Mois : juin 2019

Con­staté avec amer­tume qu’il n’y avait, vu du train, aucun paysage entre Flo­rence et Milan. Le plateau est chargé de con­struc­tions mono­lithes défendues par des rideaux de végé­ta­tion spon­tanée. Un espace s’ou­vre: ce sont des cul­tures raison­nées. Pen­dant le voy­age, j’évo­quais pour Gala la dis­tance cou­verte à vélo, en 1991, au départ du squat des Eaux-Vives, en direc­tion de Damas. “Je déroulais mon sac de couchage dans des granges aban­don­nées mais, plus d’une fois, de petits pro­prié­taires, mon­tés dans des Mer­cedes, armés de chiens, venaient me débus­quer.” J’a­joutais: “Il est vrai que l’on mangeait très bien, et j’ai le sou­venir d’avoir atteint un vil­lage à la fin d’une par­tie de chas­se: on m’a offert le vin blanc et le bretzel”.

Sur le men­songe, je n’ai rien à dire. Il a ses degrés, ses emplois, par­fois sa néces­sité. Mais la lim­ite est don­née par le for intime: on ne doit pas se mentir.

Quand aura-t-on le courage d’a­gir avec rai­son pour déclar­er qu’au­cun Africain, aucun Arabe ni aucun musul­man n’a sa place dans les pays blancs? Ces gens ont des pays. Ces pays sont vastes et rich­es. Ces gens ont bouté hors de leurs ter­ri­toires, par une vio­lence fondée sur la racisme, l’oc­cu­pant colo­nial: réac­tion belliqueuse et jus­ti­fiée — je cau­tionne. Ain­si, répé­tons-nous: ces gens ne peu­vent rien apporter à nos pays blancs, fac­teur émi­nent et unique de civil­i­sa­tion, que le mal­heur et la mis­ère qu’ils organ­isent si bien chez eux avant de fuir, lam­en­ta­bles et lâch­es, pour pré­ten­dre hyp­ocrite­ment au partage de nos réussites.

Crainte que pro­duit chez la femme la cer­ti­tude qu’elle fini­ra prise. Crainte chez l’homme de l’ir­rémé­di­a­ble con­fronta­tion aux autres et à la femme.

Fas­ci­na­tion para­doxale des grands esprits dialec­tiques pour les frag­ments d’Hér­a­clite puisque le Grec, affir­mant et niant tout à la fois, décourage l’his­toire. Ou plutôt il l’ad­jure de ne pas com­mencer, là où les autres cherchent à finir.

Le déman­tèle­ment du sys­tème édu­catif par l’abo­li­tion des exa­m­ens, l’abaisse­ment des barèmes et les passe-droits est une abom­i­na­tion qui a, dans les visées d’une cer­taine élite, vin­dica­tive et matéri­al­iste, pour but d’éradi­quer dans la généra­tion suiv­ante toute fac­ulté cri­tique. Mes amis de l’u­ni­ver­sité me sont témoins: je me suis tou­jours fait l’av­o­cat, lors même que je trem­blais à l’idée d’é­chouer aux présen­ta­tions, du mérite.

En amont de la rue Volter­rana coule une riv­ière. A la sor­tie du pont, dans l’herbe, et qui se con­fond avec elle, une Mer­cedes 280 verte.
-Tiens, regarde ce mod­èle! La pre­mière voiture que j’ai pos­sédée. Voyons, en… 1987.
Sen­ti­ment du temps qui passe. Non que ce mod­èle ait dis­paru de la cir­cu­la­tion, mais parce qu’il pro­pose des formes de car­rosserie, un poids, une résis­tance, une enver­gure sans com­mun rap­port avec les nou­velles séries. Je cherche ses occu­pants. Nous descen­dons sur la berge. Ils sont là. Des pêcheurs. Ou plutôt, ils ne sont pas là. On ne voit que leurs pli­ants, sur le bord de l’eau, inoc­cupés. Comme si le temps ayant accéléré, ils avaient disparus.

L’as­sas­si­nat est une tra­di­tion poli­tique que l’Oc­ci­dent ferait bien de réin­té­gr­er dans son régime de traite­ment des hommes de pou­voir. Nul doute que ne se forme ces jours, aux Etats-Unis, dans les milieux élec­tron­iques, les futurs despotes et muti­la­teurs de l’e­sprit, lesquels, imbus de leur pou­voir, masquent d’ailleurs à peine leurs visées.

Ses mains d’une telle élé­gance qu’on ne doute pas qu’elle saura sat­is­faire l’homme.

Par un de mes amis libraires, j’ap­prends que de la pub­lic­ité est ordon­née autour de mon nou­veau livre dont la paru­tion est annon­cée. Per­son­ne ne s’est avisé de m’en tenir informé.