Dieu c’est l’ensemble des hommes croyant au bien, agissant en même temps pour le bien.
Conseils à un jeune homme.
“Ne soyez pas de votre génération. Ne dites pas: “Nous les jeunes.”. Fuyez leurs associations, qui ne visent qu’à la domination temporelle. Rappelez-vous qu’en matière de pensée l’union fait la faiblesse. N’aimez pas votre temps parce qu’il est le vôtre. Essayez de le juger comme si vous étiez en l’an 3000.” (Extrait de Les cahiers d’un clerc 1936–1949, Julien Benda).
Complexe
Si nous acceptons cet inacceptable, que l’on chasse la vie de nos sociétés, c’est que nous avons auparavant, chacun, à force de minuscules concessions, mutilations, renoncements chassé la vie de nos existences. Aujourd’hui soulagés d’entendre le pouvoir, les pouvoirs et leurs supplétifs donneurs de leçons, agents de caution, réassureurs, nommer vraie, juste, nécessaire cette attaque massive contre la vie.
Est 22
Petite fille assise sur la banquette arrière de la voiture. Nous sommes dans un embouteillage à la périphérie de Sofia. Je lui souris. Elle sourit. Je fais un signe. Elle fait un signe. Remuant les lèvres, je parle comme les muets. Elle m’imite. Puis le père comble le vide devant lui, la petite fille n’est plus là.
Est 21
Palais des Ceaucescu. Aux alentours de cette colossale pâtisserie, le néant. Nous sommes samedi. Depuis l’hôtel, pas croisé une âme. La Dambovita charrie les eaux jaunes de l’orage à travers une ville fantôme. Pourquoi? Le jour est-il férié? Je désigne les arcades. Celles qui devraient être ouvertes sont fermées. Les autres sont abandonnées, démolies, brûlées, effondrées. De même que les immeubles. Deux sur trois sont borgnes. A l’horizon, le Palais. Presque rassurant. Evola l’a visité il y a vingt ans. Nous entrons par la petite porte. Vingt visiteurs, tous étrangers. Nous prenons la file pour obtenir un ticket. Devant nous, un Français au profil Guide Michelin. Sans un bonjour, une grosse femme lui aboie dessus: “avez-vous réservé! Vous comprenez ce que je dis! Alors, de côté!”. Le Français va rejoindre le groupe des refoulés que chapeaute un bonhomme en uniforme qui lui aussi aboie. Evola à ce mot: “c’est pour nous mettre dans l’ambiance”. Or ce sont juste des fonctionnaires. Frustrés. Un samedi. Dans Bucarest. Fin du projet de visite. Le Français reste. Nous lui souhaitons bonne chance. Retour dans le parc Izvor. Jeux d’enfants sans enfants. Kiosque à glace au rideau à demi tiré. Derrière un bosquet, une tente de camping. Puis, franchissant les grilles du parc, à nouveau ces immeubles verts de mousses, bariolés de graffiti, éventrés, tombants. Evola annonce qu’il se réfugie dans sa chambre. Je fais pareil, aligne des pompes, prend une douche, bois une bière, aligne d’autres pompes. A la faveur d’une accalmie je sors, arpente les rues du district rouge, regarde les filles se préparer, attends Evola sur la terrasse du Oktoberfest.