La pantalonnade du catalan Puigdemont devrait servir de mise en garde à ces faibles d’esprit nourris au confort facile qui jugent qu’il n’existe plus de principe de réalité. Pour ces derniers, la défense des immigrés (il ne faut pas dire “accueil”, ils n’accueillent personne) est une posture qui se décline en quelques phrases bonnes à briller en société dans le milieu étroit qu’ils fréquentent. A leur image, Puigdemont: martelant des slogans hypnotiques, pariant sur l’esbroufe, il a fini par confondre fantasme et réalité. Au moment où sonne le réveil (Madrid dicte et impose), il n’est qu’un pantin — à cet égard, je me suis trompé: il semble qu’il finira en prison. Evacué de la scène, l’affaire sera close. S’il en allait de même pour les faibles d’esprit qui cautionnent la destruction de notre culture par l’immigration, je m’en réjouirais. Nul doute qu’ils ne soient les premières victimes de leur aveuglement; à ceux qui dès maintenant s’insurgent de se battre alors contre les analphabètes d’importation.
Mois : octobre 2017
Splendide
Mer splendide. Des kilomètres d’eau claire sous le ciel lumineux. Je nage. Personne dans l’eau. Quelques jeunes jouent au ballon, deux gosses font des pirouettes. Pieds nus, je marche sur le quai, je me sèche. Le lundi, les terrasses ne font pas de clients, il n’y a que le gitan, les mains posées sur le ventre. Les paupières closes, la gueule brûlée de soleil, il fixe l’horizon. Profitons. Je profite.
Trio
Zweig, Frisch, Borg, que je lis successivement racontent, le premier, dans Le monde d’hier, le comopolitisme de Vienne dans les années d’avant-guerre puis l’avènement du nazisme, le second, dans son Journal, l’Allemagne en ruines des années 1945 et 1946, le dernier, dans Le voyage à la drogue, les premiers hippies fuyant l’Occident pour l’Orient et vitupérant le citoyen-modèle du nouveau capitalisme esclavagiste. Le hasard de ces lectures trace une ligne continue de décadence non pas tant des sociétés que d’un idéal humain impossible à retrouver et qui marque le destin actuel de notre monde.
Liaisons
En route hier à bord de ma voiture noire, la plus longue de la côte, j’écoute Band on the run, l’album des Wings, l’un des meilleurs de Paul McCartney. La nuit, je rêve. A bord d’une Mini, la plus petite de la ville, je me gare. Renonçant à manoeuvrer à l’aide du volant, je coupe le moteur et soulève la voiture à la main, la tourne, la positionne. Je retrouve ensuite ma grand-mère dans son appartement lausannois. Le lien: l’album de l’ex-Beatles est sorti en 1973; cette année-là, mon oncle hockeyeur est venu nous rendre visite en Finlande, à Helsinki, où nous vivions. Il conduisait une Mini, il écoutait ce disque. Ma grand-mère, qui était sa maman vivait dans le quartier de Montchoisy, sous gare, à Lausanne.
L’écrivain suisse
L’écrivain suisse est publié par des éditeurs à la solde de l’Etat, les critiques de presse qui le lisent sont à la solde de l’Etat. Pour la diffusion en revanche, il dépend de sociétés rompues aux lois du marché, alors seul compte le chiffre des ventes. Quand aux lecteurs, s’il y en a encore, nul doute qu’ils ne disparaissent bientôt: à l’école les élèves n’apprennent plus à lire, tout juste savent-ils déchiffrer un texte, dans la plupart des domaines, l’image a pris la relève. Pour couronner le tout, car il faut du temps pour écrire, le métier le plus répandu parmi les écrivains suisses est celui de professeur, précisons, à la solde de l’Etat. Cependant la question est débattue ici et là, et à l’Université encore, donc à la solde de l’Etat: “quel statut pour la littérature?”
Marathon 2
Paella sur la place de la Constitution, voilà qui s’annonce bien après vingt et un kilomètres de course au soleil, seulement il s’agit d’un concours, les familles apportent leur poêle géante, leur gazinière et les ingrédients, discutent et touillent. Quand je retourne sur la place, changé et douché, pas une n’a encore mis le riz à bouillir: à l’évidence aucun plat ne sera servir avant trois ou quatre heures de l’après-midi. Je me couche, dors deux heures et mange deux steaks.
Marathon
Départ du demi-marathon à 10h00. Très vite, il fait vingt-six degrés. Nous passons la colline en direction de Malaga puis dans le sens inverse, longeons la mer, bifurquons; une heure plus tard, la colline est à nouveau en vue — je peine. Ce type en bleu qui n’a cessé de me prendre un mètre et que je doublais aussitôt, prend l’avantage. L’idée me traverse l’esprit: “je vais abandonner”. Alors je remarque le panneau “6 km”. Découragé, je freine, je baisse le rythme.
-Allez, c’est presque fini! me crie le lièvre.
-Et ce panneau!
-Passage précédent, ils l’auront oublié.