Réveillé en sursaut, je me trouve devant mon professeur de philosophie. Ma copie à la main, il étudie mes réponses et hoche la tête, et marmonne. Il est déçu. Je n’aurai pas dû, me fait-il comprendre, se faire aider, c’est indigne! Plus encore : “y a‑t-il une seule ligne de vous dans ce pensum?”. En haut de la page droite, je lis la note, un 8,5. Mais à considérer le mécontentement du professeur, il pourrait la rabaisser, ce qui m’amène à songer que l’on ne devrait jamais se fier à un autre élève, même doué, car au fond les autres sont toujours moins doués qu’on ne le croit. Le professeur lâche la copie, il va poser une question. “Si je ne réponds pas avec brio, me dis-je, c’est perdu!”. Pour cela, je dois trouver la réponse pendant que le professeur formulera la question donc avant de l’avoir entendue complètement. “J’aimerais des éclaircissements sur cette affaire de communion et de pélerinage, vous qui n’êtes pas croyant et n’avez donc pas rédigé ce devoir”. Ma réponse: “En effet, je ne suis pas croyant au sens où… cependant…”. Or, seul me tracasse ceci: “oserai-je remettre mon prochain livre de littérature au professeur, car si j’ai triché à l’examen, c’est bien pour avoir plus de temps pour écrire de la littérature…”.
Mois : juin 2021
Poste de pilotage
En l’occurrence, du vélo de voyage. Voilà deux mois que je m’acharne. En avril, j’y pensais. En mai, je lançais les recherches. Il y a huit semaines, je déballais un Gravel de la marque Felt. Depuis je modifie. A ce jour, j’ai roulé cent mètres. Lorsque j’aurai fini de l’harnacher, j’irai l’essayer sur longue distance. Par exemple, il a fallu des heures de réflexion pour jeter mon dévolu sur un support à sacoches frontal en position basse. Arrivé par la poste ce matin, il convient. Auparavant, j’ai fait l’acquisition de quatre différents supports de compteur électronique (qui fait tout sauf la vaisselle), en ai renvoyé trois avant d’installer entre les extensions de triathlon celui qui positionne l’appareil à distance lisible tout en soutenant le phare au-dessus de la poche de compression du sac de couchage. Reste le plus important: trouver un mécanicien capable d’installer sur la roue avant le moyeu-dynamo qui alimentera le lecteur de cartes.
Manifestations de couleur 2
A l’évidence, bonnes et mauvaises manifestations doivent être distinguées; écologie, minorités, femmes d’un côté, contestation de l’arbitraire d’Etat, du modèle social, de l’immigration de l’autre côté. Aux ordres, la police frappe ici (gilets jaunes), met le genou à terre là (populations noires). Les bonnes manifestations attirent de vraies personnes qui ont des idées, des revendications et une personnalité mais qui à leur insu jouent un rôle: celui du manifestant qui remplit un cahier des charges. Il s’agit d’un service que les militants obsessionnels, les sans-critique et les jeunes niais rendent au pouvoir. Preuve facile: le droit donné aux élèves de quitter l’école pour aller se joindre aux cortèges “pour le climat”. L’effet recherché et obtenu est la matérialisation dans les rues d’une idéologie artificielle (non pas fondamentalement — il existe un mouvement écologiste, d’authentiques défenseurs des noirs, de véritables féministes– mais dans sa forme politique immédiate). Les relais de propagande du pouvoir montrent en utilisant ces défilés comme autant de témoins d’authenticité l’idéologie d’Etat qu’ils n’auraient pu cautionner a priori sans éveiller les soupçons.
Manifestations de couleur
Le féminisme actuel est sans rapport avec l’histoire du féminisme. Il ne défend pas les droits de la femme. Il n’est pas une idée de femme. Idéologiquement, il ne contient pas ce que les femmes pensent qu’il contient. Crée par un cercle de pouvoir à caractère masculin afin de casser les ententes sympathiques, détruire le sexe et la culture, il est un outil parmi d’autres des nouvelles stratégies de réforme du capital. De même pour l’antiracisme dont il s’inspire. Que l’on soit contre le racisme, je peux comprendre (c’est absurde car antinaturel donc voué à l’échec), mais l’antiracisme est sans rapport avec le racisme: il ne sert nullement un objectif d’harmonie, de communion, de mutuelle reconnaissance ou ce que l’on voudra de beau, de romantique et d’idéal, il ne vise qu’à diviser le groupe social et à détruire le socle civilisationnel pour instaurer une modèle capitaliste neuf.
An 2 (XXXVI)
Dans la plupart de mes calculs heureux j’intègre désormais automatiquement le facteur “mort”. Cela rend les calculs, je crois, d’autant plus heureux. Ce n’est pas affaire d’âge, car l’âge n’aime pas le risque. De fait, intégrer la mort accidentelle ou volontaire n’est pas typique. Dans l’immédiat, je dirais que c’est le meilleur moyen d’échapper au schéma mortifère qu’impose la société de la sécurité maximum, cette saloperie immense où tout est possession mais l’individu ne possède rien (condition prochaine pour commencer sa journée: racheter chaque matin son corps et son cerveau).