Amabilité de la vendeuse du Konzum à qui j’achète une cannette d’un franc : elle l’emballe, me la tend des deux mains, « attention à ne pas la casser ».
Mois : novembre 2020
Rechange
Dans cette civilisation avancée, chaque homme transportait dans ses bagages un homme de rechange destiné à le remplacer si l’épuisement avait raison de sa vie, mais nul n’ignorait que les riches faisaient transporter par des employés un nombre plus grand d’hommes de rechange que les autres.
Vent
Temps superbe, lumière. Les fenêtres s’ouvrent, la musique retentit sur la place, les gosses jouent, les pêcheurs trient leurs filets. Filiforme, les yeux soulignés de noir, la propriétaire : « le vent est modéré, mais un jour comme celui-ci, il peut souffler jusqu’à 120km/h. C’est un vent sec. Bienfaisant. Mais pas à 120km/h. Cela va durer trois jours. Ou six. Parfois neuf. Toujours un multiple de trois. »
Coq
Tenté par un essai intitulé Le coq d’Asclépios (dans l’Apologie de Socrate, avant de rendre l’âme, Socrate que la Cité à contraint à boire le ciguë déclare - je cite de mémoire – « nous devons un coq à Asclépios ») qui montrerait l’importance de la parole donnée comme fondement d’une relation sociale orientée vers le bien commun par opposition au régime actuel de juridicisation des rapports.
Clans
Force est d’admirer la stratégie des démocrates américains. Ils jettent les minorités dans les rues, poussent au chaos, entretiennent la discorde et blâment la politique « fascisante » du président Trump. Je précise que je n’ai aucune sympathie pour le Républicain, mais je vois bien quel rôle joue un Biden. Le même qu’un Macron en France. Individus sans foi ni loi que l’on place à l’avant-scène et fait s’agiter devant les télévisions. L’heure du spectacle passée, une nomenklature de parti à la solde des multinationales prend le relais.
Ecriture (projets)
Plus désespéré que je ne veux bien le reconnaître. Je n’écris plus. Quarante ans que cela n’est pas arrivé. Aussi, j’ai travaillé avec acharnement tout l’été. Fin août, j’avais sur mon bureau trois livres et la traduction à l’espagnol de H+. J’ai mis à la poste. Pas de retour. Se voir remettre un prix est satisfaisant (pour TM). Je l’ai dit, je ne crache pas sur l’argent. Mais ce que souhaite un écrivain, c’est d’être édité, c’est d’être lu, c’est d’être commenté. Hier, je parlais avec mon éditeur parisien. « Quels sont vos projets? », demande-t-il. La question est flatteuse. Je m’avoue démuni. J’ai passé six mois à lire et compilé des notes autour de l’éthologie et de l’intelligence artificielle afin d’écrire Robots et immigrés. L’avènement de ce monde du virus a bouleversé mes intentions. La thèse principale de mon livre, la réduction de l’homme parlant-riant-jouissant à un unité d’exécution des basses taches mercantiles, si je la publiais maintenant, apparaîtrait comme le commentaire désabusé d’un état de faits que n’importe quel naïf peut constater de visu. Plus que cela, un commentaire prétentieux et académique dès lorsque je convoque les théories annonciatrices de ce désastre sans donner les moyens de le conjurer. L’alternative étant d’écrire un pamphlet. Affaire de trois jours. Mais en ce moment, tant de personnes crient. A quoi bon ajouter une voix au concert ? Ainsi, je reviens à cette idée d’écrire SM, le troisième volet de la trilogie commencé avec OM et TM. Et c’est alors que je vois que je suis plus désespérée que je ne veux l’admettre : je ne trouve pas la force de le faire.