Mois : mai 2020

Images 2 (erratum)

Je ne con­clu­ais pas la note précé­dente, je m’en aperçois deux jours plus tard. Pour mémoire, omis­sion imputable au fait que je crois le des­tin des Goebbels bien con­nu, mon but était ici de met­tre en évi­dence le trag­ique du jeu des enfants, sur le tobog­gan, avec le skate­board bricolé, devant la future avancée de l’ar­mée rouge —  nous par­lons des derniers kilo­mètres. Mag­da, pour préserv­er ses filles de tout régime qui sup­planterait le nazisme, les empoisonne.

Images

Dans les doc­u­men­taires d’époque à usage intérieur filmés par le Reich, récep­tion de Rom­mel, alors en charge de la con­sol­i­da­tion de la ligne de for­ti­fi­ca­tion Europe, chez Mag­da Goebbels, femme du Min­istre de la pro­pa­gande: on y voit l’un des enfants de la famille descen­dre un tobog­gan sur un skate­board artisanal.

Mouvement 28

Pluie drue. J’hésite. Gala m’ex­plique un escalier, un potager sauvage, un cou­vert. Ne trou­ve pas. Je me retrou­ve à faire des exer­ci­ces dans une niche de vieux ciment avec les clo­portes et deux araignées fuyantes. L’Es­pagne est tou­jours fer­mée. “Pitié-Espagne”, écrivais-je il y a un mois: je con­firme. La généra­tion nou­velle n’a jamais tra­vail­lé. Elle est nour­rie de télévi­sion et d’omelette. A demi-per­due. Ram­pante. Et place sa con­fi­ance dans cette équipe de grands salauds du gou­verne­ment, lequel négo­cie à par­tir de l’ef­froi une longévité du pou­voir arti­fi­cielle et dan­gereuse. Plus tard, au sec, j’écris à mon amie chi­noise de New-York. Elle est là, mal­gré le décalage, et aus­sitôt répond. Elle dit: “je ne prends pas de nou­velles de mes amis, car j’ai le sen­ti­ment désagréable de chercher à savoir s’ils sont encore vivants”. Elle par­le des oiseaux. De retour. Je sais. Mais au bout de deux mois de cyberem­pris­on­nement, ces oiseaux sem­blent tout à fait com­pat­i­bles ave les humains. Affaire de cap­i­tal. De cap­i­tal­isme. De con­ner­ie blanche. Exacte­ment, de ges­tion non-déli­rante du cap­i­tal (ce qui, avec l’an­nonce hier tombée de l’aug­men­ta­tion sur 6 semaines de 45% de la for­tune de l’indic uni­versel Zück­en­berg, gag­nant majeur du caviardage des lib­ertés, sem­ble plutôt mal promet­teur). Après quoi, je me mets en con­tact avec une Bir­mane, chercheuse au CNRS, qui répond avec un grande ama­bil­ité aux ques­tions de détail qui vont me per­me­t­tre de boucler les cor­rec­tions du man­u­scrit Naypyi­daw. En soirée, sous la pluie tou­jours, je pré­pare car­touch­es et gilet, armes longues et cour­tes, pour aller demain, dans la mon­tagne du Valais, soumet­tre mon peu d’ha­bileté au savoir pra­tique des instruc­teurs du club de tir.

Dieu 4

Dieu ne sait rien, il est donc absolu. Du peu qui con­stitue sa réal­ité matérielle, l’an­i­mal sait tout. Sa survie est une com­préhen­sion. Il est donc relatif. L’homme n’est ni absolu ni relatif. Il crée Dieu, ou plutôt il nomme ain­si la lim­ite supérieure. Et con­state l’an­i­mal, dont il fait sa lim­ite inférieure. C’est pourquoi il est pro­grès: pos­si­bil­ité d’une tra­jec­toire entre un principe incom­préhen­si­ble et un but changeant.

Dieu 3

Le dieu vivant, c’est l’homme. En tant qu’il est capa­ble de penser un Dieu et de s’y assim­i­l­er, donc de devenir esprit. La force tant van­tée par nos sociétés de fidèles de l’outil est une force néces­saire et insuff­isante. Par­v­enue au meilleur degré de réal­i­sa­tion, elle n’est plus que le triste résul­tat d’une com­péti­tion vers l’ab­surde. Nous devons devenir ce que nous sommes, un indi­vidu fini qui tend à l’in­fi­ni, un indi­vidu com­pénétré et con­scient de se pou­voir lente­ment, très lente­ment, dépass­er par le tra­vail intérieur.

Dieu 2

Dieu est un phénomène d’ex­pan­sion. Il est spir­ituel parce que pro­duit par l’e­sprit. Il existe aus­si longtemps que vécu, puis se con­tracte, se love dans la mémoire. Il reparaît  à la faveur d’un moment de génie. Il est fausse­ment dit que ce moment de génie est pro­duit par un appel de Dieu. C’est l’inverse.

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Bataille de Moscou. Par moins quar­ante degrés, après des jours acharnés de com­bat, les sol­dats des divi­sions sibéri­ennes détru­isent à coups de crosse les croix de for­tune érigées par l’at­taquant nazi sur les sépul­tures de for­tune des cama­rades tombés.

Milieu

Lit­téraire, non-crim­inel. Auquel j’ap­par­tiens par défaut. Et de ce fait, me parvient hier, comme à mil autres j’imag­ine, un mes­sage de Daniel de Roulet, lequel exhibe son refus de par­ticiper à une édi­tion en ligne du Fes­ti­val de Soleure (pour les pro­fanes, un fes­ti­val local de lit­téra­ture). A la clef, pour défense et illus­tra­tion, une let­tre en forme de cat­a­logue des con­di­tions exi­gi­bles pour être, devenir, demeur­er un écrivain par ces temps de con­trôle numérique des corps et des esprits. Qu’il fustige. Je signe. Ce que je con­firme aus­sitôt à Daniel de Roulet: “Bien vu!” — lui dis-je. Réac­tion aug­men­tée de quelques phrase amènes et recon­nais­santes. Il a rai­son. Ne fai­sais-je pas de même, il y a seule­ment trois jours, lorsque je j’ap­pre­nais que la plate­forme Datas­port nous van­tait, à nous autres mem­bres intéressés par la course de fond, une com­péti­tion de relance… en ligne? Cepen­dant, doit être addi­tion­né ici au pro­pos, con­cer­nant l’ini­tia­tive écrite de Daniel de Roulet (dont j’aime le car­ac­tère, les textes, quoi que dubi­tatif sur l’écri­t­ure et hos­tile au posi­tion­nement poli­tique sous-jacent, d’or­dre muséal, et en phase accélérée d’ob­so­les­cence) une remar­que que je n’ai for­mulée que par après, et dans le for intimet, une fois perçue la teneur générale de la démarche. L’écrivain enten­dant, si j’ai bien com­pris, déclar­er impos­si­ble et non avenu un débat agendé par les Journées, avec des col­lègues-écrivains suiss­es-alle­mands, sur la ques­tion de l’en­gage­ment. Sous pré­texte que: “cela ne peut se faire en ligne”. Engage­ment — en ligne. Con­tra­dic­tio in ter­min­is. Soit. Je re-signe. Seule­ment j’ob­jecte, du fond de la classe. Mon­sieur! Quelle ironie ce pro­gramme, alors que nous sommes tous à ram­per comme des ver­mis­seaux devant le pou­voir cathodique et polici­er. Car enfin, que peut bien vouloir dire, dans le domaine de la lit­téra­ture ce mot grossier (du lex­ique mil­i­taire), “engage­ment”? Quel sens lui don­ner après la mise au for­mol des derniers épigones marx­istes? De qui se moquent ces “engagés”? Ou plutôt ces pro­fesseurs d’en­gage­ment? Au lycée français de Mex­i­co, avant la venue au pou­voir de l’én­er­gumène de droite François Mit­ter­rand, on me bassi­nait déjà avec les Elu­ards postérieurs et les Pablo Neru­da onano-com­mu­nistes (dans le cas du Chili, exem­pli­fi­ant la lim­ite d’in­tel­li­gence lib­er­taire d’un sud-améri­cain doté d’un cerveau). Mais, aujour­d’hui? S’il vous plaît! Et cela, en Suisse, en Europe, au mitan des tech­nocraties, au moment où des indi­vidus sans l’om­bre d’une impor­tance comme Daniel de Roulet et moi-même en sommes réduits à gob­er les fadais­es d’une coali­tion de pou­voirs dépassée par les événe­ments, inca­pable de pro­duire du sens et sous-com­mis à des experts sans jugeotte ni allant? Il n’y a pas! Il ne saurait y avoir! Il ne peut exis­ter aucun engage­ment! A part l’ac­tion. Donc, ceci est une pos­ture. Plus encore dans notre pays, for­mant comme aux péri­odes charnières de l’his­toire, un “oeil du cyclone”. Ou plutôt, oui, il y a quelques hommes. Des courageux. Des engagés. Des croisés. Qui prévoient de recevoir des coups. Un liste de moins de vingt solides. J’ad­mire. Ce qui mon­tre assez mon dilet­tan­tisme. Je pense par exem­ple à cet homme qui va peut-être mourir en prison ces prochains jours, lynché par des musul­mans mon­di­al­isés, et ce par la faute de la démoc­ra­tie total­i­taire des Anglais: Paul Gold­ing. Sinon? Allez-allez! Suf­fit! Retournez vous asseoir à votre table d’écriture!

Nous, les enfants

“Mes­dames, Messieurs, Veuillez évac­uer immé­di­ate­ment le pays, et ce jusqu’à nou­v­el ordre. Nous vous tien­drons infor­més. Le gou­verne­ment maîtrise la situation.”

Robotisation

Robots et immi­grés. Tel est de longue date le pro­jet de refonte sociale. Les uns sont privés d’e­sprit, les autres ne pensent pas, ou mal, ou s’ils pensent, par intérêt s’in­cli­nent. Ce piège ten­du à l’his­toire, la nôtre, de longue date théorisé dans les think-tanks néolibéraux, tech­nique­ment mis à charge de la gauche uni­ver­si­taire améri­caine puis européenne per­me­t­tra, à la faveur de l’épidémie, de garan­tir le rançon­nement ouvri­er de la pop­u­la­tion en faveur d’une minorité adepte du dimor­phisme comme l’é­taient autre­fois, au moment de la plus grande pour­ri­t­ure des prérog­a­tives, les dynas­ties royales de notre continent.