Autoroute pour Skopje. A 10 kilomètres, arrêt au péage. Du fond de la cabine, un humain tend la main. Il encaisse 0,50 centimes d’Euro, me remet un ticket long comme un ruban d’anniversaire. Dix kilomètres, plus loin, nouveau péage: même prix, même ticket. Pour la vitesse, difficile de savoir. Les panneaux sont jetés au hasard le long de la voie: 40 km/h, 100 km/h, 80 km/h. J’ai vu un panneau plus petit qui indiquait 10km/h. Voilà un autre péage. Plus cher celui-là: 1 Euro. Je dépose dans la main deux pièces de 0,50 centimes d’Euro, l’humain qui occupe la cabine me les retourne, il n’accepte que les pièces de 1 Euro. Maintenant l’autoroute descend en direction de la capitale. Les automobilistes prennent de la vitesse. Il n’y a plus de panneaux de limitation. Des marchands de pommes se tiennent sur les bords de la voie, à l’intérieur de la glissière. Lorsque qu’un automobiliste se met en tête d’acheter des pommes, il s’arrête brusquement, il sort de la voiture sans regarder derrière lui. Dernier péage et commencent les banlieues de Skopje. A chaque système de feux, des bandes de gitans arpentent les colonnes de voitures. Les mères montrent les nourrissons, les gosses toquent aux vitres, les adolescents agitent des éponges, demandent à nettoyer le pare-brise. Nous atteignons le “Kender” — le centre — par le “pazar” — le bazar. Le GPS de la Dodge indique “vous êtes arrivés à destination”. L’ordre est de “tournez à gauche”. Sauf que je ne vois pas de rue. Raté. Demi-tour, et je passe plus lentement. “Enfin, dis-je à Evola, tu vois bien qu’il n’y a pas de rue!”. Et nous nous perdons en vielle ville. Les ruelles sont plus étroite que le capot de la Dodge. A moins que nous ne soyons dans uns habitation privée, un salon, un couloir, que sais-je? En tout cas, les ménagères font la vaisselle au sol, les hommes fument à pieds nus sur les porches, les chiens dorment. Excédé, je pénètre dans le jardin d’une mosquée, je tourne sur la pelouse. Errance, difficultés, obstacles, le tout durera plus d’une heure. Il fait trente-cinq degrés. Evola tente de se renseigner auprès des chauffeurs de taxi, perd ses lunettes, disparaît. Je me renseigne à mon tour. Personne ne sait où se trouve l’Hôtel Premium, tout le monde est charmant. A la fin il se trouve que la rue qui n’étai pas une rue est une rue. Que l’on me comprenne: il s’agit d’un passage sous immeuble, derrière un stand de lacets de chaussures. Le passage est flanqué de deux perrons et de barrières dorées, un coiffeur troglodyte rase les messieurs et cette fausse rue donne sur un terrain vague qui sert de dépotoir. Là le maître des lieux, un Albanais au visage vérolé lit mes plaques et me fait signe de baisser la vitre. Il récite: “Geneva? Petit-Lancy. Grand-Lancy, Onex, Carouge…”, et me guide en riant vers un tas d’ordures. L’hôtel est derrière un hôtel plus grand, l’Akra, ce pourquoi il est invisible. D’ailleurs, précise le Geneva: “il est non possible par cette cour que je suis à moi.”