Examen

Réveil­lé en sur­saut, je me trou­ve devant mon pro­fesseur de philoso­phie. Ma copie à la main, il étudie mes répons­es et hoche la tête, et mar­monne. Il est déçu. Je n’au­rai pas dû, me fait-il com­pren­dre, se faire aider, c’est indigne! Plus encore : “y a‑t-il une seule ligne de vous dans ce pen­sum?”. En haut de la page droite, je lis la note, un 8,5. Mais à con­sid­ér­er le mécon­tente­ment du pro­fesseur, il pour­rait la rabaiss­er, ce qui m’amène à songer que l’on ne devrait jamais se fier à un autre élève, même doué, car au fond les autres sont tou­jours moins doués qu’on ne le croit. Le pro­fesseur lâche la copie, il va pos­er une ques­tion. “Si je ne réponds pas avec brio, me dis-je, c’est per­du!”. Pour cela, je dois trou­ver la réponse pen­dant que le pro­fesseur for­mulera la ques­tion donc avant de l’avoir enten­due com­plète­ment. “J’aimerais des éclair­cisse­ments sur cette affaire de com­mu­nion et de péleri­nage, vous qui n’êtes pas croy­ant et n’avez donc pas rédigé ce devoir”. Ma réponse: “En effet, je ne suis pas croy­ant au sens où… cepen­dant…”. Or, seul me tra­casse ceci: “oserai-je remet­tre mon prochain livre de lit­téra­ture au pro­fesseur, car si j’ai triché à l’ex­a­m­en, c’est bien pour avoir plus de temps pour écrire de la littérature…”.