Leçons

Leçons d’alle­mand tan­dis qu’il neige. Aplo décou­vre les décli­naisons mixtes, faibles et fortes, les pré­po­si­tions qui com­man­dent l’ac­cusatif ou le datif, les qua­tre cas retenus du latin… Quelques min­utes après avoir déclaré, “je vais t’ex­pli­quer la méth­ode”, je m’ex­clame:
- Comment as-tu fait jusqu’i­ci?
Je suis inter­dit. Qu’Ap­lo ignore les rudi­ments de la gram­maire soit, mais com­ment a‑t-il pu présen­ter ces dernières années à Genève, puis à Fri­bourg et main­tenant à Lau­sanne des devoirs récom­pen­sés par des notes moyennes?
-Nous allons tout repren­dre. Sors ton livre!
-Je n’ai pas de livre.
-Alors prends ton dic­tio­n­naire!
-La maîtresse fait des fich­es.
Excédé (une par­tie du vocab­u­laire m’échappe et je trébuche sur les accords com­plex­es), je cherche une gram­maire dans l’en­cy­clopédie et entre­prend son résumé — deux heures de tra­vail. Après quoi nous déb­u­tons la tra­duc­tion d’un texte. Aus­sitôt, je bute sur sa dif­fi­culté. Quand je viens à bout du pre­mier para­graphe, je con­state qu’il s’ag­it d’un arti­cle de presse. Faute de style, le jour­nal­iste donne dans les cir­con­lo­cu­tions pour en acquérir un, il fab­rique des phras­es sans verbe et priv­ilégie l’el­lipse, cela pour nous par­ler de l’am­biguïté sex­uelle de Mar­lène Diet­rich. Que l’on me descende les péd­a­gogues dans la cour, lorsque j’en aurai fini avec la leçon d’alle­mand, ils cireront leur godass­es et com­menceront une marche de nuit!