Mois : avril 2019

Montagne

Le train à cré­mail­lère quitte Aigle, tra­verse les rues marchan­des, s’élève à tra­vers les vignes. Au pied du mont, aigu­il­lage dou­ble et change­ment de direc­tion. Pour mon pre­mier jour en Suisse, nous sommes entourés de Chi­nois. Des ado­les­cents au physique mas­sif élèves du vil­lage estu­di­antin. A Gala, je fais remar­quer sur les vit­res de la rame des Trans­ports du Chablais l’in­scrip­tion bien vau­doise “inter­dit de se pencher en dehors”. Une fois, puis deux, afin de garder les yeux rivés sur le som­met (les corps sont encais­sés dans des sièges de bois à a la géométrie aiguë), les pas­sagers passent d’un côté à l’autre de la ban­quette. Les wag­ons couleur caramel s’élèvent à tra­vers la forêt, entre la Berneuse et Le Chamos­saire. Arrivé à Leysin avec nos valis­es, nous achetons pour cent-cinquante francs d’al­i­men­ta­tion que je place dans le cof­fre d’un taxi et démar­rons en direc­tion du Roc d’Orsay.

Paris 2

Réponse aux man­i­fes­ta­tions des Gilets jaunes, l’in­cendie d’un sym­bole de la nation, Notre-Dame. Hier soir, alors que les flammes rav­agent le mon­u­ment, le quo­ti­di­en le Monde nous apprend que le par­quet ouvre une enquête pour “destruc­tion involon­taire par incendie”, exclu­ant a pri­ori le motif criminel.

Paris

Atten­tat du gou­verne­ment français à Paris.

BS Résidence

Derniers jours à Bangkok, dans la ban­lieue de l’aéro­port, entre pont autoroutiers, marchés et stocks des grossistes — nulle part. Pour­tant, même là, c’est agréable. Amusé de retrou­ver devant le 7/11 les chiens que j’ai pho­tographiés il y a huit ans, endormis devant la porte coulis­sante et que les clients enjam­bent. J’y pense, ce sont peut-être les suc­cesseurs. Huit ans dans une vie de chien thaï, c’est long. Plus tard, du bal­con de l’hô­tel où je ter­mine les 500 grammes de café emportés pour le camp de sport, je regarde les touristes blancs et chi­nois autour de la piscine. Ils sont en mail­lots de bain, les valis­es groupées à côté des chais­es longues. Ils prof­i­tent jusqu’à la dernière minute, soudain se lèvent, revi­en­nent habil­lés, par­tent pren­dre l’avion.

Birmanie 3

Quit­té cette nuit Naypyi­daw, après avoir sil­lon­né l’espace pen­dant des heures. Au bout d’une autoroute de fleurs mauves, l’aéroport inter­na­tion­al. Deux gar­di­ens assis au sol notent le pas­sage de la voiture de Zaw Win Naing dans un cahi­er. Aéro­port plus grand que celui de Genève, plein de colonnes, de guichets. Nous sommes qua­tre à pren­dre l’avion de 19h55, le troisième et dernier de ce dimanche. Aupar­a­vant, le gou­verne­ment nous offre un buf­fet : quinze mètres de vais­selle sur nappe ten­due, pas grand-chose à manger, mais de bonne qual­ité : un riz frit au piment, de la pastèque, des pralinés.

Pop-rock

Désor­dre vital de Grand Funk Rail Road, Jane, plus tard King Kurt, Beast­ie Boys, Unsane ou Bru­tal Truth ; ordre machinique de New Order, Front 242, plus tard Plas­tik­man, Dj Anna, Lake Peo­ple, Jens Buchert. L’in­dus­trie incor­pore le don créatif dans la machine et le fonc­tion­nalise. En rock (en fait de la pop), cela pro­duit des pan­tomimes telles que Ramm­stein, Bring the Hori­zon ou Pulp.

Libération

Les femmes voulaient leur lib­erté. Elles l’ob­ti­en­nent, elles l’ont. Lib­erté qui con­siste prin­ci­pale­ment à tra­vailler comme des hommes, s’en­nuy­er au tra­vail comme des hommes, êtres admin­istrées abstraite­ment comme les hommes et obéir à une hiérar­chie pro­fes­sion­nelle toute mas­cu­line qui le resterait quand bien même la majorité des posi­tions seraient occupées par des femmes. Le salaire de ce tra­vail libéré? D’abord,  pay­er la hiérar­chie d’E­tat. Et dans la vie des corps, du sym­bole, des esprits, du moral, la famille n’est plus qu’une réu­nion ponctuelle, sur ren­dez-vous, après le tra­vail. Vide que vam­pirisent avec l’ap­pui et l’aide financiers des gou­verne­ments des prim­i­tifs du tiers-monde, pour l’essen­tiel des Africains, qui fuient leur poubelle nationale — qui ne la fuirait ? — et pour lesquels tout vaut mieux que cela (cette poubelle qu’ils ont créée), c’est dire que tout vaut. Je note cela, car j’é­tais il y a quelques jours à Lat Kradang, quarti­er de la périphérie de Suvarn­ab­hu­mi, l’aéro­port de Bangkok, lieu de tran­sit des touristes qui sil­lon­nent l’Asie du Sud-est. Que voit-on? Des hommes blancs de tous les âges, solides, argen­tés, et heureux, heureux enfin car libérés. Ils respirent! Des hommes que l’on a méprisé et con­traint. Ils pren­nent femme et amis ici et, sen­ti­ment qu’ils avaient oublié, ils respirent! Hommes blancs en fuite, qui se demandaient si un jour ils retrou­veraient leur souf­fle. Hommes blancs que l’on rem­place, que les gou­verne­ments rem­pla­cent, aux frais des hommes blancs, dans leur société, dans la société que leurs ancêtres blancs ont bâti, par des éner­gumènes d’im­por­ta­tion, sans langue, sans cul­ture, sans esprit, avec reli­gion, une reli­gion de niveau totémique, absol­u­ment inféodés et prêts à jouer le rôle d’esclaves économiques et sex­uels auprès des femmes libérées d’Occident.

Gilets

Pour la vingtième fois hier, man­i­fes­ta­tion des Gilets jaunes en France. Le Min­istère de l’Intérieur annonce 25’000 per­son­nes, la police qua­tre fois plus ; les intéressés? Pas vu le chiffre. Les quo­ti­di­ens relaient ? Le Min­istère de l’Intérieur. Quo­ti­di­ens indépendants.

Birmanie 2

Espace, béton, ciel. Béton et ciel l’un con­tre l’autre. Grande, immense forêt cul­tivée. Silence dans la cap­i­tale. Jux­ta­po­si­tion de quartiers et de frich­es. Chaleur immo­bile. Cer­taines zones, sans un loge­ment. Voitures de police qui trans­portent des enfants. Un cen­tre com­mer­cial posé au milieu des riz­ières. Chants d’oiseaux, pneus qui chuin­tent, échos de voix. Le long des autoroutes, bal­ais que traî­nent des mil­liers de can­ton­niers. Autre monde. Depuis longtemps, ce que j’ai vu de plus intéressant. 

Birmanie

Atter­ri à Naypyi­daw. Treize pas­sagers dans le bi-moteur. Seul avion sur le tar­mac. Trois min­utes plus tard, un taxi à la sor­tie de l’aéroport. Autoroute de dix pistes vide. Départ pour la zone 3, où je réside.