Riudarenes

A la sor­tie de l’aéro­port de Barcelone, recherche dans les monts de Girone d’un camp­ing introu­vable, à nou­veau la route prin­ci­pale est coupée. Quand j’aboutis par une piste en forêt, récep­tion et bar fer­més, mais la pro­prié­taire inter­rompt son repas, ouvre la bar­rière, me par­le de son voy­age à Budapest après que j’ai indiqué vivre en Hon­grie. J’in­stalle le van entre des troncs, je sors ma table et bois de la bière. De part et d’autre des cou­ples à vélo, l’un polon­ais qu’ac­com­pa­gne un bull-dog, l’autre frère et sœur anglais qui part à la con­quête des Pyrénées sans avoir tracé de vraie route (ce que je fais le lende­main pour eux, par mail, depuis la Côte-d’Azur).

Jesolo 2

Beauté des femmes dans le Nord de l’I­tal­ie, habil­lées avec goût (mais peu), aux corps sveltes, à la chevelure abon­dante, une race priv­ilégié et qui sait son priv­ilège. Dif­férence avec le réal­isme bru­tal des Espagnoles.

Jesolo

Fasci­nante édu­ca­tion des Ital­iens, fasci­nante car naturelle, élé­gante, pro­pre à libér­er la joie et ren­dre la vie meilleure. 

Marella

Mon­père bronzé, con­tent, au volant de sa Mer­cedes noire dans les rues chaudes de Jeso­lo, pre­mière rue roulante, sec­onde pas­sante, troisième sur mer. Sa femme donne la direc­tion et indique le moment de bifur­quer. Avec les clefs de la cham­bre d’hô­tel le patron vous remet un coupon sur lequel est indiqué le numéro de votre chaise longue. La B16 se trou­ve à la seiz­ième rangée, sep­tième colonne du car­ré de l’hô­tel Marel­la, l’un des cent cinquante six hôtels de cette section.

Venise-Marco Polo

Fer­mes sur des bras de lagune, ponts et canaux, aplats de blé, îles à la dérive, le car pour Lido de Jeso­lo cir­cule à tra­vers le cré­pus­cule pen­dant une longue heure comme s’il nous baladait. 

Barcelone-Venise

Per­du dans le quarti­er d’El Prat de Llo­bre­gat, à côté de l’aéro­port de Barcelone. L’au­toroute est coupée pour travaux, l’adresse du park­ing low cost n’ex­iste pas, le park­ing n’ex­iste pas, je vais trop loin, je me retrou­ve à Sit­ges. Sur le retour, acci­dent avec inter­ven­tion des pom­piers, l’au­toroute est coupée. Le temps presse, impos­si­ble de trou­ver le park­ing. Je renonce. Je me dirige vers le park­ing offi­ciel du Ter­mi­nal en gril­lant les feux, en roulant sur un sens inter­dit. Je gare au fond, loin des portes du Ter­mi­nal. Si ça con­tin­ue je vais man­quer l’avion. Les moni­teurs du Ter­mi­nal m’in­for­ment qu’il est déjà par­ti, Venice: 15h25. Pour­tant, j’ai véri­fié l’heure. Quand je veux re-véri­fi­er, je m’aperçois que j’ai oublié la carte d’embarquement dans le van. Retour au park­ing, rangée 16, la dernière. Non, mon vol est bien à 16h25, il y a deux vols sur le même créneau horaire. 

Herbe

Sur le ter­rain que je fauche à la débrous­sailleuse. Tra­vail de déhanche­ment, tra­vail épuisant. Evola renonce à enfourcher, il rassem­blera les coupes quand il fera moins chaud, il les brûlera. J’a­vance sec­tion par sec­tion, bal­ançant la lame de droite de gauche, les ser­pents fuient, les ronces accrochent. A la pause, je m’im­merge dans la riv­ière. A la tombée de la nuit, Evola cuit une côte de boeuf. Reste huit mille mètres à faucher. 

Course

Départ de la course l’Isolé qua­trième édi­tion don­né à 7 heures, je fais la voiture bal­ai sur la ver­sion longue soit 170 kilo­mètres pour 4000 mètres de dénivelé posi­tif. Nous pas­sons le col du Som­port. Pre­mière sur­prise, alors que la journée était au soleil en Espagne, le haut Béarn est noyé dans les brouil­lards. Dans la val­lée d’Aspe, je monte le pre­mier rav­i­taille­ment: quart d’o­r­anges, morceaux de bananes, cake au cit­ron et sucres de raisin. Le paysan qui m’ac­com­pa­gne a ren­dez-vous avec Emilio, un natif d’A­grabuey qui a émi­gré côté français. Tan­dis que je rem­plis les bidons des coureurs, Emilio me par­le de Simenon. Il cite une anec­dote de la vie de l’écrivain, j’en cite une autre. Le dernier coureur lancé à l’as­saut du col de l’Ab­bays, Emilio m’amène dans le gale­tas de sa mai­son, il ouvre une armoire, elle con­tient deux cent livres : l’œu­vre de Simenon et des biogra­phies ain­si qu’une par­tie des vol­umes des Edi­tions Ren­con­tres qu’à l’in­stant il dis­ait ignor­er. Mais nous ne pou­vons rester boire le café, le coureurs sont en route, je dois rester der­rière eux et le moment venu dou­bler pour pré­par­er le troisième rav­i­taille­ment, en haut de la mon­tagne, juste avant la descente du ver­sant navar­rais. Cette organ­i­sa­tion devait cor­riger les erreurs de l’an dernier, le manque d’eau dès la sec­onde ascen­sion (cette fois encore on ne m’a pré­paré que 50 litres alors qu’il en faudrait 5 fois plus, j’ai com­plété avec les jer­rycans du van.) Or au deux­ième rav­i­taille­ment, per­son­ne. J’ap­pelle le directeur de course. Pas de réponse. Le pelo­ton est tou­jours aux prise avec le col, mais il ne va pas tarder. Quand aux coureurs de tête, ils ont plusieurs kilo­mètres d’a­vance, ils ont besoin du rav­i­taille­ment au som­met comme le pelo­ton a besoin du rav­i­taille­ment ici, à mi-dis­tance. Je rap­pelle. Rien. Nous sommes en zone blanche. Je branche mon inter­net hon­grois et satel­li­taire. J’ai une com­mu­ni­ca­tion: un acci­dent sur l’autre course, le directeur par­lemente avec la garde civile, l’héli­cop­tère est atten­du. Je dépose des bom­bonnes d’eau pour le pelo­ton, nous grim­pons à toute vitesse vers la fron­tière pour assur­er le rav­i­taille­ment du col de al Pierre-Saint-Mar­tin. Quand nous l’at­teignons, les pre­miers sont passés, ils avaient four­ré leurs vête­ments chauds dans notre cof­fre de voiture. Le pelo­ton arrive. Il reçoit ses tranch­es de cake, ses morceaux de banane, puis nous plions la table et repar­tons. Tout l’après-midi à rav­i­tailler en eau les coureurs isolés et assis­ter les retar­dataires de l’autre course, moins aguer­ris, souf­frants, cer­tains âgés, mal pré­parés — il fait 27 degrés. Neuf heures plus tard nous sommes de retour à Agrabuey, le groupe vain­queur de la ver­sion longue a franchi la ligne en moins de sept heures.

Balai

Comme l’an dernier, bal­ayé la route du col pour faciliter le pas­sage la semaine prochaine des cyclistes en com­péti­tion. Le tra­vail est haras­sant. Ce n’est pas de la pous­sière qui est bal­ayée, mais de la pier­raille, des gra­vats, du sable. Sur trois kilo­mètres. Munis de bal­ais forts et car­rés, nous gravis­sons jusqu’au som­met, redescen­dons dans la val­lée. Labeur d’une mat­inée. Une machine à rouleau nous précède: cela ne suf­fit pas. Cette route sem­ble avoir essuyé un bom­barde­ment. Qua­tre ans que je la fréquente, elle ne cesse de se détéri­or­er. Nous peignons les nids de poule afin d’éviter que les futurs con­cur­rents n’y tombent. Pourquoi ne répar­ent-ils pas la route? Parce que la cap­i­tale punit le maire du vil­lage voisin pour l’avoir emprun­tée en camion avant qu’elle ne sèche et d’avoir ain­si annulée le tra­vail des can­ton­niers dépêchés par l’ad­min­is­tra­tion. En atten­dant, Lie­gos et l’homme de corvée que je suis bal­ayons. Puis le soir une pluie tor­ren­tielle s’a­bat sur la con­trée, une pluie de douze heures, et voilà pour l’u­til­ité du travail. 

Thérèse d’Ávila

Moi qui ne suis pas croy­ant, peu me chaut de savoir que Thérèse est peut-être la sub­li­ma­tion d’une amante dés­espérée devant un maître en lec­ture de Dieu humaine­ment inac­ces­si­ble, Saint-Jean de la Croix. La sœur réalise un rap­port pos­si­ble à Dieu.