Est 15

En camp­ing sur la rive gauche du lac d’Ohrid, en Macé­doine. Des ser­pents nagent la tête hors de l’eau, les canards couinent, un chat de la taille d’une main joue dans les douch­es. La chaleur est tor­ride. Evola se plaint: “qu’est-ce qu’on peut bien faire?”. De l’autre côté de la route qui arrive d’Al­ban­ie des vil­las inachevées. Elles ressem­blent à des salles de prière avec balus­tres et coupoles. De l’autre côté, un marécage de roseaux et d’a­joncs avec dans les trouées de cour­tes plages de galets. J’équipe le vélo, je longe les berges. A onze kilo­mètres, c’est la nationale, les cars, les camions, les tracteurs — je rebrousse chemin et vais courir; il fait 33 degrés. Le soir, vis­ite à l’ar­muri­er local. Il ne vend pas aux étrangers. D’ailleurs, c’est à peine s’il vend aux locaux; pour cela, il faut des per­mis, des cours, un diplôme. En somme, il tient bou­tique mais ne vend pas. Evola veut acheter un couteau. Des chaus­sures mil­i­taires. Un réchaud de survie. Le vendeur essaie de déca­pu­chon­ner le réchaud. Il n’y parvient pas. “Désolé, dit-il, ce réchaud est en vit­rine depuis des années”. Nous nous rabat­tons sur le “pazar”. Evola achète un réchaud civ­il (col­oré, de plas­tique, on en trou­ve partout en Macé­doine, ils ser­vent à faire la cui­sine au quo­ti­di­en). Son prix: Fr. 5.-. La bom­bonne de gaz coûte Fr. 0,75. Dans la rue pié­tonne de Stru­ga, un serveur nous refuse l’ac­cès de sa ter­rasse de café: il veut une preuve de vac­ci­na­tion. La ter­rasse d’à côté, ne fait pas prob­lème. Nous regar­dons défil­er les familles de musul­mans (femme voilées), les familles de paysans albanais (femmes en fichu), les familles bour­geois­es de Skop­je (femmes en mini­ju­pes). A la tombée de la nuit, repas aux restau­rant Gene­va, sur le bord du canal. Les tables sont instal­lées au-dessus de l’eau. Plus haut, un pont métallique d’où les enfants plon­gent et saut­ent. Plus bas, une pont métallique d’où les enfants plon­gent et saut­ent. A la table voi­sine, un pêcheur. Il jette sa ligne sans se lever de sa chaise. Toutes les demi-heures, sa femme vient voir ce qu’il a dans le sac et demande si elle peut met­tre le feu en route.