Université-forêt

Au lever su soleil, gravi 2500 march­es, soit huit fois l’escalier qui mène à la grotte sacrée du tem­ple de Nakhon ratch­aburi. A la fin de la dernière ascen­sion, j’en­tre dans la mon­tagne, je m’assieds au milieu des boud­dhas. Puis je rejoins les autres. Assis en tailleur dans une pagode, les yeux fer­més, ils chan­ton­nent. Plus bas, une maçon brasse du morti­er pour répar­er les march­es fendues de l’escalier sacré. Quand nous reprenons place sur le pont de la camion­nette (le chauf­feur fait des pointes à 130 km/h, je jure que je vais mourir, tape con­tre la cab­ine, il se vexe: la con­duite, il con­naît et n’ac­ceptera aucune remar­que, même venant d’un mort), le moine nous accom­pa­gne. Il dis­tribue du riz glu­ant à la banane. Par­le anglais. J’en prof­ite pour pos­er une ques­tion bête:
-Vous vivez toute l’an­née dans cette forêt?
-Oui, bien sûr.
Et une autre à mon voisin améri­cain, après que le moine soit descen­du:
-Com­ment se fait-il qu’il par­le si bien l’anglais?
-Il l’au­ra appris à l’université.