Lac

C’est un radeau de bam­bou grand comme un salon occi­den­tal. Le toit est tressé de feuilles de palmes. Nous avons embar­qués à dix-huit après avoir pataugé dans le limon de la berge. Une pirogue à moteur pilotée par un ouvri­er en cagoule nous a poussé au large. Elle s’est éloignée et le silence est revenu. Sur le lac Huai Pa Daeng dérivent d’autres radeaux. Les occu­pants thaïs bar­bo­tent. Tenus qu’ils sont par des gilets de sauve­tage, ils sem­blent marcher. Ils font signe. Nous répon­dons. Un cou­ple porte des masques de plas­tique blancs. Des masques qui rap­pel­lent ceux des hock­eyeurs. Ici, il faut à tout prix éviter de noir­cir son teint. Les filles qui nous accom­pa­g­nent se baig­nent, puis accrochées d’une main au radeau, à plat ven­tre, se lais­sent entraîn­er. La pirogue revient. Elle apporte du riz au poulet, de la salade de mangue, de l’ananas et de la bière. Nous avons com­mandé deux bacs de glaçons. Pen­dant plusieurs heures, le radeau flotte entre des îles de boue. Il est ten­du de nattes. Quelque boxeurs dor­ment, d’autres dis­cu­tent. Cha­cun à son tour envoie de la musique vers le haut-par­leur apporté par le voisin.