Mois : octobre 2018

Générateur de vocabulaire 8

Pare-fou.

Arabes 6

Mer­veilleuses multi­na­tionales qui se soucient de notre morale! Airbnb m’écrit: “The report that we recieved alleges that you have had an atti­tude towards the neigh­bors belong­ing to the islam­ic com­mu­ni­ty, wich is in con­trast with our non-dis­crima­tion pol­i­cy”. Dans le mes­sage suiv­ant le robot de la com­pag­nie (à qui je demande de prou­ver qu’il n’est pas un robot) m’ex­plique: “we are work­ing to make the world bet­ter and more inclu­sive for every­one.” 

Paroles

Les Ital­iens par­lent beau­coup, fort, tout le temps. Ils aiment par­ler, ils s’é­coutent par­ler. Sur­prise majeure, cela débouche sur des actes. En Espagne, où le plaisir de par­ler est le même, les joutes con­tin­ues et toni­tru­antes, quand on a fini, on se sépare, on ren­tre chez soi; jusqu’à la prochaine con­ver­sa­tion. Nul ne se mêle d’agir.

Rap

Tel rappeur est mort cette semaine. Com­ment? Il est tombé de l’aile d’un avion. Que fai­sait-il? Il enreg­is­trait un clip sur l’aile d’un avion en vol.

Destin des théories

Les théories ne sont ni vraies ni fauss­es. Elle sont faites, repris­es ou délais­sées. Si la reprise est générale, elles con­nais­sent leur moment de vérité.

Arabes 5

Rue Bor­go Alle­gri, une semaine que la ligne est tracée au sol côté Arabes. Déjà dit, pas de change­ment pour les auto­mo­bilistes. Il y avait des cas­es de sta­tion­nement, ils se garaient, il y a inter­dic­tion, ils se gar­ent. Et soudain, ce matin, deux munic­i­pales por­tant le casque blanc façon Grand d’Es­pagne époque El Gre­co ver­balisent. Deux, trois, dix auto­mo­biles ont droit à la bûche. “Mais enfin, dis-je à Gala, il y a ce noir qui vend des godass­es au milieu du trot­toir et son acolyte de souk qui tar­tine des sand­wichs et encaisse et c’est les auto­mo­bilistes qui ramassent!” Sur­prise, après avoir posé vingt bûch­es, les munic­i­pales dis­ent au noir que non, cela ne se peut pas, lequel répond ahuri, pourquoi, mais enfin pourquoi? Elles lèvent les bras au ciel, bais­sent les bras, ajus­tent leur superbe casque, s’en vont. Un quart d’heure plus tard, un pre­mier auto­mo­biliste récupère son auto­mo­bile. Et la fac­ture. Grande comme une ser­pil­lière. Il plie et empoche. Mau­gréant met le con­tact. Sur le trot­toir, sept marchands clan­des­tins vendent, achè­tent, trafiquent, occu­pent et blo­quent le passage.

Irocquois

Après avoir pris con­gé des amis de la Palestra, je rends — selon arrange­ment — le vélo que j’ai acheté à mon vendeur, Aldo, un homme grand, per­cé, coif­fé en iroc­quois, sur­feur de Sao Paulo, mécani­cien, hip­pie, fumeur et clown, qui me dit:
-Tu n’as rien cassé? Zut alors, com­ment vais-je gag­n­er de l’ar­gent si per­son­ne n’a besoin de répa­ra­tions?
Puis, comme je lui par­le de ce garçon ren­con­tré dans son ate­lier le jour de la vente:
-Je ne vois pas.
-Petit, brun, à cato­gan… qui vend des appli­ca­tions…
-Non.
Il réflé­chit encore:
-Je devais être bour­ré.
Et hissant sa bir­ra Moret­ti:
-Là, c’est le dernière que je bois. La police vient de fer­mer le com­merce de mon voisin tamoul, il vendait la nuit en douce. Sept jours de fer­me­ture. Bien sûr, je pour­rais aller plus loin… Mais bon…

Urgence

Mes­sage d’une cliente: “ren­dez-vous à fix­er de toute urgence, rap­pelez-moi!”. Dix min­utes après émis­sion de la demande, je rap­pelle. La per­son­ne, me dit-on, est absente. Par cour­ri­er, je pro­pose des dates de ren­dez-vous. Juste après, j’ap­pelle mon col­lègue à Genève pour savoir s’il sera disponible. A notre bureau, on me dit: “il est à New-York.” J’en­voie un texte sur son télé­phone portable. Sachant qu’il sera de retour à Genève lun­di prochain, je sug­gère des dates pour le jour d’après et le suiv­ant. A quoi il répond: dès mar­di, je suis en Alle­magne. J’en informe la cliente, qui par cour­ri­er répond: “pour le ren­dez-vous urgent, voici le numéro de ma col­lègue, je suis en vacances dès ce soir”.

Modification

Rue Pietrapi­ana cet homme retour du marché tire un cabas à roulettes sur lequel il a amé­nagé trois poches extérieures à saucissons.

Fiesole

Après la dis­si­pa­tion des brumes, réap­pa­rais­sent les collines de cyprès. Nous grim­pons dans un bus à deux étages, l’un de ces bus de type anglais qui sil­lonne désor­mais tout les villes-musées d’Eu­rope. Il y a cinq ans nous l’empruntions à Lis­bonne. Aujour­d’hui il longe l’Arno, monte sur le ter­rasse Michel-Ange, plonge dans les ruelles pier­reuses; véri­ta­ble morceau de con­duite entre les scoot­ers classées en épi, les livreurs qui roulent à con­tre-sens, les taxis élec­triques et les bancs de touristes chi­nois. A hau­teur de deck, en salon ou en cui­sine, dans les étages des immeubles, une dame devant son téléviseur, une mère avec un bébé. Nous accom­pa­gne une jeune brésili­enne, amie d’un jour et femme de ce garçon ren­con­tré au mag­a­sin de vélo, lequel tra­vaille, la délaisse. Le tour de la ville fini, nous grim­pons dans un sec­ond bus, iden­tique au pre­mier, mais qui qui tra­verse le Champ de Mars et ses instal­la­tion sportives, entre dans la cam­pagne, rejoins Fiesole, vil­lage per­ché sur la colline où l’on trou­ve une amphithéâtre romain et deux monastères. Gala qui ne marche jamais nous pousse en direc­tion de la passegiat­ta panoram­i­ca. Le chemin de ronde donne sur Flo­rence. Les quartiers sont enfouis dans la lumière et la végé­ta­tion. Plus loin, des goss­es jouent, comme à l’abri de temps. Nous revenons à la nuit avec deux pièces de bœuf de 1700 grammes, sor­tons les alcools, les chips, les ron­delles de pomme, le chèvre. Aplo pèles les patates, Luv dis­tribue des assi­ettes. Gala lave la chicorée dans l’évi­er.  Une verre d’eau à la main, la Brésili­enne con­tem­ple l’ac­tiv­ité. Bien­tôt les fumées mon­tent. Épais comme des bot­tins, les steaks saut­ent dans la poêle.