Noire

Café des Momies, sous-gare, à Lau­sanne, nous dis­cu­tons avec Mon­frère des primes des employés en avalant des chopes de bière belge quand fait irrup­tion une femme en noir, cheveux noirs, bottes de cuir noires, grands yeux noirs avec un soupçon d’Asie, jambes dans des bas noirs et fins qui lais­sent voir la peau blanche et un mag­nifique vis­age aux lèvres maquil­lées de noir. Depuis Gala, pas une femme ne m’avait fait pareille impres­sion. Elle est entourée de col­lègues, la tablée par­le de tra­vail (pourquoi tout le monde par­le-t-il de tra­vail, de pour-cent, de chiffres, de béné­fices, bref de tra­vail?) et les autres sem­blent tassés, défaits, lents, comme si toute force avait fuit le groupe dès qu’elle est apparue. Impos­si­ble de détach­er les yeux. Je l’é­coute qui par­le de chiffres. Elle doit faire sem­blant. Elle ne peut pas s’in­téress­er à ces résul­tats, à ces mesures, à ces âner­ies! Fasciné, c’est à peine si je peux encore par­ler avec Monfrère.