Mois : juin 2021

Examen

Réveil­lé en sur­saut, je me trou­ve devant mon pro­fesseur de philoso­phie. Ma copie à la main, il étudie mes répons­es et hoche la tête, et mar­monne. Il est déçu. Je n’au­rai pas dû, me fait-il com­pren­dre, se faire aider, c’est indigne! Plus encore : “y a‑t-il une seule ligne de vous dans ce pen­sum?”. En haut de la page droite, je lis la note, un 8,5. Mais à con­sid­ér­er le mécon­tente­ment du pro­fesseur, il pour­rait la rabaiss­er, ce qui m’amène à songer que l’on ne devrait jamais se fier à un autre élève, même doué, car au fond les autres sont tou­jours moins doués qu’on ne le croit. Le pro­fesseur lâche la copie, il va pos­er une ques­tion. “Si je ne réponds pas avec brio, me dis-je, c’est per­du!”. Pour cela, je dois trou­ver la réponse pen­dant que le pro­fesseur for­mulera la ques­tion donc avant de l’avoir enten­due com­plète­ment. “J’aimerais des éclair­cisse­ments sur cette affaire de com­mu­nion et de péleri­nage, vous qui n’êtes pas croy­ant et n’avez donc pas rédigé ce devoir”. Ma réponse: “En effet, je ne suis pas croy­ant au sens où… cepen­dant…”. Or, seul me tra­casse ceci: “oserai-je remet­tre mon prochain livre de lit­téra­ture au pro­fesseur, car si j’ai triché à l’ex­a­m­en, c’est bien pour avoir plus de temps pour écrire de la littérature…”.

An 2 (XXXVII)

“[] Les hommes poli­tiques ont le secret de vous faire croire qu’ils s’oc­cu­pent de vous au milieu des crises les plus graves [].”, Mon­ther­lant citant Gas­ton Doumer­gue dans ses Carnets.

Poste de pilotage

En l’oc­cur­rence, du vélo de voy­age. Voilà deux mois que je m’acharne. En avril, j’y pen­sais. En mai, je lançais les recherch­es. Il y a huit semaines, je débal­lais un Grav­el de la mar­que Felt. Depuis je mod­i­fie. A ce jour, j’ai roulé cent mètres. Lorsque j’au­rai fini de l’har­nach­er, j’i­rai l’es­say­er sur longue dis­tance. Par exem­ple, il a fal­lu des heures de réflex­ion pour jeter mon dévolu sur un sup­port à sacoches frontal en posi­tion basse. Arrivé par la poste ce matin, il con­vient. Aupar­a­vant, j’ai fait l’ac­qui­si­tion de qua­tre dif­férents sup­ports de comp­teur élec­tron­ique (qui fait tout sauf la vais­selle), en ai ren­voyé trois avant d’in­staller entre les exten­sions de triathlon celui qui posi­tionne l’ap­pareil à dis­tance lis­i­ble tout en sou­tenant le phare au-dessus de la poche de com­pres­sion du sac de couchage. Reste le plus impor­tant: trou­ver un mécani­cien capa­ble d’in­staller sur la roue avant le moyeu-dynamo qui ali­mentera le lecteur de cartes.

Manifestations de couleur 2

A l’év­i­dence, bonnes et mau­vais­es man­i­fes­ta­tions doivent être dis­tin­guées; écolo­gie, minorités, femmes d’un côté, con­tes­ta­tion de l’ar­bi­traire d’E­tat, du mod­èle social, de l’im­mi­gra­tion de l’autre côté. Aux ordres, la police frappe ici (gilets jaunes), met le genou à terre là (pop­u­la­tions noires). Les bonnes man­i­fes­ta­tions attirent de vraies per­son­nes qui ont des idées, des reven­di­ca­tions et une per­son­nal­ité mais qui à leur insu jouent un rôle: celui du man­i­fes­tant qui rem­plit un cahi­er des charges. Il s’ag­it d’un ser­vice que les mil­i­tants obses­sion­nels, les sans-cri­tique et les jeunes niais ren­dent au pou­voir. Preuve facile: le droit don­né aux élèves de quit­ter l’é­cole pour aller se join­dre aux cortèges “pour le cli­mat”. L’ef­fet recher­ché et obtenu est la matéri­al­i­sa­tion dans les rues d’une idéolo­gie arti­fi­cielle (non pas fon­da­men­tale­ment — il existe un mou­ve­ment écol­o­giste, d’au­then­tiques défenseurs des noirs, de véri­ta­bles fémin­istes–  mais dans sa forme poli­tique immé­di­ate). Les relais de pro­pa­gande du pou­voir mon­trent en util­isant ces défilés comme autant de témoins d’au­then­tic­ité l’idéolo­gie d’E­tat qu’ils n’au­raient pu cau­tion­ner a pri­ori sans éveiller les soupçons. 

Littérature 3

Quitte à crier dans le vide, autant chu­chot­er de la poésie: on s’adresse alors en silence à soi et à Dieu, ce qui revient au même.

Manifestations de couleur

Le fémin­isme actuel est sans rap­port avec l’his­toire du fémin­isme. Il ne défend pas les droits de la femme. Il n’est pas une idée de femme. Idéologique­ment, il ne con­tient pas ce que les femmes pensent qu’il con­tient. Crée par un cer­cle de pou­voir à car­ac­tère mas­culin afin de cass­er les ententes sym­pa­thiques, détru­ire le sexe et la cul­ture, il est un out­il par­mi d’autres des nou­velles straté­gies de réforme du cap­i­tal. De même pour l’an­tiracisme dont il s’in­spire. Que l’on soit con­tre le racisme, je peux com­pren­dre (c’est absurde car anti­na­turel donc voué à l’échec), mais l’an­tiracisme est sans rap­port avec le racisme: il ne sert nulle­ment un objec­tif d’har­monie, de com­mu­nion, de mutuelle recon­nais­sance ou ce que l’on voudra de beau, de roman­tique et d’idéal, il ne vise qu’à divis­er le groupe social et à détru­ire le socle civil­i­sa­tion­nel pour instau­r­er une mod­èle cap­i­tal­iste neuf. 

Moderne

 Voilà six mois que je n’ai pas vu ma femme. Je devrais dire: “voilà six mois que je n’ai pas vu Gala”.

Littérature 2

La presse mon­tre les écrivains. Elle donne sous le por­trait le nom. Ce qui per­met de dire aux gens : “je le connais”.

An 2 (XXXVI)

Dans la plu­part de mes cal­culs heureux j’in­tè­gre désor­mais automa­tique­ment le fac­teur “mort”. Cela rend les cal­culs, je crois, d’au­tant plus heureux. Ce n’est pas affaire d’âge, car l’âge n’aime pas le risque. De fait, inté­gr­er la mort acci­den­telle ou volon­taire n’est pas typ­ique. Dans l’im­mé­di­at, je dirais que c’est le meilleur moyen d’échap­per au sché­ma mor­tifère qu’im­pose la société de la sécu­rité max­i­mum, cette saloperie immense où tout est pos­ses­sion mais l’in­di­vidu ne pos­sède rien (con­di­tion prochaine pour com­mencer sa journée: racheter chaque matin son corps et son cerveau). 

Pays d’à côté

Les Français, seul peu­ple qui spon­tané­ment, du sim­ple fait d’être français, mieux que quiconque sait.