets, Les hau­teurs béantes d’Alexandre Zinoviev. Igno­rant ce que les dirigeants atten­dent d’eux, nos per­son­nels de gou­verne­ment don­nent de la tête dans toutes les direc­tions (or, c’est le but recher­ché : quand la cacoph­o­nie aura assez duré, les dirigeants se poseront en chefs d’orchestre providentiels).

O******e 3

 La petite fille n’était pas petite, et d’ailleurs c’était un garçon.

Valeur

Ama­bil­ité de la vendeuse du Konzum à qui j’achète une can­nette d’un franc : elle l’emballe, me la tend des deux mains, « atten­tion à ne pas la casser ».

Rechange

Dans cette civil­i­sa­tion avancée, chaque homme trans­portait dans ses bagages un homme de rechange des­tiné à le rem­plac­er si l’épuisement avait rai­son de sa vie, mais nul n’ignorait que les rich­es fai­saient trans­porter par des employés un nom­bre plus grand d’hommes de rechange que les autres.

Balade

Après le petit-déje­uner, balade sur le quai est (la piaz­za Venezia se trou­ve sur un bras de terre et nous sommes entourés d’eau, je peux donc choisir un côté ou l’autre) où nagent dans une eau limpi­de des poissons-trompettes.

Vent

Temps superbe, lumière. Les fenêtres s’ouvrent, la musique reten­tit sur la place, les goss­es jouent, les pêcheurs tri­ent leurs filets. Fil­i­forme, les yeux soulignés de noir, la pro­prié­taire : « le vent est mod­éré, mais un jour comme celui-ci, il peut souf­fler jusqu’à 120km/h. C’est un vent sec. Bien­faisant. Mais pas à 120km/h. Cela va dur­er trois jours. Ou six. Par­fois neuf. Tou­jours un mul­ti­ple de trois. »  

Coq

Ten­té par un essai inti­t­ulé Le coq d’Asclépios (dans l’Apologie de Socrate, avant de ren­dre l’âme, Socrate que la Cité à con­traint à boire le ciguë déclare  - je cite de mémoire – « nous devons un coq à Asclé­pios ») qui mon­tr­erait l’importance de la parole don­née comme fonde­ment d’une rela­tion sociale ori­en­tée vers le bien com­mun par oppo­si­tion au régime actuel de juridi­ci­sa­tion des rapports.